Bureau des Longitudes - Séance du 8 juin 1881

Bureau des Longitudes – Séance du 8 juin 1881.

Présidence de M. Faye.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu et il est adopté.

Le Bureau reçoit :

le N° 22 des Comptes-Rendus ;

la Revue maritime et coloniale, pour Juin 1881 ;

la circulaire N° 160 du Berliner Jahrbuch ;

les N^os 18 à 22 du Wochenschrift ;

les livraisons 5 et 6 du Tome 14 de Sirius ;

les N^os 49 et 50 de The Observatory ;

Détermination de la latitude de l'observatoire de l'Ecole technique de Vienne, par Tinter ;

Une brochure sur l'orbite de la planète 173, par Becka :

Un Mémoire sur l'orbite de la grande comète II de 1861, par Kreutz.

M. Rayet, Directeur de l'observatoire de Bordeaux, remercie le Bureau d'avoir décidé la détermination de la longitude de Bordeaux ; M. Rayet va faire construire de suite la cabane et les piliers, pour l'instrument méridien, ainsi que la ligne télégraphique ; mais il désirerait un petit cercle méridien, pour pouvoir s'exercer immédiatement ; il prie le Bureau de vouloir bien lui en envoyer un le plus tôt possible.

M. Loewy trouve que la demande de M. Rayet est fondée ; l'un des cercles méridiens appartenant au Bureau est [barré : actuellement] entre les mains de M. Janssen, qui pourrait peut-être le prêter à M. Rayet.

M. Janssen répond que cet instrument est employé actuellement à l'observatoire de Meudon ; M. Janssen désire le garder ; il croit qu'il vaudrait mieux en commander un autre, et s'offre à le payer.

En attendant, on demandera à M. l'amiral Mouchez si l'observatoire ne pourrait pas disposer pour Bordeaux d'un petit cercle méridien.

On revient sur la souscription ouverte pour élever une statue à Lakanal ; après discussion, on décide que le Bureau ne souscrira pas en corps, mais que les Membres du Bureau le feront individuellement.

M. Yvon Villarceau rend compte au Bureau d'un Mémoire qu'il a rédigé, sur la flexion astronomique des lunettes ; ce Mémoire est composé de deux parties, une partie théorique, et l'autre numérique. On trouve les formules théoriques de la flexion dans divers ouvrages et en particulier, dans le traité de Mécanique de Poisson ; les résultats obtenus par Poisson sont exacts, quand on se borne aux petites quantités du premier ordre ; [barré : elles cessent de l'être] <ils sont incomplets> quand on tient compte des termes du second ordre, et ce sont les termes les plus importants, quand il s'agit de la flexion des lunettes.

M. Villarceau a donné dans son travail le calcul exact de ces termes du second ordre.

Poisson avait montré que, dans la seconde approximation, les formules comprennent certaines intégrales ; quand on les fait disparaître on élève l'ordre de l'équation différentielle finale ; cette équation est alors du 4^ème ordre, au lieu du second ordre que donnait la première approximation.

M. Villarceau a réussi à tenir compte de la présence de ces intégrales, sans élever l'ordre de l'équation différentielle.

On procède par la voie du scrutin à la désignation de candidats, pour la place laissée vacante par le décès de M. de la Roche-Poncié ; le scrutin donne les résultats suivants.

En première ligne, M. l'Amiral Cloué ;

En seconde ligne, M. Bouquet de la Grye.

M. Yvon Villarceau reprend l'analyse de son Mémoire sur la flexion des lunettes.

M. Loewy prend la parole à la suite de la Communication de M. Villarceau ; il dit que la théorie suppose remplies certaines conditions qui, en réalité, ne le sont jamais dans la pratique ; la matière du tube n'est pas homogène ; en outre, il faut tenir compte des mouvements respectifs de l'objectif et du micromètre ; ces mouvements rendent la flexion variable, ainsi que le montrent ses récentes expériences.

M. Villarceau rappelle les travaux théoriques de Hansen sur la flexion des lunettes ; cet astronome n'avait trouvé que des termes en sinz. Sin3z, sin5z… ; c'est M. Villarceau qui lui a montré comment naissent les termes en sin2z et sin4z…

Une discussion s'engage entre MM. Loewy et Villarceau au sujet des résultats auxquels est arrivé M. Villarceau. M. Villarceau demande qu'on fasse la vérification de ses formules, et qu'on engage les constructeurs, ou les Directeurs d'observatoires à se conformer à ses instructions qui reviennent en somme, à augmenter dans une certaine mesure, les épaisseurs du tube, du côté du cube.

M. Villarceau s'est occupé du procédé proposé par Struve, pour éliminer la flexion, en échangeant l'objectif et l'oculaire ; il a montré que cela n'est admissible qu'autant que le second terme de la flexion n'existe pas. Il a proposé en outre, à la fin de son Mémoire, de déterminer la flexion à l'aide de deux masses additionnelles [barré : auxquelles] qu'on pourrait [barré : donner de petits déplacements] faire varier de grandeur.

M. Faye rappelle que Hansen n'a pas été seul à étudier la flexion des lunettes ; Bessel s'en est occupé aussi ; il a étudié la flexion dans son ensemble, et a trouvé qu'on ne peut pas calculer à priori la flexion d'un appareil aussi complexe qu'une lunette munie d'un cercle divisé. Il a montré qu'on peut éliminer la flexion en observant dans les deux positions du cercle, et en observant les étoiles directement, et par réflexion.

M. Faye a employé autrefois dans la même question la série de Fourrier ; il a proposé de déterminer la flexion dans la direction horizontale, dans la direction verticale, et aussi dans des directions intermédiaires, à l'aide de collimateurs, et de représenter l'ensemble des déterminations par une formule empirique. Depuis, M. Loewy a imaginé un appareil qui permet de déterminer la flexion à toutes les hauteurs.

M. Loewy fait remarquer qu'il résulte des mesures faites récemment à l'observatoire, suivant son procédé, que la flexion du cercle est tout-à-fait négligeable, cela a été constaté pour trois cercles différents.

M. Breguet met sous les yeux du Bureau un appareil pour nivellements, imaginé par M. Galland <présenté au congrès de Nantes en 1875> : il en résulterait que l'idée qui a guidé M. Bouquet de la Grye dans son nouveau procédé de nivellement, à l'aide du niveau d'eau, n'est pas complètement nouvelle.

M. Faye parle de la grande comète qui vient d'être découverte dans l'hémisphère austral, par M. Gould, et qui a été observée aussi au Brésil par M. Cruls. Il résulte des observations que cette comète serait la grande comète de 1807 : Bessel avait calculé une orbite elliptique, et il avait trouvé une période de 1700 ans ; plus tard, en tenant compte des perturbations, Bessel avait réduit la période à 174 ans ; cette période serait finalement de 74 ans ; la différence s'explique aisément, quand on tient compte du peu de précision des observations des comètes à l'époque de Bessel.

M. Tisserand communique au Bureau un article de M. Winnecke, paru dans le dernier N° des Astronomische Nachrichten ; M. Winnecke se servant de la [au crayon de papier : sa] nouvelle lunette de 0^m48 d'ouverture, a pu constater sur le disque de Vénus la présence de taches <particulièrement> remarquables, qui permettront sans doute de déterminer la durée de la rotation de la planète [barré : sur elle-même]. Il a observé en outre l'occultation d'une petite étoile par la planète. Il pense que ces occultations d'étoiles par Vénus étant observées de divers lieux de la Terre, permettront de déterminer la parallaxe de Vénus, et par suite, celle du Soleil.

La séance est levée à 5^h½

F. Tisserand