Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 10 janvier 1883

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 10 janvier 1883
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1883-01-10
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896); Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_121
Format 17,3 x 25 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 10 Janvier 1883.

Présidence de M. Faye.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu, et il est adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus, N° 1

Bulletin administratif, N° 526

Ciel et Terre, N° 21

Bibliothèque universelle (Archives des sciences physiques et naturelles) Tome VIII

Astronomische Nachrichten, N° 2480.

Journal des Savants, Décembre 1882.

Annales Hydrographiques, 2e semestre de 1882.

Théorie des occultations, par M. Jaffré.

2 exemplaires de cartes célestes publiées en Amérique par C.H.F. Peters, et portant les Nos 1 à 20.

M. le Ministre de l'Instruction Publique écrit au Bureau pour le prier de désigner les membres de son bureau, pour l'année 1883.

Des lettres de convocation seront adressées à tous les membres, pour les prévenir que l'élection aura lieu dans la prochaine séance, le mercredi 17 Janvier.

Une discussion s'engage sur le procédé proposé par M. Huggins, pour obtenir en temps ordinaire des photographies d'opérer pendant les éclipses totales ; MM. Faye et Fizeau prennent part à la discussion.

A ce propos, on parle des photographies de la grande comète de 1882, obtenues par M. Gill, au cap de Bonne Espérance. M. Fizeau désirerait qu'on se rendit compte du mouvement propre de la comète, pendant la durée de pause, qui est assez considérable ; ce mouvement aurait pu diminuer la netteté de l'image de la comète.

M. Faye prie M. Tisserand de rendre compte au Bureau du voyage qu'il vient de faire à La Martinique, pour l'observation du passage de Vénus.

M. Tisserand donne des détails sur le voyage, et sur l'installation de la Mission, qui s'est faite dans le fort Tartenson, situé à peu de distance de Fort de France.

Les collaborateurs de M. Tisserand étaient :

{M. G. Bigourdan, astronome adjoint ; M. P. Puiseux, " } à l'observatoire de Paris

et M. Terao, jeune Japonais, qui avait suivi les cours de l'école d'astronomie à l'observatoire de Paris.

Venaient ensuite 4 marins (un maître armurier, un second maître de timonerie, un timonier breveté, et un matelot charpentier).

La mission disposait des instruments suivants :

1° un cercle méridien portatif de Rigaud, appartenant à l'observatoire de Paris

2° un équatorial de 8 pouces, avec mouvement d'horlogerie ;

3° un équatorial de 6 pouces, avec monture parallactique en bois ;

4° une lunette de 6 pouces, avec monture parallactique en bois ;

5° un héliomètre de 4 pouces d'ouverture, construit par Repsold.

La longitude a été déterminée de deux manières :

1° par les culminations lunaires ; on a obtenu ainsi des déterminations nombreuses, et très concordantes, en ayant égard aux corrections des tables de la Lune de [barré : dûes à M.] Hansen, corrections calculées d'avance par M. Newcomb, et publiées dans la Connaissance des temps.

2° par une triangulation qui a permis de rattacher le fort Tartenson au réseau géodésique de la Martinique, dû à Mounier ; on a pu trouver ainsi la différence de longitude entre l'observatoire et la batterie Sainte-Marthe à Saint-Pierre ; la longitude de ce dernier point a été déterminée télégraphiquement par des officiers américains en 1878.

Enfin, on a observé un certain nombre d'occultations d'étoiles par la Lune, et quelques éclipses des satellites de Jupiter ; les calculs relatifs à ces observations n'ont pas encore été faits.

Observations faites le jour du passage.

Le ciel était couvert au moment du premier contact.

Quand il s'est découvert, Vénus était entrée d'un tiers environ ; à ce moment, M. Tisserand n'a pas réussi, malgré toute son attention, à voir le contour extérieur de Vénus.

Le ciel s'étant voilé de nouveau, il n'a pu [barré : apercevoir] observer que quand la planète était à moitié entrée ; alors, la partie extérieure était visible, et elle était entourée d'une auréole, ou plutôt d'une bague dorée, très nette, pouvant avoir environ 1" d'épaisseur.

Avant le moment du 1er contact, M. Bigourdan avait vu Vénus hors du Soleil, non pas tout entière, mais seulement un petit arc lumineux, qui augmenta peu à peu de longueur, et finit par se confondre avec la demi-circonférence extérieure, quand Vénus fut entrée à moitié environ.

Pour le second contact, M. Tisserand a vu un phénomène très net ; l'auréole disparut ; les deux cornes se rejoignirent, et il y eut un contact géométrique bien accentué, exactement comme dans les observations de passages artificiels.

M. Bigourdan voyait de son côté l'auréole beaucoup plus éclatante que [barré : M.] l'observait M. Tisserand ; pour déterminer le contact géométrique, il fut obligé de prolonger par la pensée le contour du disque solaire, à travers l'auréole, et de juger quand ce contour ainsi prolongé touchait le corps de la planète. Il vit ensuite quelques franges fugitives passer près du contact, et cela à fort peu près au même instant où M. Tisserand observait le contact géométrique.

M. Puiseux a noté seulement l'instant où [barré : Vénus augmenta] l'auréole de Vénus touchait intérieurement le disque du Soleil ; il est d'accord, à fort peu près, avec M. Bigourdan, qui a observé aussi cet instant.

Après le second contact, le ciel est devenu mauvais ; toutefois, M. Tisserand a pu faire des mesures de contact avec 3 prismes biréfringents, dans le voisinage du second contact, et avec un seulement, dans le voisinage du troisième.

On a pu obtenir aussi quelques mesures héliométriques, mais qui laissent à désirer, parce que les images étaient peu nettes, et disparaissaient même souvent, pendant plusieurs minutes, au moment même où on devait les observer. Il a été impossible d'observer les deux derniers contacts, le ciel étant alors entièrement couvert.

M. Tisserand termine en remerciant ses collaborateurs, MM. Bigourdan et Puiseux ; il déclare aussi n'avoir eu qu'à se louer du concours des marins.

M. l'Amiral Cloué [barré : rappelle que c'est lui qui] qui avait proposé d'adjoindre aux Missions des timoniers de la marine, est heureux de voir qu'on a été content de leurs services.

On soulève ensuite la question de savoir si, après la visite faite mercredi dernier au Président de la République, il n'y aurait pas lieu, comme les années précédentes, d'en faire une au Ministre de l'Instruction Publique, pour lui présenter les publications de l'an passé, et l'entretenir des besoins du Bureau.

On décide de faire cette visite ; M. le Président écrit au Ministre pour lui demander une audience.

La séance est levée à 5 heures.

Le secrétaire

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 10 janvier 1883”, 1883-01-10, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 24 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3947
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