Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 3 mai 1882

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 3 mai 1882
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1882-05-03
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896); Pâris, Edmond (1806-1893);
Identifiant O1881_1885_079
Format 17,2 x 25 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 3 Mai 1882.

Présidence de M. l'Amiral Pâris.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu, et il est adopté.

Le Bureau reçoit :

N° 17 des Comptes-Rendus ;

{N° 16 du Journal Général ; N° 490 du Bulletin administratif} de l'Instruction Publique,

Nos 2425, 26 et 27 des Astr. Nachrichten.

N° 17 du Cosmos ;

Nos 3 et 4 du Tome 29 des Mémoires de l'Académie des Sciences de Saint Pétersbourg ;

Tables de syzygies pour la Lune, par Oppolzer.

M. Houzeau écrit de Bruxelles qu'il a fait sans succès les démarches concernant les documents officiels relatifs aux unités de poids et mesures, en Belgique, avant l'introduction du système métrique. Il offre de faire copier ce qu'il trouvera à ce sujet dans l'ouvrage de [Duntker ?]… Une lettre de remerciements est adressée à M. Houzeau.

M. Yvon Villarceau revient sur la question des [barré : la] variations de la verticale, traitée dans la dernière séance ; on ne peut déterminer ces variations que par les observations astronomiques, autrement, il faudrait supposer des repères fixes à la surface de la Terre.

La détermination de la variation de la verticale, dans le sens du méridien, se déduirait des variations des distances zénithales des étoiles ; [barré : cette question présente des dif] il serait difficile de résoudre cette question à l'observatoire de Paris, en raison de difficultés particulières, qui peuvent être attribuées en partie à l'atmosphère.

Pour la variation de la verticale dans un sens perpendiculaire au méridien, on pourrait la déduire des variations des ascensions droites des étoiles. Tel est le principe.

M. Villarceau ne peut proposer aujourd'hui un système de mesures ; aujourd'hui, les déclinaisons des étoiles sont [mot barré] souvent erronées de ½", et même de 1" ; c'est pour déterminer ces déclinaisons avec plus de précision, que M. Villarceau avait demandé la création d'un observatoire hors de Paris.

M. Loewy est d'accord avec M. Villarceau pour ce qui regarde Paris ; il ajoute que dans les observatoires, on n'a pas constaté de variations considérables dans la latitude, et que celles qui se sont produites, peuvent s'expliquer sans supposer un changement dans la verticale.

M. Villarceau dit que pour déterminer les oscillations du méridien par l'observation des ascensions droites des étoiles, il faudrait être sûr du mouvement des pendules ; on n'en est pas encore là. M. Villarceau rappelle un moyen qu'il avait proposé autrefois ; Pour déterminer le mouvement de la pendule en dehors des observations astronomiques, il voudrait prendre deux pendules astronomiques de grandes dimensions (comparables aux horloges de clochers), les placer dans une cave à température constante, les soustraire autant que possible aux variations de la pression atmosphérique, les mettre en relation avec un enregistreur, et les comparer fréquemment. Si le mouvement relatif se maintenait constant, on en pourrait déduire que le mouvement absolu est resté uniforme. Aujourd'hui, en empruntant aux observations astronomiques le mouvement de la pendule, on fait un cercle vicieux, on demande deux inconnues à une même équation.

M. Loewy ne trouve pas le procédé rigoureux ; il peut y avoir une influence commune agissant sur les deux pendules ; c'est une cause physique qui produit les variations périodiques d'une pendule ; cette cause peut agir sur les deux pendules.

[en marge, à l'envers : 2278,33 [+] 7639,51 [=] 9917,84]

M. d'Abbadie pense, que M. Villarceau est parti d'un principe excellent, en demandant aux observations astronomiques les variations de la verticale ; il fait remarquer que, pour les pendules, il n'est pas prouvé que la gravité agisse toujours de la même manière. M. Villarceau n'a pas parlé des lunettes zénithales ; M. d'Abbadie en a une ; d'un jour à l'autre, les distances zénithales qu'elle fournit pour une même étoile, différent de 2" à 3" ; à Greenwich, on a eu jusqu'à 6" ; M. Respighi, en employant un instrument différent, a obtenu en 5 [mot masqué] des différences de 3" avec les mêmes étoiles. Il faudrait expliquer ces différences. Pour les latitudes, M. d'Abbadie cite des observations faites par des observateurs exercés, qui ont trouvé, en déterminant la latitude avec un cercle méridien, des différences montant jusqu'à 6". M. Loewy pense que ce sont là des erreurs d'observation ; la théorie des probabilités montre que les erreurs assez grandes doivent se produire, mais très rarement.

M. d'Abbadie demande si l'on peut commettre une erreur de 5" sur le nadir.

M. Loewy répond qu'on en peut commettre de 1"½, dans un sens ou dans l'autre ; il trouve du reste que les observations dans les quelles intervient le bain de mercure, sont sujettes à des erreurs notables, <et que> [en marge, au crayon de papier : des erreurs de 5" doivent se produire quelquefois avec le bain de mercure.]

M. Villarceau revient à la question des pendules ; M. Loewy est d'accord avec lui, pour admettre qu'en 5 ou 6 heures, on n'a pas actuellement de moyen de déterminer le mouvement de la pendule. M. Villarceau ajoute que c'est même difficile pour 24 heures, en raison des incertitudes provenant de l'atmosphère, ou de l'équation personnelle. Il faudrait, comme il l'a déjà dit, avoir des pendules de masses considérables, soumises à une température et à une pression constante ; pour constater les influences dont parle M. Loewy, on pourrait avoir une pendule semblable pour l'un des observatoires de province, et la mettre en relation avec l'une des pendules de Paris.

M. Loewy dit qu'actuellement, la précision astronomique ne souffre pas beaucoup de ces irrégularités de la pendule ; une même étoile est observée un grand nombre de fois, aux diverses heures du jour et de la nuit, et la position conclue à la fin de l'année est indépendante des petites oscillations de la pendule.

M. d'Abbadie approuve le projet d'avoir des pendules dans divers observatoires et de les comparer régulièrement ; il voudrait qu'on pût les comparer toutes les heures.

M. Villarceau dit que les meilleures positions des étoiles sont encore celles qui avaient été données par Le Verrier ; ces positions représentaient très exactement les observations faites par M. Villarceau avec l'instrument de Rigaud, tandis que les positions du Nautical Almanac laissaient des discordances notables.

Une discussion s'engage entre MM. Loewy et Villarceau sur la précision relative obtenue dans les observatoires de Paris et de Greenwich.

M. Loewy parle de la différence de longitude entre Montevideo et Santiago ; il faudrait avoir une solution, et provoquer la décision du Ministre.

M. le Colonel Perrier pense que la demande du Bureau aura été renvoyée à la Commission de Vénus.

M. Liouville demande que M. Loewy aille, au nom du Bureau, à la prochaine réunion de la Commission de Vénus.

M. Janssen <, comme il l'avait annoncé précédemment> dit que M. Fleuriais se met à la disposition du Bureau pour cette longitude ; il y aura, pour cette opération des choses communes avec la commission de Vénus, mais il y aura aussi des choses différentes ; ainsi les frais ne pourraient être supportés par la commission de Vénus ; c'est pour cela que le Bureau a demandé 12000f. M. Janssen pense <qu'il n'est pas nécessaire> que le Bureau [barré : n'a pas d'autorisation à demander à] s'entende avec la Commission de Vénus. [en marge, au crayon de papier : c'est aux officiers qui nous demandent à faire le travail à s'entendre avec la commission.]

M. Mouchez dit que les longitudes de Carmen, de Buenos-Ayres, et de Valparaiso, se feront par la Commission de Vénus, à la quelle ces longitudes sont nécessaires ; Pour Lima, c'est différent.

M. Mouchez pense que le Bureau pourrait proposer de faire promptement les démarches diplomatiques, pour demander aux gouvernements de l'Amérique du Sud l'autorisation de se servir des lignes télégraphiques.

M. l'Amiral Cloué rend compte de la dernière séance de la Commission du Cap Horn ; il a dit que, vu la dépense élevée que nécessitera l'expédition, il faudrait tirer tout le parti possible du personnel, et ne pas se borner aux observations météorologiques et magnétiques ; on devrait s'occuper aussi d'hydrographie ; mais, il n'y a peut-être pas le personnel pour cet objet ; quand la question viendra devant l'Académie, il faudra insister sur ce point.

MM. D'Abbadie et Tisserand rendent compte d'expériences intéressantes qu'ils ont vu faire par M. Gilbert, avec un gyroscope de son invention.

La séance est levée à 5 heures,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Pâris, Edmond (1806-1893)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 3 mai 1882”, 1882-05-03, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 18 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3906

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