Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Procès-verbal de la séance du 21 mai 1862

Titre Procès-verbal de la séance du 21 mai 1862
Créateur Yvon Villarceau, Antoine Joseph François (1813-1883)
Contexte Registre 1860-1867 (copies)
Date 1862-05-21
Identifiant C1860_1867_124
Format 26,1 x 38,7 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Procès verbal de la séance du 21 Mai 1862

Présidence de M. l'amiral Deloffre

 

Le procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit le n° 1360 des Astronomische Nachrichten : on remarque dans ce n° une communication de M. Lassell qui a observé à Malte le compagnon de Sirius avec le télescope de 1m20 d'ouverture. La comparaison de son observation avec celles qui ont été faites en Amérique et à Paris indiquerait une diminution rapide de la distance des deux corps, si les mesures rapportées ne sont affectées d'aucune erreur un peu notable. On discute les erreurs possibles dans les observations d'un astre à peine perceptible. M. Y.V fait remarquer que le mouvement rapide dont il s'agit indiquerait, s'il est réel, que l'astre observé est une planète du système de Sirius et non pas le soleil obscur à l'aide duquel on a expliqué les anomalies du mouvement propre de Sirius en ascension droite.

M. Yvon Villarceau revenant sur le mémoire de M. Axel Möller dont il a été question dans la séance précédente, exprime le regret de n'avoir pas à sa disposition les documents qui lui eussent permis d'exposer succinctement l'historique des recherches des géomètres sur l'influence d'un milieu résistant dans le mouvement des comètes autour du soleil. Le caractère de ces recherches a changé de nature, depuis qu'il ne s'est plus agi seulement de la résistance du milieu éthéré des physiciens, mais bien d'une atmosphère de matière pondérable qui s'étendrait à de grandes distances du soleil et dont l'existence avait été confirmée par les observations des dernières éclipses totales du soleil. Le mouvement des comètes périodiques de Encke et de Faye ne peut être expliqué par la seule théorie de l'attraction : une autre comète, celle de Gambart ou de Biela, aurait sans doute conduit au même résultat, si la circonstance singulière de son dédoublement n'était pas venue apporter une extrême complication dans sa théorie.

En se plaçant au même point de vue que M. Axel Möller et, sans vouloir pour le moment examiner la valeur des hypothèses suivant lesquelles serait physiquement constitué le milieu atmosphérique, M. Y.V indique qu'il y aurait lieu d'introduire dans les équations du mouvement d'une comète la perte de poids due aux pressions exercées par le milieu. L'introduction de cette force ne serait sans doute pas suffisante puisqu'elle n'a lieu en toute rigueur que dans l'état statique : mais la résistance tangentielle en raison inverse du carré de la vitesse ne saurait non plus à elle seule représenter la résultante des actions exercées par le milieu, puisque dans le cas d'une vitesse nulle, elle ne se réduirait pas à la perte de poids hydrostatique, comme cela serait nécessaire. Eu égard à ce que les hypothèses admises présentent de précaire notamment l'absence de rotation du milieu, M. Y.V a cru pouvoir examiner les conséquences de l'action dont il s'agit, comme si elle pouvait conserver la même valeur dans l'état de mouvement. Il a trouvé que cette force ajoute à l'expression de la gravité un terme en raison inverse de la 4ème puissance de la distance au Soleil. Les équations du mouvement s'intègrent exactement par les fonctions elliptiques : et si on veut se contenter de l'approximation que fournit la théorie de la variation des constantes arbitraires, on trouve que les seuls éléments qui éprouvent des variations séculaires sont la longitude du périhélie et la longitude moyenne de l'époque : la résistance du milieu a pour effet de leur faire subir une diminution avec le temps. Quelque soit au surplus la résultante vraie des actions exercées par le milieu, la composante suivant le rayon vecteur pourra dans beaucoup de cas jouer le rôle de force répulsive.

M. Delaunay trouve que la force indiquée par M. Y.V. devra être considérée comme très faible par rapport à la force tangentielle.

M. Y.V dit que si, comme cela est probable, le milieu résistant est doué d'un mouvement de rotation dans le sens du mouvement des planètes et des comètes à courtes périodes, la vitesse relative pourra dans beaucoup de cas être très faible et alors la perte de poids sera [barré : alors] comparable à la résistance tangentielle.

M. Delaunay pense qu'il serait intéressant d'étudier le mouvement des comètes dans un milieu doué en chaque point d'une rotation égale au mouvement des planètes qui circuleraient à la même distance du soleil : M. Foucault fait remarquer que dans ce cas particulier la force dont parlait M. Y.V. se réduirait à zéro.

M. Y.V examine les conséquences de l'hypothèse qui consisterait à supposer que l'ether des physiciens n'est pas une matière susceptible d'éprouver et de produire les effets de la gravitation. Si les corps du système solaire se trouvent constitués [barré : dans] de la même proportion de matière pondérable et de matière impondérable, la signification des coefficients de l'attraction est seule changée : mais si les proportions étaient différentes, comme cela serait admissible dans le cas des comètes comparées aux planètes, la troisième loi de Kepler ne serait plus exactement vérifiée.

M. Delaunay dit que les différences seraient sans doute très faibles. M. Y.V ne le nie pas puisqu'il s'en faut de très peu que la théorie ordinaire de l'attraction représente exactement les mouvements observés des planètes : mais comme on est réduit, à l'égard des comètes, à tenir compte de l'action d'un milieu résistant et que les caractères physiques des comètes sont fort différents de ceux des planètes, il n'est peut-être pas hors de propos de signaler les causes qui pourraient produire des effets différents de ceux de la simple gravitation. M. Foucault pense que les propriétés des corps relatives à la gravitation ne sont pas nécessaires à leur existence, comme l'impénétrabilité par exemple, et qu'il se pourrait que l'ether des physiciens soit effectivement dépourvu de la propriété de gravitation.

Le sécrétaire Yvon Villarceau

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Deloffre, Théodore (1787-1864)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Registre 1860-1867 (copies)
Citer ce document “Procès-verbal de la séance du 21 mai 1862”, 1862-05-21, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 19 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/10282

Item Relations

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