Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

[Note d'Antoine d'Abbadie relative aux résultats d'expériences sur le sol de Cambridge]

Titre [Note d'Antoine d'Abbadie relative aux résultats d'expériences sur le sol de Cambridge]
Créateur Abbadie, Antoine d' (1810-1897)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1881-10-19
Identifiant O1881_1885_046
Relation O1881_1885_045
Format cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; [Note];
Description

Pour le procès-verbal du 19 Octobre 1881.

M. d'Abbadie communique les résultats d'expériences sur les mouvemens du sol faites à Cambridge en Angleterre par MM. Darwin frères et que l'un d'eux vient de publier. L'appareil employé a été imaginé par sir William Thomson pour montrer l'attraction de la Lune sur la verticale. Il consiste en un pendule, long de 148 centimètres, auquel on attache, par un fil de cocon et par son centre de gravité, un petit miroir vertical. A environ 3 millimètres du point d'attache on a fixé un second fil qui aboutit à un support immobile situé tout près de l'extrémité du pendule. Dans ce genre d'expérience on est forcément amené à faire un acte de foi quelque part ; ici on suppose une solidarité complète entre ce support et le point de suspension du pendule et l'on admet que leur situation relative reste toujours la même. On voit que si ce pendule change de place dans le plan du méridien et que le miroir ait été préalablement orienté dans celui du premier vertical, la déviation du pendule forcera ce miroir à tourner autour de son axe selon un angle qu'on peut mesurer, par un point brillant réfléchi sur une règle divisée, et éloignée de 5 mètres. Un déplacement <de 30 centimètres> du point brillant correspondait à 1" ou à un changement de 1/14000 de millimètre. Comme le miroir était presque toujours en mouvement, MM. Darwin ont éteint partiellement ses oscillations en enfermant tout l'appareil dans de l'eau bouillie. Plus tard ils ont préféré un mélange d'alcool et d'eau comme formant un liquide plus visqueux et dont l'effet évident fut de diminuer les oscillations du miroir. Tout l'appareil était posé sur un bloc cilindrique [cylindrique] de pierre reposant sur un lit de béton et ayant 70 centimètres de large sur 75 de haut. Ce bloc était entouré d'un anneau de maçonnerie où l'on ménagea un creux large de 30 centimètres. En remplissant ce creux avec de l'eau on atténuait encore la vivacité des oscillations. La surface de cette eau dépassait un peu le haut du bloc de pierre.

L'appareil étant ainsi disposé et observant à deux mètres de distance, M. Darwin, étant à genoux alors, trouva que s'il s'appuyait sur une main devant lui, le sol était assez déprimé pour occasionner une déviation sensible du miroir. On a même trouvé que pour amener le point brillant dans le champ de la lunette fixe où l'on observait il suffisait de déplacer un poids de quelques kilogrammes posé sur le sol de la chambre qui était pavé.

Les résultats obtenus par M. Darwin confirment ceux que j'ai obtenus en mesurant la distance de fils fixes à leur image réfléchie par une surface de mercure placée à 12 mètres en contrebas. L'image est rarement immobile et présente des fluctuations non-seulement annuelles, mais même diurnes.

Faisant l'histoire des recherches passées sur les petits mouvements du sol, M. Darwin cite le pendule horizontal de M. Perrot, déjà loué par M. Zölner [Zöllner], comme étant l'appareil le plus délicat, mais sujet à des objections fondées sur les variations de la température et peut-être de l'élasticité. Tout en rendant hommage au pendule multiplicateur de M. Bouquet de la Grye parce que c'est le seul instrument qui enregistre des résultats d'une manière continue, l'auteur Anglais lui préfère le mien parce qu'il est plus délicat, et dit avec raison que le sien est plus délicat encore. On peut construire ce dernier en réduisant ses dimensions de moitié ou même plus pour donner en divers lieux des fondements plus sûrs aux déterminations absolues de l'Astronomie et de la Géodésie où l'on admet, sans preuves jusqu'ici, que la surface du globe terrestre est toujours immobile."

A propos du procès-verbal, M. d'Abbadie désire ajouter qu'en disant qu'il n'y a point d'observatoire magnétique en France il a voulu dire qu'il n'y en a point où les observations soient enregistrées automatiquement, comme on le fait à Dublin, Kew, Greenwich et Stonyhurst. C'est par des courbes continues obtenues ainsi qu'on a pu montrer la coïncidence des variations magnétiques avec celles des taches solaires. Il serait digne du Bureau des longitudes d'émettre le vœu qu'on établisse au moins trois observatoires de ce genre en France.

[barré : Cher confrère

Ci-joint est le résumé de ce que j'ai dit à la dernière séance. S'il est permis à un absent d'ajouter une explication à propos du procès-verbal, je vous prie de lire les neuf lignes ci-dessus, après avoir demandé l'assentiment du Bureau. Quant à moi je retourne à mon observatoire après deux mois d'absence, en désirant du beau temps ; mais j'en suis trop souvent privé en Octobre.

Agréez l'assurance de mes sentiments sympathiques]

Antoine d'Abbadie

8re.25.

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “[Note d'Antoine d'Abbadie relative aux résultats d'expériences sur le sol de Cambridge]”, 1881-10-19, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 16 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3874

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