Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 24 janvier 1883

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 24 janvier 1883
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1883-01-24
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896); Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_123
Format 17,2 x 25 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 24 Janvier 1883.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu, et il est adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus de l'Académie, N° 3

Monthly Notices, N° 2 ;

Circulaires du Berliner Jahrbuch, Nos 196-197 ;

Theorie der Bahnbestimmung eines Kometen, par Herz ;

Kriterien des Vorhandenseins dreier Lösungen in dem Kometenproblem, par Oppolzer.

Laplace, Mécanique céleste, Tomes IV et V de la nouvelle édition.

[en marge : On reçoit] Une lettre ministérielle concernant M. Souchon, [barré : et renvoyée à l'examen de M. Loewy]. On y répondra ultérieurement.

M. Faye a vu le chef du secrétariat du Ministre de l'Instruction publique, qui lui a annoncé que la somme de 30 000f pour l'observation de l'éclipse du 6 Mai prochain, a été accordée. En outre, le Ministre de la Marine fera conduire l'expédition de San-Francisco à Flint, par un bâtiment de l'Etat.

M. l'Amiral Cloué et M. Janssen disent qu'il serait préférable d'envoyer ce navire à Panama ; cela dépendra du reste de la facilité qu'y trouvera le Ministre de la Marine.

Il est entendu qu'on ira voir à ce sujet le Ministre de la Marine, aussitôt qu'on aura eu une réponse officielle.

M. Faye dit que les Anglais désireraient envoyer avec l'expédition française un photographe et son aide.

On demandera à M. de Lesseps une réduction sur le prix du transport, par le chemin de fer de Colon à Panama, prix qui est très élevé.

M. Janssen qui vient de voir le Directeur de l'Enseignement supérieur, dit que le Ministre de la Marine aurait offert de transporter l'expédition, seulement de Taïti [Tahiti] à l'île Flint ; il faudra éclaircir ce point, et faire une démarche officielle à ce sujet.

On discute sur l'époque du départ de l'expédition ; M. Janssen parle du 6 Mars.

M. Cloué craint que ce ne soit un peu tard ; l'abordage à Flint, [barré : et le débar] est difficile.

M. Janssen explique qu'on aura à traiter des problèmes nouveaux, et qu'il faut du temps pour se préparer.

M. Faye demande à M. Janssen s'il compte aller à l'île Flint, ou à l'île Caroline.

M. Janssen n'est pas encore fixé ; l'île Flint serait préférable au point de vue de <la durée de> la totalité ; mais il est possible que l'île Caroline présente d'autres avantages.

M. Janssen parle ensuite des chances de beau temps ; il y a, dans cette saison, dans les îles mentionnées, des orages fréquents ; mais ils ont lieu généralement le soir ; l'éclipse ayant lieu le matin, les chances de beau temps sont assez grandes.

M. Faye prie M. Janssen de donner au Bureau quelques détails sur le voyage qu'il vient de faire en Algérie.

M. Janssen dit qu'il a observé le passage de Vénus <l'entrée> à Oran ; il s'est installé à Château-Neuf ; les recommandations du Ministre de la Guerre lui ont été très utiles ; le génie l'a puissamment aidé dans son installation.

Le passage a été observé avec de bonnes conditions atmosphériques. M. Janssen s'était proposé principalement d'étudier l'atmosphère de Vénus ; divers astronomes, MM. Huggins, Vogel, Tacchini, avaient annoncé la présence de la vapeur d'eau dans cette atmosphère. Le passage de Vénus était très favorable pour l'étude de cette question, car les rayons lumineux analysés avaient traversés l'atmosphère de la planète.

M. Janssen a employé une lunette de 8 pouces d'ouverture, un spectroscope et un oculaire de Prazmowski. Ayant choisi, dans le spectre des raies de la vapeur d'eau, il a trouvé ces raies renforcées, quand le spectroscope était dirigé sur Vénus ; mais il a constaté un renforcement analogue pour d'autres raies, ce qui lui a inspiré des doutes.

Il a fait prendre aussi des épreuves photographiques sur les quelles le Soleil et Vénus ont des diamètres de 0m,30 et 0m,01.

M. Janssen, après le passage, a été continuer ses études sur les hauteurs de Mecherria, où l'atmosphère était d'une transparence remarquable ; c'est ainsi que M. le Colonel Négrier et M. Janssen ont vu à l'œil nu un satellite de Jupiter ; le Lune étant âgée de quatre jours, M. Janssen a vu des cratères dans la lumière cendrée.

Il a repris l'étude du spectre de Vénus ; l'air était très sec ; il est arrivé que les caractères optiques de la présence de la vapeur d'eau dans l'atmosphère de Vénus, s'effaçaient.

M. Janssen a attendu que la Lune fût arrivée près de Vénus, pour comparer les spectres de ces deux astres ; les rayons lumineux traversant la même région de l'atmosphère terrestre, il y a eu pour les raies de la vapeur d'eau un renforcement un peu plus fort dans le cas de Vénus ; mais la différence était peu sensible. M. Janssen pense qu'il faudra reprendre et compléter ces études ; mais, qu'aujourd'hui, on ne peut pas donner de conclusion certaine.

M. Janssen parle ensuite des mirages qu'il a observés ; [barré : contrairement à l'opinion généralement adoptée], il ne leur assigne pas la même cause que Monge ; il croit qu'ils sont dûs probablement à la présence de la vapeur d'eau.

Une discussion s'engage ensuite sur la cause de l'anneau lumineux vu autour de Vénus dans le dernier passage. M. Fizeau dit qu'on l'attribue généralement à l'atmosphère de Vénus ; il pense qu'il y a en outre un effet de diffraction. Il croit qu'on aurait pu étudier le phénomène au point de vue de la polarisation. La lumière diffractée ne serait pas polarisée, tandis que les rayons réfractés par l'atmosphère de Vénus [barré : le] seraient <partiellement> polarisés dans un plan perpendiculaire au plan de réfraction ; il devrait donc y avoir un petit excès de polarisation dans ce plan ; on aurait peut-être pu s'en assurer, car les instruments de polarisation sont très sensibles.

Si l'anneau provenait uniquement de l'atmosphère de Vénus, il devrait présenter des traces de coloration ; ainsi, la Terre vue de loin, paraîtrait entourée d'un cercle rose.

M. Janssen explique ensuite les apparences qui doivent résulter du passage des rayons lumineux à travers l'atmosphère de Vénus, le bord le plus éloigné de la planète devrait se [barré : présenter] montrer comme un petit trait lumineux ; M. Tisserand cite à ce sujet l'observation analogue faite à la Martinique par M. Bigourdan.

M. Janssen conclut en disant que les phénomènes d'absorption et de réfraction s'accordent pour montrer que l'atmosphère de Vénus agit très peu.

M. Loewy rend compte d'expériences de comparaison qu'il a faites à l'observatoire de Paris, avec M. Bigourdan, avec l'équatorial coudé de 10 pouces d'ouverture, et l'équatorial de la Tour de l'ouest, de 11 pouces ½ ; on a observé des étoiles doubles resserrées, et on a trouvé que le pouvoir séparateur du premier instrument était supérieur à celui du second.

La séance est levée à 5 heures.

Le secrétaire

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 24 janvier 1883”, 1883-01-24, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 29 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3949

Item Relations

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