Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

[Extrait traduit par Antoine d'Abbadie de l'article]

Titre [Extrait traduit par Antoine d'Abbadie de l'article]
Créateur Abbadie, Antoine d' (1810-1897)
Contexte Volume 1876-1880
Date 1880-04-28
Identifiant O1876_1880_238
Format 13 x 20,9 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; [Note];
Description

[commentaire vertical dans la marge, en partie masqué]

Dans le dernier numéro du journal anglais Nature M. le Major John Herschel a inséré une longue lettre sur les observations du pendule. Voici un extrait de ses opinions à cet égard.

"On a toujours soupçonné que les irrégularités des résultats du pendule tiennent plutôt à des inégalités de figure dans notre globe qu'à de simples erreurs d'observation, mais aujourd'hui même cette idée ne préside pas aux observations. On s'abstient même de montrer que leur erreur probable est inférieure à l'effet probable des irrégularités locales."

"Il y a deux méthodes d'observation : l'une est absolue, l'autre est différentielle. On devrait préférer cette dernière puisque le grand but est de trouver de combien la longueur du pendule varie en différents points de la surface du globe. Cependant on s'est acharné à mesurer partout la longueur absolue et l'on se demande si les précédents seulement ont occasionné le charme qui faisait préférer cette méthode dont il m'est impossible d'apprécier les avantages. En effet il est presque toujours nécessaire de faire des réductions pour la température non seulement du pendule lui-même mais encore de l'étalon auquel on le compare. Bien des erreurs peuvent se glisser dans ces réductions."

"Néanmoins l'idée qui s'est présentée d'abord a été de mesurer des longueurs absolues et d'en déduire des longueurs relatives ; il aurait été plus sage de commencer par ces dernières."

"Selon Lalande, Mairan mesura, en 1735, la longueur du pendule à 1/15 de ligne ou 0'13 millimètre près. Pour obéir au décret de l'Assemblée nationale, Borda, qui employait un pendule de 12 pieds, trouva pour sa longueur 36 pouces 8 lignes 60 réduite à la température de 10°. On se demande ce qui a été réduit et pourquoi on a fait cette réduction. Dans cette opération la seule nouveauté fut la suspension de la boule au moyen d'une calotte sphérique qui en adhérant successivement à des portions différentes de la surface permettait d'éliminer, sous forme de moyennes, la différence qui pouvait exister entre le centre de gravité et le centre de figure de cette boule. Celle-ci était lourde, la suspension étant légère et fine. Il y avait là une admission inconsciente de l'élasticité (buoyancy) de l'air et de sa résistance.

"L'usage d'un pendule absolu avait pour but deux objets qui ne sont pas nécessairement connexes : la force de la gravité et la figure de la terre, tandis que le pendule différentiel ne visait que la recherche de cette dernière."

"Qu'est-ce que le pendule équatorial battant la seconde? C'est un pendule simple battant la seconde à l'équateur ou dans son voisinage. On est forcé de s'exprimer ainsi car il est certain que la marche d'un même pendule varie en différents points de l'équateur réel. Si ce grand cercle avait traversé la France, les savants de ce pays y auraient choisi un village équatorial pour y faire leurs observations. Peu à peu on se permit de déterminer la longueur du pendule n'importe où et non à l'équateur même où il aurait été préférable d'observer. On oublia le sommet de la montagne pour ne songer qu'à améliorer la route qui devait y conduire. On s'aperçut bientôt qu'il n'y avait pas de sommet ou, en tout cas, qu'on ne pouvait le désigner que par une étude soigneuse de tous ses abords et finalement on vit qu'il n'existait qu'en théorie, que c'est seulement une idée et même une idée non définie."

"N'essayons pas de tuer deux oiseaux avec un seul jet de pierre. L'expérience démontre que cela est difficile aujourd'hui, même avec nos moyens perfectionnés, et le bon sens ajoute que c'était illusoire dans les observations faites ci-devant."

"Jusqu'ici nous avons parlé seulement du siècle dernier. L'aspect de tout le sujet change dès le début du siècle actuel. On y trouve à peine une trace de la force de gravité comme objet principal de recherche, et je ne sais quel motif reste aujourd'hui pour préférer les mesures absolues à de simples mesures différentielles."

Telles sont les idées de M. Herschel. Elles semblent pleines de sagesse. Nous émettrons le vœu qu'on fasse en France des observations différentielles du pendule, en choisissant la longueur la plus convenable et en observant minutieusement les conseils des physiciens pour en bien déterminer la température pendant tout le cours de chaque expérience. Les premières expériences devraient être faites sous le 45e degré de latitude, dans nos grands observatoires météorologiques, et aux sommets des triangles de premier ordre.

De leur côté nos physiciens devraient mesurer la longueur du pendule tant à Paris que sous le 45e degré en s'entourant de toutes les précautions qui seraient suggérées par leur savoir et leur expérience.

Avril 28, 1880.

Antoine d'Abbadie

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1876-1880
Citer ce document “[Extrait traduit par Antoine d'Abbadie de l'article]”, 1880-04-28, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 29 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3483

Item Relations

FR751142302_006_006151_A.jpg
FR751142302_006_006152_A.jpg
FR751142302_006_006153_A.jpg
FR751142302_006_006154_A.jpg
FR751142302_006_006155_A.jpg
FR751142302_006_006156_A.jpg