Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Sur une station magnétique et météorologique de l'Océan Atlantique

Titre Sur une station magnétique et météorologique de l'Océan Atlantique
Créateur Faye, Hervé (1814-1902)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1881-11-30
Identifiant O1881_1885_053
Relation O1881_1885_052
Format 19,5 x 30,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Note;
Description

[en marge : à annexer au procès verbal de la séance du 30 Novembre 1881]

Sur une station magnétique et météorologique de l'Océan Atlantique.

On a parlé au Bureau d'une expédition météorologique et magnétique à établir à grand frais au Cap Horn pour une année entière. J'ai fait remarquer à ce sujet que les motifs de cette expédition n'ont pas été divulgués et qu'en conséquence il serait difficile d'en apprécier l'opportunité.

Au dernier congrès météorologique on a discuté et arrêté le choix de quelques stations temporaires dans l'extrême nord. Je crois que ce choix a été dicté par le désir d'observer la marche des tempêtes qui, après avoir atteinte, dans leur marche ascendante, ces latitudes élevées, pourraient redescendre vers le sud et prendre à revers les contrées septentrionales de l'Europe. Il n'y a rien de pareil à étudier au Cap Horn [en marge : dont l'importance au point de vue de la navigation diminuera beaucoup dans un avenir prochain par l'ouverture du canal de Panama]. Il n'y voit pas non plus d'intérêt magnétique majeur. S'il s'agit d'aller à <l'extrême> sud parce que d'autres vont [se poster ?] à l'extrême nord, ce motif me semble insuffisant.

Est-ce à dire que des expéditions de ce genre soient peu désirables ? Ce n'est pas mon sentiment et je vais immédiatement en proposer une.

Une des plus belles idées de ce siècle, c'est certainement celle qui consiste à annoncer à distance, et plusieurs jours d'avance les grandes perturbations atmosphériques grâce à la connaissance de leur mode de propagation à la surface du globe.

En voici un exemple tout récent. J'ai lu dans l'Estafette du 26 nov. au soir l'entrefilet [barré : suivant] que voici :

Le Bureau météorologique du New-York Herald communique l'avis suivant : "Une perturbation traverse l'Atlantique au nord du 45e degré, et probablement son énergie augmentera en arrivant au nord de la Gde Bretagne et sur les côtes de la Norvège entre le 26 et le 27. Vents du sud tournant au N.O."

[barré : On a pu lire] La nuit même du 26 nous avons entendu à Paris siffler les raffales du bord <extrême sud> de ce cyclone. Le ministre de la marine a reçu les nouvelles [mots illisibles] [barré : à] cette tempête du 26 et du 27 <a [coupé en morceaux ?]>. Les Ministre des postes et télégraphes a, de son côté, publié un avis pour expliquer la difficulté des communications télégraphiques avec l'Angleterre à partir de l'après-midi du 26 par la violente tempête qui a sévi sur l'Angleterre et [barré : renversé] affecté gravement la plupart des lignes [barré : anglaises] télégraphiques de ce pays.

Quelques personnes objectent que ces annonces ne sont pas toujours suivies d'effet. [barré : Si ces personnes connaissaient mieux les lois de propagation des tempêtes par l'Atlantique, elles comprendraient que l'espace] En effet, la distance qui nous sépare de l'Amérique est trop grande pour qu'on puisse tracer avec sureté sur un espace de 1500 lieues la marche des grandes perturbations atmosphériques. La France est [barré : en effet] à la limite de la route suivie par les ouragans d'Amérique <lesquels aboutissent surtout aux côtes anglaises et norvégiennes>. Une station intermédiaire serait nécessaire pour nous.

Au contraire la prédiction des tempêtes au moyen des lois de la propagation [barré : peut] nous arrive d'Amérique plusieurs jours d'avance. Il est dès lors [barré : possible] facile de mettre ces avertissements à profit.

Mais, pour que ces avertissements soient profitables, il faut bien connaître les lois de propagation des ouragans. D'après les lois connues, il est aisé de tracer à la surface du globe [barré : les régions parcourues] leurs trajectoires. On voit alors que les tempêtes qui frappent l'Angleterre et la Norvège sont celles qui ont d'abord parcouru l'Amérique [barré : du nord] au nord des Açores. Celles qui frappent <[en plein ?]> la France [barré : et] l'Espagne et le nord de l'Afrique passent [barré : au sud des] en plein sur les Açores, et naissent [barré : dans] sur l'océan hors de la portée du service météorologique des Etats-Unis.

Si donc on veut avoir pour la France [barré : et] pour le midi de l'Europe et le nord de l'Afrique et l'Italie spécialement un centre d'avertissement, il [barré : est nécessaire d'] faut avoir une station météorologique au Açores. (1) [en note de bas de page : (1) Les Anglais en ont eu une dans ces iles et y ont renoncé. Cela tient à ce que les Açores sont au sud des tempêtes qui atteignent le nord de l'Europe.]

Je propose au Bureau de demander au gouvernement une station [barré : aux Açores] dans ces iles.

Au bout d'un an si l'étude des bourrasques prouve que cette station d'avertissement est bien choisie, on demandera que les Açores soient reliées au Portugal par un câble télégraphique.

D'ailleurs Au point de vue climatologique la station des Açores <placée sur la route de St Nazaire à l'Amérique équatoriale> a une grande importance parce que c'est un centre de haute pression habituelle. Des études magnétiques y présenteraient également de l'intérêt.

Je joins à cette proposition les développements suivants : Les cartes des vents dressées par [barré : M. Brault] les marins météorologues sont assurément un grand service rendu à la navigation mais la science est en droit de réclamer quelque chose de plus. Ces cartes devraient être refaites à un autre point de vue. On devrait <avant tout> y tracer les trajectoires des tempêtes. Ces trajectoires donneraient aux marins des renseignements bien autrement utiles que les roses des vents renfermées dans des carrés et dressées d'après un grand nombre d'observations où se trouvent mêlées indistinctement des vents réguliers et des vents soufflant en des tempêtes.

Il faudrait inscrire sur nos cartes, outre les trajectoires susdites, les roses des vents observés en dehors des bourrasques et seulement ceux-ci.

[barré : Je joint à cette proposition] Il peut être utile de soumettre au bureau la description d'un appareil simple, propre à faire connaître la vraie direction du vent en mer. On sait qu'aujourd'hui cette direction n'est obtenue et notée sur les livres de bord <des navires à vapeurs> qu'à deux ou trois quart près.

L'appareil consiste en une petite girouette vissée au sommet d'un bateau de loch gréé par la tranche. [barré : Au moment où l'on] Un fil électrique enroulé en bobine à [mot barré] la base de la girouette [barré : fait agir] actionne un électro aimant qui agit sur un ressort par une pointe et marque sur un disque de papier la direction de la girouette. Ce disque porte une graduation en rumbs arbitraires dont le zéro répond à la tranche du bateau et par suite à la direction du navire. [mots barrés] Le courant est produit par un élément en bichromate placé à bord. [barré : Ou le fait agir] Au moment où on lance le courant on cesse de trainer le loch et on se borne à maintenir son orientation en faisant filer la corde entre les doigts. Si l'on voulait évaluer la vitesse du vent, il faudrait y joindre un petit anémomètre à couper enroulant un fil par la tige de la girouette pendant un espace de temps donné, ou mieux encore muni d'un petit compteur de tours.

On demanderait aux [barré : navires capit] commandants de nos navires de faire une distinction entre les vents observés [barré : pendant une tempête et] dans les circonstances ordinaires et les vents observés en temps de bourrasques. Enfin on réunirait les [barré : régistres des nav] livres de bord [barré : pour en] avec les documents envoyés d'Amérique et des Açores pour tracer les trajectoires exactes des centres de bourrasque <sur l'Atlantique> pendant toute la durée de l'expédition projetée. Une pareille entreprise serait assurée d'un plein succès si l'on pouvait obtenir le concours de M. le Lieutenant Brault.

[barré : Dans tous les cas] <Mais ce qu'il y a de certain c'est que> c'est là le seul moyen efficace d'annoncer les changements de l'Atmosphère, car si le baromètre et les [figures ?] du temps perceptibles en une station donnée ou dans un ensemble de stations voisines, comme celles qui envoient à Paris leurs observations, permettent de prévoir, quelques heures d'avance, [mots barrés] les bourrasques qui amènent les changements du [barré : temps, les heures] ciel, le temps qu'on emploie à recueillir ces symptômes à les discuter, à rédiger une annonce, à la mettre dans les journaux et à la faire parvenir aux intéressés absorbe bien vite ces quelques heures d'avance, en sorte que l'annonce parvient toujours trop tard aux intéressés.

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Sur une station magnétique et météorologique de l'Océan Atlantique”, 1881-11-30, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 28 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3881
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