Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Séance du 14 janvier 1857

Titre Séance du 14 janvier 1857
Créateur inconnu
Contexte Registre 1845-1859 (copies)
Date 1857-01-14
Identifiant C1845_1859_625
Format 25,7 x 38,6 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Séance du 14 Janvier 1857

Présidence de M. Poinsot.

Le Procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.

M. le Président communique au Bureau une lettre qui lui a été adressée par M. le Ministre de l'Instruction Publique contenant l'ampliation d'un décret de l'Empereur en date du 31 décembre 1856 par lequel sont nommés pour l'année 1857.

      MM. Poinsot sénateur Président du Bureau des Longitudes

      Deloffre Contre Amiral, Vice Président.

      Daussy membre de l'Institut Secrétaire

Le Bureau reçoit les ouvrages suivants.

On the practicability of constructing Cannon of Great Calibre 1T. by Daniel Treadwell. [en marge : n° 102 catal. n° 57]

      Cambridge – 1856 brochure in 8

Proceedings of the American philosophical Society Vol. VI n° 53 [en marge : n° 103 et 103' cat. n° 58 et 58']

                                                                 January – april 1855

                                                                 N° 54 mai décembre 1855

3° Le N° 1061 des Nouvelles Astronomiques.

M. Mathieu au nom de la commission qui avait été chargée d'examiner les améliorations à faire à la Connaissance des Temps, afin de répondre à la demande du Ministre à ce sujet, lit le rapport suivant. Après une discussion à laquelle prennent part plusieurs membres du Bureau, ce rapport est adopté ; il sera présenté au Ministre par une commission composée du Président, du Vice Président, du Secrétaire et de M. Mathieu rapporteur de la commission.

 

Rapport sur la Connaissance des Temps adressé à Monsieur le Ministre de l'instruction publique et des cultes par le Bureau des Longitudes.

      Monsieur le Ministre

Lorsque le Bureau des Longitudes a eu l'honneur d'être reçu par votre excellence à l'occasion du renouvellement de l'année, vous avez eu la bonté de demander qu'on vous adressât un rapport sur la publication de la Connaissance des Temps ; publication dont le Bureau des Longitudes est spécialement chargé depuis près de 60 ans et qui se fait maintenant trois années à l'avance. Pleins de confiance dans le haut intérêt que vous avez témoigné pour tout ce qui se rapporte à l'avancement des sciences ; le Bureau des Longitudes vient aujourd'hui vous faire connaître ses ressources et ses besoins et vous indique les nouvelles dispositions qu'il serait utile de prendre et qui lui permettraient de publier la Connaissance des Temps avec tout le développement que réclament les progrès de l'astronomie et de la navigation.

La Connaissance des Temps dont le premier volume a été publié en 1679 par [espace vide] est une éphéméride qui a joui longtemps de l'avantage d'être le manuel de tous les astronomes et de servir de modèle dans tous les pays où l'on cultive l'astronomie.

Nous ne suivrons pas les astronomes français dans les améliorations qu'ils ont successivement apportées dans la composition de la Connaissance des Temps. Mais nous devons dire que c'est La Lande, qui, en 1760 a le 1er commencé à s'occuper des navigateurs et que c'est vers cette époque que la Connaissance des Temps a eu un double objet : d'abord exclusivement composée pour les astronomes elle est devenue un almanach nautique. Lalande recommandait vivement aux marins l'observations [sic] des distances lunaires qu'il aurait voulu pouvoir faire calculer pour la Connaissance des Temps. L'astronome royal d'Angleterre, Maskelyne fut plus heureux, il eut assez de crédit pour créer le Nautical Almanac qui parut pour la 1ère fois en 1767 et où l'on trouve les distances de la lune au soleil et aux étoiles calculées de 3 heures en 3 h. Lalande qui n'avait pas les moyens que le Bureau des Longitudes de Londres fournissait à Maskeline pour entretenir des calculateurs, fut réduit à transporter dans la Connaissance des Temps pour l'année 1774 les distances lunaires de l'Ephéméride anglaise. La publication de la Connaissance des Temps devint fort difficile lors de la suppression des académies qui amena la dispersion des astronomes et des savants. Mais le Bureau des Longitudes fut heureusement créé en 1795 et chargé de cette publication. Le Bureau qui compte dans son sein des hommes de la plus [espace vide] (Lagrange, Laplace, Borda, Lalande, Delambre, Bougainville, Fleurieu etc.) a rempli d'une manière éclatante la haute mission qui lui était confiée. C'est en effet depuis l'établissement du Bureau des Longitudes que la Connaissance des Temps a reçu de nombreuses additions et d'importants [espace vide]. Perfectionnement qu'il faut exclusivement attribuer aux travaux des géomètres et des astronomes du Bureau.

Qu'il nous suffise de citer :

Les tables du soleil de Delambre                                               1806

Les tables de la lune de Burckhart [Burckhardt]                       1812

Les tables des satellites de jupiter de Delambre                        1817

Les tables de jupiter, saturne, uranus de Bouvard         1821

Les tables de la lune de Damoiseau                               1828

Les tables des satellites de jupiter de Damoiseau         1836

Ces tables publiées par le B. des Long. ont été adoptées généralement dans le monde entier ; elles servent encore aujourd'hui dans la construction de la plupart des Ephémérides.

Le Bureau pour continuer et perfectionner autant que le permettent les progrès de la science l'éphéméride créé par ses devanciers doit faire la part des marins et des astronomes.

Pour les astronomes nous ajoutons chaque jour de l'année la valeur des coordonnées rectilignes du centre du soleil, les constantes qui servent à trouver la position apparente des étoiles et enfin les lieux des sept planètes principales avec toute la précision que comportent les tables astronomiques.

Le plus grand nombre des marins réduisent l'astronomie nautique à l'observation du soleil et des distances lunaires. Ils prennent rarement les hauteurs de la lune parce que la réduction des observations exige des calculs longs, embarrassants par suite du peu d'uniformité du mouvement de cet astre. Ils reculent devant la difficulté de ces calculs quand les lieux de la lune sont donnés seulement de 12h en 12h. Si l'on veut amener les marins à observer la lune la nuit comme ils observent le soleil de jour, il importe de leur donner chaque jour des positions de la lune assez rapprochées les unes des autres pour que le mouvement devienne presque uniforme dans l'intervalle et dispense des calculs pénibles dont nous venons de parler. C'est d'après ces considérations que nous proposons de donner chaque jour les lieux de la lune d'heure en heure.

Pour déterminer les longitudes géographiques, les voyageurs et les marins font usage des distances lunaires, des éclipses des satellites de Jupiter et des occultations d'étoiles. Les occultations d'étoiles conduisent à des résultats exacts ; mais comme dans les voyages on ne peut les observer qu'en nombre fort limité, on a recours à l'observation des passages de la lune au méridien. Cette méthode employée avec succès dans les observations fixes tend chaque jour à se répandre davantage parmi les voyageurs. Les instrumens [instruments] méridiens portatifs ont déjà fourni d'excellentes déterminations, et l'on ne saurait trop en recommander l'usage aux personnes qui voyagent dans des circonstances favorables. Les éléments que le voyageur doit emprunter à la science pour appliquer cette méthode sont assez nombreux et doivent trouver place dans un ouvrage aussi important que la Connaissce des Temps. Le Bureau des Longitudes a donc reconnu la nécessité d'introduire dans son Ephéméride la série des étoiles qui chaque jour arrivent au méridien presque en même temps que la lune. Cet astre se trouvant ainsi rapporté aux mêmes points du ciel dans les divers lieux où les observations sont faites ; la comparaison de ces observations est indépendante des erreurs qui existent même sur l'AR des étoiles ; elle n'est pas non plus sensiblement affectée par les erreurs provenant de la connaissance imparfaite de la position des instrumens. Ce nouveau chapitre ajouté à la Connce des Temps constitue donc une amélioration dont l'importance sera appréciée par les voyageurs désireux de contribuer aux progrès de la géographie.

Les augmentations de travail résultant des diverses additions que nous venons d'indiquer exigeraient le concours de 3 nouveaux calculateurs (1) [en note de bas de page : (1) Elles pourront faire croître les frais d'impression d'environ 2.000f, mais ce n'est que dans 2 ans que l'on devra se préoccuper de cette dépense]. Les traitemens [traitements] de ces calculateurs et des trois qui sont déjà attachés au Bureau avec une allocation de 9.000f, pourraient être répartis comme il suit

                  3 calculateurs à 3.500 ………………… 10.500,f

                  1 id. à …………………………………. 3.000,

                  1 id. à …………………………………. 2.500,

                  1 id. à …………………………………. 2.000,

                                                                 Somme    18.000,

Un crédit de 9.000f, ajouté aux 9.000f, alloués par le Budget aux trois anciens calculateurs suffirait donc pour compléter la dépense de 18.000f,. Cette dépense paraîtra modérée si on la compare à la large rétribution accordée en Angleterre pour le Nautical Almanac. Le Superintendant dont le traitement annuel est de 12.500f, a sous sa direction neuf calculateurs dont la somme des traitements s'élève à 30.000f,. On emploie jusqu'à onze calculateurs pour le Nautical Almanac Américain qui se publie à Washington depuis quelques années.

Si Votre Excellence veut bien agréer les propositions du Bureau des Longitudes et lui accorder un nouveau crédit de 9.000f,, la Connaissance des Temps pourra supporter la comparaison avec toutes les Ephémérides connues.

Paris, le mercredi 14 Janvier 1857

Le Président

Le Rapporteur

Signé : Mathieu.

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Poinsot, Louis (1777-1859)
Transcripteur Muller, Julien
Commentaires Ce procès-verbal est suivi d'un rapport sur la connaissance des temps adressé à Monsieur le Ministre de l'instruction publique et des cultes par le Bureau des Longitudes.
Collection Registre 1845-1859 (copies)
Citer ce document “Séance du 14 janvier 1857”, 1857-01-14, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 25 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/10000

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