Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Procès-verbal de la séance du 7 février 1872

Titre Procès-verbal de la séance du 7 février 1872
Créateur Yvon Villarceau, Antoine Joseph François (1813-1883)
Contexte Registre 1868-1874 (copies)
Date 1872-02-07
Identifiant C1868_1874_222
Format 26 x 38,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description Procès-verbal de la séance du 7 Février 1872
Présidence de M. Mathieu

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. Mathieu cède le fauteuil de la présidence à M. Liouville. Le Ministre de la Marine informe le Bureau qu'il s'empressera de désigner un délégué de son département à la commission supérieure de la carte de France, si le gouvernement décide la révision de cette carte, suivant le vœu émis par le Bureau.
Le Bureau reçoit les Procès-verbaux des séances de la conférence géodésique internationale et de sa commission permanente, réunies à Vienne en Septembre 1871. – Le Secrétaire rappèle qu'une réunion triennale devait avoir lieu en 1870, et que plusieurs savants français y avaient été invités, à défaut de Délégués du gouvernement : à la suite des évènements, la réunion a été remise à l'année 1871. On remarque que la France ne se trouve représentée par aucun délégué et qu'aucun savant français ne figure dans la liste des invités à la conférence générale de 1871.
Le Secrétaire constate que le programme des questions à discuter est muet sur la question relative aux attractions locales, et cependant, cette question soulevée par M. Schéring à la conférence de 1867, avait été remise à 1870, parce que les théorèmes annoncés par ce géomètre n'avaient pas été publiés par lui.
Dans l'intervalle M. Peters avait attiré l'attention des géodésiens sur une solution obtenue en France, et avait écrit à M. Yvon Villarceau en exprimant le désir qu'il vienne à la conférence de 1870, exposer ses idées, auxquelles il donnait une pleine adhésion : on pouvait donc s'attendre à ce que la question fût reprise et discutée en 1871 ; M. Yvon Villarceau fait remarquer que M. Schéring ne figure ni parmi les délégués, ni parmi les invités en 1871. La conférence n'aurait-elle écarté la question des attractions locales, qu'à cause de l'absence de M. Schering et de délégués ou invités français? Toutefois les idées nouvelles paraissent avoir fait quelque chemin depuis 1867 ; car dans la conférence de cette année-là, on avait recommandé de faire partout des nivellements, sans distinguer entre les nivellements géodésiques et géométriques ; tandis qu'en 1871, il a été expressément recommandé d'exécuter des nivellements de l'un et l'autre genre en Hongrie, et sur la côte italienne de l'Adriatique.
M. Faye fait remarquer que dans les travaux géodésiques entrepris depuis quelque temps en Allemagne, on n'emploie que les anciens procédés pour les latitudes, c'est-à-dire ceux qui sont fondés sur les instruments usités dans les observatoires fixes, en laissant de côté les instruments zénithaux dont on a fait un si grand usage aux Etats-Unis. Il pense qu'on devrait au moins essayer ces derniers et les comparer [barré : à celles-ci] avec les méthodes anciennes. Il reproche à celles-ci de transporter en chaque station toutes les sommes d'erreurs contre lesquelles on ne peut guère lutter efficacement que dans les grands observatoires fixes.
La lunette zénithale qu'il a proposé autrefois n'est exposée qu'aux erreurs accidentelles de pointé sur les étoiles et sur le nadir ; et aux défauts d'une vis micrométrique qui peut être aisément étudié à part. Il n'y a plus là d'erreur provenant des réfractions, des températures, des flexions et des divisions. En outre on peut opérer avec des longues et puissantes lunettes.
Il en est de même des différences de Longitude. Les avantages de la télégraphie électrique qui permet de donner tant de précision à la transmission des signaux sont annulés en partie par l'incertitude des erreurs personnelles variables de l'observateur, lesquelles sont de 100 à 1000 fois plus fortes que le degré de précision qu'il s'agit de déterminer. M. Faye a proposé de remplacer l'observateur par la photographie, et les étoiles par le soleil, de manière à éliminer totalement l'observateur. La pendule serait enfermée dans une enceinte à température et à pression invariables, et bien soustraite aux trépidations du sol. La marche diurne serait déterminée par les étoiles, à la manière ordinaire.
La cause d'erreurs qui en résulterait étant atténuée dans la proportion de la différence de longitude à 24h, elle serait réduite par [espace vide] à 1/144 de sa valeur pour une différence de 10m. Il n'est donc nullement nécessaire, comme on l'a dit de photographier les étoiles. L'échange des observateurs serait entièrement supprimé.
La mesure actuelle des bases présente aussi des causes d'erreurs dont on ne vient à bout, qu'au prix des plus grands sacrifices et des travaux les plus pénibles, il faut qu'on puisse être absolument certain du résultat. J'ai, <dit M. Faye,> proposé un système plus sûr et plus rapide basé sur l'emploi d'une règle portative à tracelets qui supprime toute mesure délicate sur le terrain pour les reporter dans le cabinet, et qui permet de contrôler à chaque instant, avec une précision extrême la longueur de la règle.
M. Faye désirerait que les géodésiens voulussent bien soumettre ce système à un examen sérieux, en le comparant à ceux dont ils ont fait usage jusqu'ici.
M. Delaunay fait connaître qu'il avait reçu une invitation pour la conférence de 1871, et qu'une circonstance indépendante de sa volonté l'a empêché de s'y rendre.
M. Yvon Villarceau dit qu'il avait également remarqué que M. Delaunay, bien qu'il ne figurât, ni parmi les Délégués ni parmi les invités, n'en avait pas moins été nommé membre de la Commission permanente. Il exprime le regret que M. Delaunay n'ait pu se rendre à Vienne en 1871 ; car il n'aurait sans doute pas manqué d'y appeler l'attention sur les solutions obtenues en France, d'une question qui a suspendu jusqu'ici les progrès de la science géodésique.
M. Faye discute les opérations astronomiques exécutées pour la géodésie et n'est satisfait que des déterminations azimutales. Quant aux longitudes, il reproche aux astronomes de s'en tenir à l'observation des passages par les [barré : yeux] sens, dont il trouve les appréciations très défectueuses.
M. Delaunay propose à M. Faye de présenter un programme d'opérations exemptes des défauts qu'il signale.
M. Faye dit qu'il faudrait photographier les passages méridiens du Soleil, pour obtenir la différence des Longitudes de deux lieux situés à peu près sur un même méridien ; que s'il s'agit d'une différence de Longitude un peu considérable, il accepterait la détermination du mouvement diurne par une pendule convenablement installée.
M. Yvon Villarceau répond que les résultats obtenus l'observatoire de Paris, sont d'une exactitude de beaucoup supérieure à celle des opérations géodésiques, ce qui suffit : d'un autre côté il estime que les observations astronomiques faites pour déterminer l'état de l'instrument des passages dans le voisinage de midi et par un beau soleil ne pourront pas être exécutées avec la précision que M. Faye espère obtenir pour l'enregistrement des passages du soleil ; l'instrument installé dans la stations étant nécessairement un instrument portatif, avec montants en métal et sous un abri léger, subit pendant le jour des déformations qui exigeraient une observation [barré : jusqu'au centième] presque continue du niveau et de la mire ; tandis que pendant la nuit, on peut obtenir des résultats aussi précis qu'avec les grands instruments des observations fixes : enfin les ondulations de l'image du Soleil à midi, rendraient le plus souvent illusoires l'application du procédé.
M. Faye recommande pour les latitudes et, conformément à l'avis de la conférence géodésique internationale, les instruments employés par le Coast-Survey des Etats-Unis.
M. Yvon Villarceau engage M. Faye à examiner les observations de latitude faites à St Martin du Tertre, avec l'instrument de Rigaud N° II, et montre jusqu'à quel point il est parvenu à éliminer les effets de sept causes d'erreur. Ne pouvant disposer que d'un seul instrument, il est tenu à obtenir d'un même appareil portatif, une précision comparable à celle des instruments méridiens de l'observatoire de Paris, et croit avoir réussi.
M. Laugier propose au bureau de faire construire, pour la détermination des latitudes, une Lunette zénithale transportable d'au moins 2m de foyer.
M. Faye appuie la proposition de M. Laugier.
M. Yvon Villarceau fait remarquer que l'instrument de Rigaud employé, comme il l'a fait à St Martin du Tertre, et en restreignant, si l'on veut, les distances zénithales des étoiles observées, peut être considéré comme une Lunette zénithale : la seule différence qu'il aperçoive entre le fonctionnement du dit instrument et les lunettes zénithales proprement dites, consiste en ce qu'il observe plusieurs étoiles d'un même côté de l'instrument, avant de faire le retournement ; tandis qu'on observe chaque étoile des deux côtés avec la plupart des lunettes zénithales.
La proposition de M. Laugier sera examinée dans une autre séance.
Le Secrétaire Yvon Villarceau
Type de document Procès-verbal
Président de la séance Mathieu, Claude-Louis (1783-1875 ; astronome)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Registre 1868-1874 (copies)
Citer ce document “Procès-verbal de la séance du 7 février 1872”, 1872-02-07, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 20 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/10794
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