Note remise au Bureau par Mr Lerebours sur l'examen de la grande lunette de 38 cent. d'après la demande de Mr le Président

Note remise au Bureau par M. Lerebours sur l'examen de la grande lunette de 38 cent. d'après la demande de M. le Président

Séance du 8 juin 1859

Le grand pied construit par M. Brunner pour mon objectif de 38 centimètres étant terminé, quoique n'ayant plus aucun ouvrier à ma disposition, je me suis rendu d'après l'invitation de M. Le Directeur le mardi 24 mai à 6 heures à l'Observatoire pour procéder à l'essai de mon objectif.

Monsieur le Directeur et Monsieur Villarceau étaient présents ; aidé de M. Brunner dont je ne saurais assez reconnaître l'obligeance, nous commençâmes par nous occuper du centrage de l'Objectif. Nous fûmes frappés tout d'abord de l'altération de la surface extérieure du crown et M. le Directeur m'ayant demandé si les dévitrifications signalées pour la première fois en 1857 ne semblaient plus apparentes, je n'hésitai pas à lui répondre qu'elles étaient incomparablement plus inquiétantes, car de partielles qu'elles étaient, elles avaient envahi toute la surface.

Ayant centré l'objectif d'une manière satisfaisante, nous nous rendîmes dans l'autre coupole afin d'avoir un point de comparaison.

Et M. Le Directeur dirigea la lunette de M. Secrétan sur Saturne : avec un grossissement d'environ 300 fois nous vîmes très distinctement dans toute son étendue la principale séparation de l'anneau ; les satellites et la planète étaient également bien terminés : on était donc certain d'avoir une soirée favorable. Nous retournâmes à ma lunette et l'ayant armée  d'un oculaire grossissant environ 350 fois, elle fut dirigée sur Saturne. Le premier coup d'œil suffit pour me prouver que mon objectif était complètement perdu. Image cotonneuse, la principale séparation de l'anneau à peine perceptible dans les anses, les bords de la planète et les satellites sans aucune netteté ; c'était plus qu'il n'en fallait pour nous prouver que l'objectif ne peut plus servir, dans l'état où il est, a aucune observation.

Le Bureau comprendra combien je dois être peiné d'un pareil résultat. En effet de 1844 à 1848 mon objectif a été soumis à un grand nombre d'épreuves sur diverses étoiles doubles et triples, sur Jupiter et Saturne et sur la Lune ; ce que M. Arago en a dit à l'Institut le 1^er Août 1844, son acquisition par le Bureau suffiraient, il me semble, pour ne laisser aucun doute sur sa bonté ; mais mon objectif a été étudié non seulement par M. Arago, mais M.M. Mathieu, Laugier, Mauvais, Faye, Villarceau et Goujon, ont pu constater qu'elles étaient alors ses qualités, car ils prenaient part à presque tous les essais ; j'invoquerai donc le souvenir de ceux de ces Messieurs que nous avons encore le bonheur de posséder et ils se rappelleront j'en suis sûr qu'il fut successivement soumis à des amplifications qui variaient de 300 à 1100 fois. De toutes façons je crois ma responsabilité entièrement à l'abri car je m'adressai, pour le crown dont la surface extérieure est altérée, au premier verrier de l'époque.

Il ne m'appartient pas de rechercher les causes [barré : qui] des dévitrifications qui ont été observées pour la première fois en 1857. [barré : Divers savants] M. Bontemps, divers savants ont été consultés à cette époque, ils ont dû donner leur opinion à M. le Directeur de l'Observatoire.