Bureau des Longitudes - Séance du 6 avril 1881

Bureau des Longitudes – Séance du 6 avril 1881

Présidence de M. Faye

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu, et il est adopté.

Le Bureau reçoit :

le N° 13 des Comptes-Rendus ;

le N° 2369 des Astronomische Nachrichten ;

le N° 14 du Journal général de l'Instruction publique ;

une brochure de M. Pickering, sur les étoiles variables à courtes périodes.

M. le Président donne communication d'une lettre de Madame la Baronne de la Roche-Poncié, remerciant le Bureau des sentiments de condoléance qu'il lui a exprimés à propos de la perte cruelle qu'elle vient de faire.

[barré : M. l'amiral Pâris]

M. Faye demande à M. Loewy [barré : quand on p] à quelle époque on pourra déterminer la longitude de Besançon ; il conviendrait de faire à cette occasion la détermination de la longitude de Bordeaux, qui a été déjà demandée ; le même personnel servirait naturellement dans les deux occasions.

M. Loewy répond qu'il termine en ce moment ses conférences sur les longitudes ; les officiers de marine qui suivent ces conférences vont avoir reçu une instruction complète sur ce sujet ; il faudra ensuite les exercer pratiquement à Montsouris ; on pourrait commencer les opérations dans un mois.

M. Faye pense qu'on pourrait s'occuper des suites des préparatifs, notamment de la construction d'une cabane pour l'instrument méridien, et des piliers, pour cet instrument, pour la pendule, et pour la mire.

Toutefois, M. Faye ne peut aller immédiatement à Besançon, pour s'occuper du choix de l'emplacement ; il faut attendre que la réunion des Sociétés savantes ait eu lieu. M. Loewy auquel on a demandé combien de temps dureront les opérations, répond qu'il faut compter sur deux mois et demi environ, car il faut pouvoir réunir quinze belles soirées dans les deux stations.

M. Fizeau fait remarquer qu'on ne pourra pas commencer les opérations aussitôt que les constructions seront terminées ; la maçonnerie remue pendant un certain temps, et au début, la stabilité des piliers laisse à désirer.

M. Faye dit que la maçonnerie sera bien réduite, car on emploiera des piliers de granit ou de grès.

M. l'amiral Mouchez qui se rend au congrès d'Alger, annonce qu'il profitera de son voyage, pour visiter les observatoires de Nice et d'Alger.

M. Janssen donne des détails sur une communication qu'il a faite à la dernière séance de l'Académie, [barré : au sujet de] sur la photométrie photographique.

Une discussion s'engage à ce sujet, à laquelle prennent part MM. Janssen, Fizeau et Loewy.

M. Janssen a été amené à penser que l'éclat intrinsèque de Sirius est supérieur à celui du Soleil.

M. Fizeau fait remarquer que, pour arriver à une conclusion certaine, il faudrait connaître le diamètre de Sirius.

M. Janssen dit qu'on a la parallaxe de Sirius ; par l'analyse spectrale, on peut avoir des notions sur la température de cette étoile ; il y aurait lieu aussi de reprendre une expérience proposée par M. Fizeau, pour déterminer le diamètre apparent de Sirius ; dès à présent, M. Janssen croit que la température de Sirius est <beaucoup> plus [barré : grande] <élevée> que celle du Soleil, [barré : peut-être deux ou trois fois plus grande.]

M. Janssen ayant dit que la lumière de Sirius est plus photogénique que celle du Soleil, M. Fizeau demande si les comparaisons, optique et photographique, ont été faites assez exactement, pour qu'on puisse en tirer rigoureusement cette conclusion. M. Janssen répond que le spectre de Sirius, dans la partie [mot barré] des rayons chimiques, est plus riche que celui du Soleil. Il faudra du reste étudier aussi le pouvoir calorifique à l'aide des piles, et ce n'est qu'en tenant compte de tous ces renseignements, et aussi de la parallaxe et du diamètre apparent, qu'on arrivera à une conclusion certaine.

M. Faye parle ensuite de la photométrie, et des grands progrès réalisés depuis peu en Amérique, dans cette branche de la science ; il fait remarquer à ce sujet combien laissait à désirer l'estimation des grandeurs stellaires telle que les astronomes la faisaient jusqu'ici.

M. Loewy rappelle la loi de Fechner, d'après laquelle l'éclat d'une étoile varie en progression géométrique, quand la grandeur stellaire varie en progression arithmétique.

M. Janssen dit que les expériences qu'il a faites sur les cercles stellaires photographiques, conduisent à penser que, dans l'estimation des grandeurs des étoiles, ce sont réellement des rapports que l'on apprécie comme des différences.

M. Fizeau a fait autrefois des expériences photométriques sur les étoiles ; il a rencontré une grande difficulté provenant de la scintillation, qui empêche de bien comparer les étoiles à des points lumineux artificiels.

M. Faye revient sur la Communication de M. Puiseux, dans la dernière séance de l'Académie, sur la parallaxe solaire conclue des mesures géométriques faites à Pékin et à Saint-Paul, dans le dernier passage de Vénus ; il pense que la photographie doit donner de meilleurs résultats que les mesures micrométriques ; M. Fizeau partage cet avis.

On parle ensuite de la méthode des moindres carrés, et des inconvénients qu'il peut y avoir à rejeter les observations discordantes ; M. d'Abbadie fait remarquer à ce sujet que Lalande a rejeté la seconde observation de Neptune <observée comme une étoile fixe>, parce qu'elle ne cadrait pas avec la première.

La séance est levée à 5 heures.

F. Tisserand