Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Séance du 26 mai 1880

Titre Séance du 26 mai 1880
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1876-1880
Date 1880-05-26
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896); Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1876_1880_253
Relation C1874_1881_323
Format 18,4 x 30,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Séance du 26 Mai 1880

Présidence de M. Faye.

Le procès verbal de la séance précédente est lu ; il est adopté.

Le Bureau reçoit :

Les Comptes Rendus de l'Académie des sciences.

M. Faye dit que M. Peirce est actuellement à l'Observatoire de Paris ; M. Peirce s'occupe beaucoup du pendule, et travaille avec l'instrument de Repsold ; il a fait déjà des expériences à l'Observatoire de Berlin.

M. Faye donne des indications sur l'instrument de Repsold, qui est fondé sur un théorème de Huygens, et sur les travaux du capitaine Kater. Cet appareil jouit d'une propriété remarquable. Bessel a montré que le pendule entraîne une certaine quantité d'air ; le mouvement communiqué à cet air, se fait aux dépens de la gravité ; de là une correction dont il est assez difficile de tenir compte. Dans le pendule de Repsold, cette correction disparait.

Pour rendre l'instrument transportable, Repsold l'a disposé sur un trépied ; mais ce support oscille avec le pendule ; il faut donc une nouvelle correction ; cette correction a été déterminée par des expériences de pure statique.

Il y a plus ; non seulement le trépied oscille, mais aussi le pilier qui supporte tout l'appareil. On a pu s'en convaincre, et mesurer même les oscillations du pilier à l'aide d'un petit miroir de Gauss fixé sur le pilier.

En raison des oscillations du trépied et du pilier, M. Peirce regarde le système de M. Repsold comme beaucoup moins bon qu'on ne le supposait d'abord.

M. Faye avait conseillé de faire osciller en sens contraire deux pendules fixés sur le même pilier ; on aurait ainsi éliminé la cause perturbatrice ; M. Peirce a essayé cette modification ; cela a réussi ; mais l'appareil devient compliqué ; il cherche autre chose. M. Faye ajoute qu'on verrait avec intérêt les expériences annoncées par M. Yvon Villarceau.

M. Villarceau répond qu'il attend lui-même le résultat des expériences de M. Alvergnat, en vue d'obtenir un vide parfait.

Relativement aux vibrations du pilier qui supporte le pendule, M. Faye rappelle des expériences faites autrefois à l'observatoire de Paris par M. Laugier et M. Winnerl ; un petit levier coudé fixé au pilier, se mouvait en même temps que le pendule.

M. Faye pense que, pour réaliser un progrès sérieux, il faudrait diminuer beaucoup la masse du pendule relativement à celle des supports. On pourrait avoir un pendule très léger, oscillant dans un vide analogue à celui qui est réalisé dans les expériences de M. Crookes. M. Faye pense qu'il faudra en arriver là, si les tentatives de M. Villarceau n'aboutissent pas.

M. Fizeau croit que la voix indiquée par M. Faye est très bonne. M. Villarceau insiste sur la détermination par le pendule des rapports des intensités de la pesanteur ; au point de vue de la géodésie, ces rapports sont plus importants que les intensités absolues.

M. Fizeau parle de l'utilité de la comparaison du baromètre anéroïde avec le baromètre ordinaire ; en transportant à diverses latitudes un couple de ces appareils, on aurait la variation de l'intensité de la pesanteur. On a dit que les anéroïdes sont mauvais ; M. Fizeau a comparé pendant longtemps un anéroïde à un baromètre à mercure ; il a trouvé une grande concordance ; il pense que cela mérite de fixer l'attention. En passant de Paris à l'équateur, la différence entre les 2 baromètres, varierait d'environ deux millimètres et demi ; si l'on pouvait mesurer la hauteur du baromètre à mercure à 1/100 de millimètre, on aurait une précision assez grande. Mais, tout dépend de la température ; une variation de 1/100 de millimètre dans la colonne de mercure, répond à une variation de 1/10 de degré dans la température ; il faudrait donc être certain de connaître la température de tout le baromètre à ce degré de précision ; c'est difficile, mais on peut espérer d'y arriver.

M. Faye parle d'une communication récente qu'il a faite à l'Académie sur la géodésie. Le pendule transporté sur l'Hymalaya [Himalaya] n'a pas accusé d'augmentation de la pesanteur ; d'une manière générale, le pendule accuse plutôt une légère diminution de la pesanteur, dans les montagnes, et une légère augmentation sur les mers ; on peut presque dire, qu'au point de vue du pendule, l'Hymalaya n'existe pas ; cependant, si l'on opérait avec le pendule, au pied de la grande pyramide d'Egypte, et au sommet, l'appareil donnerait la masse de la pyramide.

M. Faye rappelle l'explication qu'il a donnée à l'Académie pour ces anomalies.

A ce sujet, M. Fizeau fait une remarquer relative au changement d'attraction d'une masse passant de l'état pâteux à l'état solide, il y a des cas, où la densité diminue dans ce passage ; cela arrive en particulier pour la foudre.

M. Faye insiste sur la nécessité de faire en France quelque chose actuellement sur le pendule. Pendant longtemps, nos savants se sont passionnés pour cette question. Aujourd'hui, tout le monde s'en occupe à l'étranger ; nous ne pouvons pas rester en arrière ; nous devons reprendre notre rang.

La séance est levée à 4h½.

Pour le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1876-1880
Citer ce document “Séance du 26 mai 1880”, 1880-05-26, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 29 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3498

Item Relations

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