Mercredi 24 février 1847

Mercredi 24 février 1847

[Arago rédige]

On lit le procès-verbal de la séance précédente : il est adopté.

Le Bureau reçoit : les Annales maritimes et coloniales pour janvier 1847 ; les tables de cette collection pour 1846 ; le numéro 587 des Nouvelles astronomiques de M. Schumacher.

M. Arago est autorisé à faire exécuter deux modèles du nouveau pied parallatique [parallactique], l'un par M. Perraut [Perreaux ?], l'autre par M. Brunner.

M. Biot rend compte des calculs que M. Caillet vient de faire pour savoir quelles modifications apporterait dans les valeurs des réfractions le petit changement que le coefficient l de la Mécanique céleste doit éprouver d'après les dernières observations de M. Regnault. M. Caillet sera invité à refaire ces calculs et à communiquer au Bureau ses résultats définitifs.

On parle de la dispersion que la lumière éprouve en se réfractant dans l'atmosphère, et de l'influence que cette dispersion peut exercer sur les résultats des observations solsticiales et de latitude.

M. Arago met sous les yeux de M. Leverrier, placé en ce moment près de lui, mais à titre seulement de communication officieuse et individuelle, une lettre imprimée de M. Encke à M. Schumacher, dans laquelle l'astronome de Berlin donne le passage suivant comme tiré d'une lettre que M. Leverrier lui aurait écrite en date du 6 octobre 1846 : « J'ai prié mon (illustre) ami, M. Arago, de se charger du soin de choisir un nom pour la planète. J'ai été un peu confus de la décision qu'il a prise dans le sein de l'Académie. »

M. Leverrier, préférant sans doute une explication officielle à une discussion particulière, lit à haute voix le passage ci-dessus et déclare qu'il n'a rien pu, qu'il n'a rien dû écrire de semblable. Je serais blâmable, a-t-il ajouté, si le passage rapporté était de moi ; mais j'ai conservé le brouillon de ma lettre ; je le chercherai et l'on verra que mes paroles n'ont pas été rapportées fidèlement.

M. Leverrier quitte la séance.

M. Arago donne alors une analyse détaillée de la lettre qui a soulevé ce débat. Elle est insérée dans le numéro 588 des Nouvelles astronomiques de M. Schumacher. M. Encke s'y montre décidé à nommer la nouvelle planète Neptune, en se fondant principalement sur une prétendue décision du Bureau des longitudes que M. Leverrier aurait formulée en ces termes à la date du 1^er octobre 1846 dans une lettre à M. Galle : « Le Bureau des longitudes s'est prononcé ici pour Neptune ; le signe un trident. » M. Encke s'appuie aussi sur le passage déjà cité, d'où paraîtrait résulter que M. Leverrier aurait été complètement étranger à la proposition faite par M. Arago au sein de l'Académie.

M. Arago cite en détail les circonstances qui avaient précédé sa détermination.

La séance est levée à 4 h. ¼.