Procès-verbal de la séance du 23 janvier 1861

Procès verbal de la séance du 23 Janvier 1861

Présidence de M. Deloffre

Le Procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les n^os 1290-91 des Astronomische Nachrichten et le n° 143 de l'Astronomical Journal.

M. Yvon Villarceau rend compte des observations astronomiques qu'il a reçues d'un jeune voyageur M. Henry Duveyrier et faites à Nalout (Afrique) les 18 et 19 novembre 1860, pour déterminer la position géographique de ce point.  M. Henry Duveyrier s'est servi d'un sextant avec lequel il a fait deux séries d'observations de hauteur de la Lune : une du Soleil et deux des étoiles α Aigle et ε Pégase : chacune des séries comprend dix observations. Deux observations méridiennes du soleil et une de la planète Mars sont données pour la détermination de la Latitude. Les séries ont été discutées : une seule hauteur a du être rejetée et deux autres corrigées d'erreurs évidentes de 5'. Ces séries ont d'ailleurs présenté à M. Y.V un accord très satisfaisant, et il n'a pas hésité à leur appliquer la méthode qu'il a proposée pour déterminer la Longitude au moyen de simples observations de hauteur de la Lune et d'étoiles voisines, faites dans le voisinage du 1^er vertical.

A cette occasion, M. YV rappelle que la méthode dont il s'agit a toute la précision théorique de la méthode des distances Lunaires et qu'en pratique, elle lui est supérieure, dans les voyages terrestres, puisque les hauteurs peuvent alors s'observer avec plus de précision que les distances : en outre, si l'on a la précaution d'observer sensiblement par un même vertical, les résultats qu'on obtient sont indépendants des erreurs communes dans les observations de hauteur de la Lune et des étoiles, telles que la collimation, et exempts de l'erreur provenant d'une latitude imparfaitement déterminée.

Les formules qu'il a obtenues se réduisent à être beaucoup plus simples que celles de la Méthode des distances, lorsqu'on ne cherche pas à obtenir plus d'exactitude que n'en comporte cette dernière : mais lorsqu'on veut tirer parti de la précision des observations de hauteur, les formules qui tiennent compte des termes négligés dans la détermination de la parallaxe de hauteur et du ½ diamètre apparent deviennent un peu compliquées.

Les observations de M. Duveyrier ont fourni à M. YV l'occasion d'appliquer cette méthode et en partant de la latitude

L = +31° 52' 56",3

il a obtenu par les deux séries de hauteurs de la Lune, les valeurs suivantes de la Longitude comptées du méridien de Greenwich.

1^ère Série. l = -0^h44^m17^s,3 + 1,1463 δL – 20,412 δA + 2,2492 δh₁ – 1,6698 δh_*

                             l = -0^h44^m25^s,8 + 0,8887 δL – 21,428 δA + 2,1523 δh₂ – 1,7529 δh_*

δL est la correction de la latitude en secondes d'arc ; δA celle de l'ascension droite de la Lune tirée du Nautical Almanac en secondes de temps, δh₁, δh₂ les corrections de l'erreur qui pourrait affecter la hauteur observée de la Lune, δh_* la moyenne des corrections des hauteurs observées des deux étoiles. Les facteurs des δh et δh_* différent sensiblement, attendu que les étoiles ont été observées par les azimuts 98°,6 et 111°,2 comptés du Nord vers l'Ouest, ou en moyenne 104°,9 tandis que la Lune a été observée par 134°,6 et 128°,6.

Quoiqu'il en soit ces résultats diffèrent de quantités qui n'excèdent pas celles que l'on rencontre souvent dans les déterminations de longitude par les passages méridiens de la Lune : leur moyenne est

l = -0^h44^m21^s,6 + 1,0175 δL – 20,920 δA + 1,1246 δh₁ + 1,0761 δh₂ – 1,7113 δh_*

Sous cette forme, la longitude pourra être corrigée sans nouveau calcul, lorsqu'on aura une détermination plus exacte de la Latitude et que l'on connaîtra l'erreur des Tables Lunaires : les termes en δh₁, δh₂, δh_* sont uniquement rapportés pour permettre de juger de l'exactitude du résultat. M. Y.V. termine sa communication en manifestant l'espoir que M. Henry Duveyrier continuera à se montrer digne des encouragements qu'il a reçus de l'établissement qui a mis à sa disposition les instruments dont il s'est servi.

M. l'Amiral Mathieu dépose une lettre de M. le Capitaine de frégate G. Cloué dans laquelle ce navigateur rectifie la position géographique du Cap Bould qu'il avait obtenue en 1850-51 et qui est insérée dans la Connaissance des temps/ [en marge : /de 1860]. Ses nouvelles déterminations sont

L = +51° 38' 46",88         l = +57° 45' 56",49 ou occid.

Le Sécrétaire Yvon Villarceau