Bureau des Longitudes - Séance du 19 juillet 1882

Bureau des Longitudes – Séance du 19 Juillet 1882.

Présidence de M. Faye.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu, et il est adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus, N° 2 ;

Bulletin administratif, N° 501 ;

Ciel et Terre, N° 10 ;

Mitteilungen aus dem Gebiete des Seewesens, N^os 5 et 6 ;

Kundmachungen de Pola, 3^e Cahier.

M. Bréguet écrit à M. le Président qu'il ne pourra assister à la séance.

M. Trépied se met à la disposition du Bureau, pour l'observation de l'éclipse totale de Soleil de 1883.

M. d'Abbadie donne quelques détails sur un appareil construit par M. Mascart, pour déterminer les variations de la pesanteur (voir les Comptes-Rendus du 17 Juillet, où l'appareil est décrit). Le principe est connu depuis longtemps ; l'appareil actuel présente plusieurs dispositions ingénieuses. M. Mascart l'a expérimenté aux environs de Paris, et l'accord a été très grand entre l'observation et le calcul ; M. Mascart va faire de nouvelles expériences au pic du Midi.

M. Fizeau dit que dans les appareils analogues à celui-là, la température joue un rôle capital ; M. Fizeau en avait construit un il y a une vingtaine d'années ; il a constaté qu'il faut beaucoup de temps au mercure pour se mettre en équilibre de température ; de plus, l'influence de la température sur le ressort du gaz est considérable. M. Fizeau croit qu'il vaudrait mieux avoir recours à un ressort métallique, qui varierait moins avec la température.

M. Faye parle d'un appareil proposé pour le même but, il y a une quarantaine d'années, et dont on trouve la description dans l'Astronomie de J. Herschel ; il se compose essentiellement d'un petit ressort métallique roulé en spirale, et portant un poids à son extrémité inférieure ; les variations de la pesanteur sont accusées par les mouvements de ce poids.

M. Loewy dit qu'il a expérimenté avec des ressorts métalliques dans ses recherches sur la flexion, mais qu'il n'y a pas d'équilibre stable dans ces ressorts.

M. Faye fait remarquer que les ressorts spiraux des chronomètres, donnent de très bons résultats ; il dit du reste que le ressort en question devrait être plongé dans un milieu à température constante.

M. Fizeau fait remarquer que, pour de grands déplacements, les ressorts sont sujets à des déformations permanentes.

M. Faye rappelle que M. Villarceau avait déjà proposé un appareil analogue, et il ajoute que M. Rozé, de son côté, en construit un dont il attend de très bons résultats, mais en se servant de ressort. M. d'Abbadie dit que M. Boucheporn en avait aussi construit un d'après le même principe.

M. d'Abbadie rappelle des expériences qu'il a faites en plaçant un niveau sur un ressort ; il a remarqué que les déplacements du niveau n'étaient pas continus, mais procédaient souvent par sauts brusques. M. d'Abbadie mentionne d'autres expériences par lesquelles il a cherché à faire correspondre les oscillations d'un pendule et les vibrations d'un diapason ; il n'a jamais pu arriver à maintenir la coïncidence pour un certain nombre d'oscillations.

M. Faye fait remarquer qu'en un même lieu, la pesanteur est constante ; il cite un calcul curieux de Bessel, qui a montré que si toute la chaîne de l'Himalaya était transportée au pôle nord les latitudes terrestres ne varieraient que d'une seconde au plus. M. d'Abbadie dit qu'il a observé avec la lunette zénithale de M. Faye, et qu'il a constaté des variations inexpliquées.

M. Faye parle de la lunette zénithale d'Airy, et dit que les mesures faites avec cet instrument sont entachées d'erreurs très notables. Il pense que cela peut venir de différences de température [pour ?] les divers points d'une couche horizontale située dans le [plan ?] qui sert aux observations ; il pourrait en résulter que la [surface ?] du mercure ne soit pas horizontale.

Une discussion s'engage sur ce sujet, à laquelle prennent part MM. Faye et Loewy.

M. d'Abbadie demande à emporter une boussole de déclinaison absolue, appartenant au Bureau, et qui se trouve actuellement chez MM. Brunner. L'autorisation lui est accordée.

M. d'Abbadie dit qu'il a remis à M. l'Amiral Mouchez des observations d'inclinaison magnétique faites avec des aiguilles de Gambey, de 0^m,25 de long, et d'autre part avec des aiguilles de Brunner n'ayant que 0^m,060 de long ; la précision [barré : est] a été la même dans les deux cas.

M. Janssen rappelle que, dès 1868, il a fait usage d'aiguilles de 0^m,060.

Sur l'invitation de M. le Président, M. Janssen rend compte de ce qui s'est passé au dernier comité secret de l'Académie relativement au projet d'expédition pour l'éclipse totale du Soleil de 1883 ; il a été décidé que l'expédition [sera ?] faite au nom du Bureau, et de l'Académie.

M. Janssen pense que le Bureau devra de nouveau poser la question, et faire au gouvernement des propositions plus précises relativement aux crédits nécessaires.

La séance est levée à cinq heures.

F. Tisserand