Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Séance du mercredi 28 juillet 1852

Titre Séance du mercredi 28 juillet 1852
Créateur inconnu
Contexte Volume 1844-1853
Date 1852-07-28
Identifiant O1844_1853_483
Relation C1845_1859_397
Format 17,3 x 23,6 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Séance du mercredi 28 juillet 1852

 

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

M. Arago met sous les yeux du Bureau des disques de flint et de crown glass fabriqués par MM. Clémenteau et Maës à Clichy. Le crown contient du zinc, il paraît avoir plus de diaphanéité que les autres verres, et on l'emploie de préférence pour les images photographiques. Quant au flint, il paraît avoir la même composition que celui de M. Guinand.

M. Arago communique les résultats obtenus récemment par M. Melloni sur l'affaiblissement de la chaleur des rayons lumineux qui traversent des corps transparents. A la hauteur méridienne actuelle du soleil, si l'on représente par 100 la chaleur qui accompagne un rayon lumineux direct, la chaleur est réduite à 60 après avoir traversé deux lames de verre d'Allemagne renfermant entre elles une mince couche d'eau ; si on répète l'expérience une heure avant le coucher du soleil, la proportion est alors de 100 à 30.

Si au lieu de lames de verre d'Allemagne, on emploie une plaque de cristal de roche enfumé, les proportions sont inverses, c'est-à-dire qu'à la hauteur méridienne actuelle du soleil, la chaleur est réduite de 100 à 30, tandis qu'une heure avant le coucher du soleil la proportion est réduite de 100 à 60 seulement.

M. Arago en tire cette conséquence qu'on ne peut pas conclure la différence de diaphanéité pour la lumière de la différence des effets photographiques ni de celle des effets calorifiques.

M. Arago propose au Bureau M. Ernest Liouville comme candidat stagiaire au titre d'élève astronome de l'Observatoire de Paris.

Cette proposition est soumise à l'approbation du Bureau. Il y a 8 votants, le scrutin donne 8 bulletins portant oui. En conséquence, M. Liouville est élu élève astronome stagiaire conformément à une décision antérieure du Bureau.

Après le dépouillement du scrutin, un membre demande si l'on s'est assuré que les dispositions du décret du …[1] ne sont pas applicables à la nomination des élèves-astronomes. D'autres membres répondent que ces nominations, depuis la création des élèves astronomes, n'ont jamais été soumises à la sanction du ministre ; que tout ce qui concerne ces jeunes observateurs a été regardé jusqu'ici comme une affaire d'intérieur. On ajoute qu'il peuvent être révoqués par le Bureau des longitudes sur la proposition du directeur de l'Observatoire, que la haute autorité du ministre n'est jamais intervenue ni directement ni indirectement dans ce genre d'affaires. M. de Salvandy eut un jour la pensée de modifier sur ce point les règlements établis, mais après des explications légales et complètes, il reconnut la nécessité, dans l'intérêt de la science, inséparable de celui de la subordination, de laisser les élèves astronomes dans la dépendance absolue et sans contrôle du directeur de l'Observatoire et du Bureau des longitudes. Il vit qu'ainsi que cela se passe au Jardin des plantes pour les aides-naturalistes, il ne fallait pas qu'un jeune homme pût être exposé pour des manquements momentanés à ses devoirs au stygmate [sic] indélébile dont le frapperait indubitablement un acte de révocation émanant d'une autorité aussi élevée que celle du ministre. Les choses en restèrent ainsi dans l'état primitif et le règlement ne fut pas modifié.

Ce qui prouve que, dans l'opinion du ministre actuel de l'Instruction publique, rien ne doit être changé à cet égard, c'est que le jour de la prestation du serment, pas un seul élève astronome ne fut appelé à cette obligation imposée aux membres et adjoints dont les nominations sont soumises à l'approbation du gouvernement.

Au reste, voici une circonstance qui trancherait toute difficulté en supposant qu'il en existât. Le Bureau n'a pas procédé à une nomination définitive ; le scrutin unanime auquel on vient de procéder autorise seulement le directeur à faire participer provisoirement M. Ernest Liouville aux travaux de l'Observatoire dans le but de reconnaître si la place d'élève astronome lui conviendrait, et si d'autre part il conviendrait à cette place.

Le Bureau s'occupe ensuite de la constance des températures terrestres. On cite à l'appui le fait suivant : il existe aux bains du Mont-d'Or une baignoire verticale qui remonte aux Romains ; elle est fort étroite et on ne peut s'y baigner que debout. Or maintenant, la température de la source qui alimente le bain est de 44,5°, ce qui prouve qu'elle n'a pas pu avoir une température plus élevée au temps des Romains, car un bain ne serait pas supportable à une température voisine de 50°.

M. Arago cite une autre source à Bagnères-de-Bigorre ; il a déterminé sa température, 50,3°, en 1826. Cette source est d'eau presque pure, et ne contient aucune substance chimique ; Secondat avait observé en 1744 la température de cette même source avec un thermomètre de Fahrenheit et il avait trouvé 50,1°. Il n'y a donc pas eu diminution sensible depuis près d'un siècle.



[1] Décret du 9 mars 1852.

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Feurtet, Jean-Marie
Collection Volume 1844-1853
Citer ce document “Séance du mercredi 28 juillet 1852”, 1852-07-28, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 23 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3179
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