Séance du mercredi 7 avril 1830

Séance du mercredi 7 avril 1830

On lit le procès-verbal de la précédente séance ; sa rédaction est adoptée.

Le ministre de l'Intérieur annonce que [barré : le ministre de la Guerre] M. de Bourmont lui a demandé de fournir un chronomètre de poche aux ingénieurs-géographes qui doivent accompagner M. Michaud en Palestine. S. E. prie le Bureau de faire tout son possible pour satisfaire à la demande de son confrère. Ce chronomètre devrait être confié au Dépôt général de la Guerre sur un reçu du chef de ce dépôt.

Le Bureau arrête que le secrétaire écrira au ministre de l'Intérieur pour lui signaler les divers motifs qui lui font désirer que le chronomètre de poche reste dans les mains des astronomes de l'Observatoire auxquels il est maintenant très utile.

M. Biot écrit <de Nointel> au président qu'il sera de retour à Paris le 11 de ce mois et que dès le lendemain, il renverra à l'Observatoire le comparateur qu'on avait réclamé.

M. Mathieu a appris chez M. Gambey que le pied destiné au retournement de la lunette méridienne est revenu de chez le fondeur et qu'on va le terminer le plus promptement possible.

L'impression de la Connaissance des tems n'a donné lieu, la semaine dernière, à aucune remarque particulière.

On reçoit les Ephémérides de Milan pour 1830.

[Etaient présents : Poisson, Mathieu, Damoiseau, de Freycinet, Bouvard, Delalande, Lerebours [par Delalande], Savary, Arago, Beautemps-Beaupré, de Rosily, Nicollet, Prony. « Arrêté à 13 », signé : Poisson.]

[Lettre d'Arago au ministre de l'Intérieur, ci-dessus mentionnée]

« Monseigneur, Le Bureau des longitudes a reçu la lettre que S. E. lui a écrite à la date du 3 avril concernant un chronomètre à fournir, si c'est possible, aux compagnons de voyage de M. Michaud et il m'a chargé, tout en assurant à S. E. l'empressement qu'il mettra à faire ce qu'elle voudra bien ordonner, de lui soumettre à sujet ce quelques observations.

« Le Bureau des longitudes ne possède que deux chronomètres. Celui qui restera si on en donne un aux jeunes [barré : voyageurs] ingénieurs qui le demandent, pourrait suffire à toute rigueur aux comparaisons répétées qu'il faut faire journellement entre les pendules placées dans les diverses parties du bâtiment de l'Observatoire ; mais ces comparaisons étant confiées à diverses personnes et devant avoir lieu quelquefois aux mêmes époques, il est facile de prévoir qu'un seul instrument [barré : ne remplira que fort imparfaitement…] donnera lieu à plus d'un embarras.

« Le chronomètre en question a été, il est vrai, comme on en a fait la remarque, confié une fois à M. le colonel Bonne pour l'aider dans sa mesure d'un parallèle ; mais il est juste de dire que cette opération devait durer très peu de temps, tandis qu'on ne sait pas à quelle époque nos jeunes voyageurs reviendront. M. Bonne d'ailleurs ne quittant pas les environs de Paris, on ne courait aucune chance de perdre l'instrument ; or personne n'ignore combien, au contraire, il est probable qu'on sera dévalisé dans un voyage des parties peu fréquentées de l'Asie mineure.

« Je dois dire encore que le Bureau se propose d'entreprendre, sous peu, une série d'expériences propres à déterminer la vitesse du son dans des gaz, et que pour cela son second chronomètre serait indispensable. J'ajouterai, enfin, que les deux ingénieurs ont déjà un chronomètre dont le Dépôt de la Guerre les a munis et qu'ils peuvent dès lors se passer de celui qu'ils demandent.

« Si malgré ces observations, S. E. se décidait à délivrer le chronomètre, le Bureau croirait utile d'exiger du Dépôt de la Guerre non seulement un reçu, mais encore l'engagement formel de le remplacer au cas où il serait perdu. Le Bureau sait trop bien par expérience combien il et difficile de faire rentrer les instruments qu'on a prêtés pour ne pas insister auprès de S. E. sur la mesure qu'il a l'honneur de lui indiquer. »