Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Procès-verbal de la séance du 24 décembre 1867

Titre Procès-verbal de la séance du 24 décembre 1867
Créateur Yvon Villarceau, Antoine Joseph François (1813-1883)
Contexte Registre 1860-1867 (copies)
Date 1867-12-24
Identifiant C1860_1867_420
Format 26,1 x 38,7 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description Procès-verbal de la Séance du 24 décembre 1867.
Présidence de M. l'amiral Mathieu.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Bureau reçoit le n° 1671 des Astr. Nachr.
Le Secrétaire communique une Note de M. le Maréchal Président, dans laquelle il est proposé de faire examiner par le Bureau, les Annuaires publiés dans les Départements, à l'effet d'éviter principalement que les heures et circonstances de certains phénomènes astronomiques, données dans ces Annuaires ne se réduisent à de simples reproductions des nombres publiés pour Paris dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes.
Une discussion s'engage à ce sujet. M. Faye propose le renvoi de cette question à une commission. M. le président renvoie la Note de M. le Maréchal à une commission formée de MM. Louis Mathieu & Delaunay.
M. Faye donne lecture d'une nouvelle rédaction du rapport de la Commission nommée pour examiner les questions relatives au système métrique.
M. Yvon Villarceau présente des considérations qui sont développées dans une Note faisant suite au Procès-verbal.
M. Faye répond aux objections de M. Yvon Villarceau : Le Rapport n'a pas négligé la question géodésique ; mais il suffit qu'on prenne pour unité de longueur le mètre légal dont le prototype est aux archives de l'Empire. Les règles de Borda ne doivent pas servir à modifier le mètre en quoi que ce soit. Quant à la question administrative soulevée par M. Yvon Villarceau, le Rapport ne l'implique en aucune façon.
M. Bréguet partage l'opinion de M. Faye.
MM. Delaunay et Louis Mathieu prennent part à la discussion.
M. Yvon Villarceau déclare que les [barré : modifications] explications présentées n'ont pas modifié son opinion.
M. le Président met aux voix les différentes parties du rapport, lesquelles sont adoptées.
L'adoption de l'ensemble du rapport est également consacrée par un vote.
Le Secrétaire
Yvon Villarceau

Pièces annexées au procès-verbal de la séance du 24 décembre 1867
Système Métrique.
1° Rapport de la Commission composée de Messieurs Louis Mathieu, Laugier & Faye rapporteur.
Tout le monde sait qu'au moment de constituer le système métrique, la France a fait appel à toutes les Nations ; que la commission chargée de cette grande œuvre était composée de savants délégués par l'Espagne, l'Italie, la Suisse, la Hollande, le Danemarck [Danemark] et la France ; qu'en faisant [qu’on faisait] dériver le mètre des dimensions du globe terrestre. La commission a voulu, avant tout, montrer que son œuvre n'était ni française, ni même européenne, mais qu'elle s'adressait au monde entier. Ces grandes vues ont fini par être généralement comprises et la France voit aujourd'hui avec plaisir que les Nations qui ne crurent pas devoir s'associer à cette réforme, dès son début, pensent sérieusement à s'y rallier maintenant, sous la pression des besoins nouveaux et du progrès général des lumières.
Des circonstances récentes doivent appeler l'attention du Bureau des Longitudes sur cette question. D'une part, l'usage du Système métrique a été permis par le Gouvernement Anglais dans la Grande-Bretagne et l'Irlande & par le Congrès Américain dans tous les Etats confédérés. En sorte que l'usage du mètre et du gramme y est devenu tout aussi légal que celui du Yard ou de la livre-troy. D'autre part, l'Exposition universelle a donné lieu aux commissaires étrangers, réunis à Paris de manifester l'opinion que le mouvement était venu d'adopter le Système métrique dans tous les pays civilisés. Enfin, l'association géodésique allemande qui s'est organisée, comme vous le savez, à Berlin, et qui réunit, maintenant, des délégués de presque toutes les Puissances Européennes, a mis cette grande question à l'étude, et a adopté dans sa séance du 5 octobre dernier les résolutions suivantes dont il est impossible de méconnaître la gravité.
"Il est dans l'intérêt des Sciences en général et de la géodésie en particulier, qu'un Système unique de poids et mesures, avec subdivisions décimales soit adopté en Europe.
"Puisque, parmi toutes les mesures qui peuvent entrer en question, le mètre a pour lui la plus grande probabilité d'être adopté généralement, la Conférence se prononce pour le choix du Système métrique.
"Afin de fixer l'unité commune de mesure pour tous les pays de l'Europe et pour tous les temps, aussi exactement et aussi invariablement que possible, la Conférence recommande la construction d'un nouveau Mètre-Prototype-Européen. La longueur de ce mètre devrait différer, aussi peu que possible de celle du Mètre des Archives de Paris et doit en tous cas lui être comparée avec la plus grande exactitude. Dans la construction, du nouvel étalon-prototype, il faut surtout avoir en vue la facilité et l'exactitude des comparaisons nécessaires.
"La construction du nouveau Mètre-Prototype, ainsi que la confection et la comparaison de ses copies destinées aux différents pays, devraient être confiées à une Commission Internationale dans laquelle les Etats intéressés seraient représentés.
"La conférence se prononce pour la création d'un Bureau-International des poids et mesures.
"La Conférence recommande à MM. les Délégués de porter à la connaissance de leurs gouvernements, & la commission permanente est chargée de contribuer, autant que possible, à leur réalisation."
On distinguera deux parts dans cet important document : d'abord un plan d'Unification Européenne des poids et mesures par l'adoption pure et simple du Système Métrique, puis un ensemble de voies & moyens qui semble dicté par une connaissance plus ou moins exacte de ce qui manquerait à Paris. Nous n'insisterons pas sur les vues scientifiques de l'Association Géodésique internationale. Il nous suffira de dire qu'elle recommande l'adoption des étalons à traits, à l'exclusion des étalons à bouts ; qu'elle demande une étude approfondie des coefficients de dilatation ; qu'elle désire enfin que la comparaison exacte des Règles géodésiques employées en Europe accompagne celle des étalons de mesure. Mais il nous serait difficile de ne pas voir, dans cette espèce de manifeste, l'expression très accentuée d'un besoin scientifique auquel la France à ce qu'on paraît croire, n'offrirait pas actuellement pleine satisfaction. Et, comme il entre dans les attributions du Bureau des Longitudes, non plus malheureusement, comme autrefois, de coopérer matériellement par ses artistes, ses géomètres et ses astronomes à cette grande œuvre d'unification, mais du moins d'appeler l'attention du gouvernement sur les intérêts de cet ordre, votre commission est d'avis qu'il y aurait lieu de mettre sous les yeux de l'autorité compétente le manifeste de Berlin, de la prier d'examiner si des mesures suffisantes ont été prises pour donner satisfaction aux besoins qui commencent à se faire jour, et s'il ne conviendrait pas de compléter ces mesures par la création, à Paris, d'un Etablissement, spécial et permanent pour l'étude rigoureuse des Etalons-Métriques et des Règles Géodésiques. On installerait dans cette espèce de Laboratoire les appareils de Comparaison les plus précis que la Science actuelle réclame, tels que le grand comparateur à microscopes pour les Règles Géodésiques de feu notre collègue M. Brunner. Les travaux de tout genre relatifs à la propagation du système métrique au dehors [en note de bas de page : L'établissement dont il s'agit ne ferait, en aucune façon, double emploi avec le système de vérification des poids et mesures destinés à l'Intérieur de la France, pour la vente et le commerce, système qui existe, aujourd'hui, aussi complètement que possible, au Conservatoire des Arts et Métiers.] pourraient être confiés à ce Laboratoire sous la direction du Bureau des Longitudes et avec la coopération de Commissaires Spéciaux délégués par le Gouvernement français et par les gouvernements intéressés.
Si ces idées, qui ont souvent préoccupé le Bureau vous paraissaient dignes d'être proposées à la sollicitude du Gouvernement, votre commission pense qu'il suffirait que le Bureau décidât l'envoi de ce rapport à son Excellence M. le Ministre de l'Instruction Publique.
Les conclusions de ce rapport ont été discutées dans la séance du 24 décembre 1867, mises aux voix et adoptées.
Pour copie conforme :
Le Secrétaire
Yvon Villarceau

2° Note de M. Yvon Villarceau sur le Rapport de M. Faye.
M. Yvon Villarceau discute le rapport de la commission. Il croit nécessaire que les questions relatives aux comparaisons des Etalons et des Règles Géodésiques soient résolues en France et que l'acquisition d'instruments comparateurs soit proposée au Ministre ; mais il ne pense pas que pour l'instant, le Bureau des Longitudes doive aller plus loin, attendu que la Commission a traité isolément les questions relatives au Mètre-Prototype et aux Règles Géodésiques, au lieu de les traiter simultanément, comme il conviendrait, suivant lui, de le faire. D'autre part, la proposition de mettre sous la Direction du Bureau des Longitudes l'Etablissement dont on demande la création soulève une question administrative qui n'aura de solution qu'après que l'administration aura prononcé sur le matériel afférent à l'Observatoire de Paris.
M. Yvon Villarceau fait observer que si la Commission Géodésique Internationale n'a pas rattaché la comparaison des Règles à celle du Prototype de nos archives, c'est sans doute parce qu'elle a des motifs de craindre que nos règles de Borda ne soient plus en état de servir et la dite Commission n'en peut rien savoir sans notre concours. La comparaison des Mètres n'intéresse que les physiciens et autres personnes n'ayant que de faibles étendues à mesurer exactement. Celle des Règles Géodésiques exige une bien plus grande précision dans les opérations à cause des grandes étendues à mesurer avec ces appareils. Si donc on commence par la comparaison des Mètres et qu'on se borne là, on exposera les Géodésiens à commettre , dans l'emploi de leurs Règles comparées préalablement aux Mètres, une erreur quatre fois plus grande que celle résultant de la comparaison des Mètres, attendu le rapport ordinaire de 1 à 4 qui existe entre ces appareils. Si, au contraire, on commençait par s'assurer de l'Etat de conservations des Règles de Borda et qu'on le trouvât satisfaisant, on aurait résolu la question de la comparaison des Règles et le passage de la longueur des Règles à celle du Mètre n'occasionnerait qu'une erreur quatre fois moindre que celle due à l'erreur des Règles. En un mot, on passerait du grand au petit au lieu de passer du petit au grand. Il est d'ailleurs extrêmement probable que la longueur du mètre obtenu de cette manière s'accorderait avec celle du Mètre de nos archives, dans les limites d'erreurs dont les comparaisons de Mètres à bouts sont susceptibles. En suivant la voie inverse, on sera exposé à changer la longueur nominale des côtés des triangles de notre triangulation toute entière.
Quant à la question administrative, elle résulte de ce que les Règles de Borda font actuellement partie du matériel de l'Observatoire de Paris et que les comparaisons des Règles étrangères se feront nécessairement avec celle là ou avec d'autres qu'on leur substituera, après en avoir préalablement fait la comparaison avec les Règles de Borda.
Enfin, le Bureau des Longitudes en attaquant la question géodésique, au lieu de la tenir dans l'ombre, regagnerait le terrain perdu par l'administration française.
Le Secrétaire
Yvon Villarceau
Type de document Procès-verbal
Président de la séance Mathieu, Pierre Louis Aimé (1790-1870)
Transcripteur Muller, Julien
Commentaires Ce procès-verbal est suivi de deux annexes, respectivement intitulées : "Système métrique. 1° Rapport de la commission composée de Messieurs Louis Mathieu, Laugier & Faye rapporteur" et "2° Note de M. Yvon Villarceau sur le rapport de M. Faye".
Collection Registre 1860-1867 (copies)
Citer ce document “Procès-verbal de la séance du 24 décembre 1867”, 1867-12-24, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 18 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/10574
FR751142302_006_020771_A.jpg
FR751142302_006_020772_A.jpg
FR751142302_006_020773_A.jpg
FR751142302_006_020774_A.jpg
FR751142302_006_020775_A.jpg
FR751142302_006_020776_A.jpg