Bureau des Longitudes - Séance du 6 juin 1883

Bureau des Longitudes – Séance du 6 Juin 1883.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus, N° 22 ;

Bulletin administratif, N° 547 ;

Circulaires de Berlin, N° 206 ;

Ciel et Terre, N° 7 ;

Journal des Savants, Mai 1883 ;

Astron. Nachr. – N^os 2515-16-17.

Orbite de la planète 114, par Anton ;

Réductions du catalogue d'Auwers, par Herz et Strobl.

Le Ministre de l'Instruction Publique transmet une lettre du Ministre des Affaires étrangères, annonçant l'heureuse conclusion des opérations de longitude faites à Santiago, par M. de Bernardières.

A propos du procès-verbal, M. d'Abbadie fait remarquer qu'il a été en relation avec l'Imprimerie nationale, et que c'est la plus chère de toutes.

M. Faye dit que, pour la publication des Annales, il pourrait demander directement des fonds au Ministre, pour publier les travaux récents, et en particulier, ceux de M. de Bernardières.

M. Loewy propose la solution suivante : on a obtenu une subvention de 12 000^f, pour la détermination des longitudes de divers points de l'Amérique du Sud ; on a dépensé seulement 8000^f environ ; il y a donc une somme de 4000^f disponible ; on a aussi quelques reliquats provenant de divers points. On pourrait demander que la somme de 4000^f soit réservée pour la publication des résultats de l'expédition de M. de Bernardières.

Une discussion s'engage à ce sujet ; il est entendu que ; dans la prochaine séance, M. Loewy présentera une proposition écrite, sur laquelle on votera.

M. le Colonel Perrier dit qu'il a écrit à M. Villarceau ; il lui a indiqué que, pour les dépenses relatives au régulateur, le Bureau s'en tenait à la décision qu'il a prise récemment ; [barré : il s'est offert pour tr] M. Perrier s'est offert pour transmettre à M. Bréguet les commandes de M. Villarceau. Il résulte en outre d'une entente entre MM. Perrier et Bréguet, que la maison Bréguet fera gratuitement toutes les opérations de réglage pour l'appareil de M. Villarceau.

M. Faye parle d'une circulaire envoyée à quelques membres du Bureau par M. Cruls, Directeur intérimaire de l'observatoire de Rio-Janeiro – M. Cruls demande une réponse à la question suivante :

"Peut-on déterminer avec la lunette méridienne de l'observatoire de Rio, par l'observation des étoiles circumpolaires, l'azimut de la lunette avec la précision que demande l'état actuel de la science?"

M. Faye donne ensuite communication d'une lettre qui lui a été adressée par M. Liais, et qui fait connaître les raisons qui ont conduit M. Cruls à poser aux astronomes de l'Europe la question ci-dessus.

Il est entendu que le Bureau n'a pas à répondre à une question qui ne lui est pas directement adressée ; on discute seulement la question scientifique soulevée par M. Cruls.

M. Loewy dit que les méthodes qu'il a présentées tout récemment à l'Académie, donneraient une solution satisfaisante du problème.

On est amené à parler de la détermination de la latitude à l'observatoire de Paris ; M. Loewy, en particulier, donne des renseignements sur l'instabilité du cercle méridien de M. Bischoffsheim.

M. d'Abbadie désirerait qu'on déterminât la latitude avec la lunette zénithale.

M. Fizeau communique au Bureau les observations barométriques faites à Pétionville (Ile d'Haïti), par M. d'Abbadie ; il s'agit de la comparaison du baromètre à mercure avec le baromètre anéroïde. M. Fizeau ne s'est occupé que des observations faites par M. d'Abbadie lui-même ; ces observations étaient faites à 3 heures après-midi ; M. d'Abbadie notait les indications d'un baromètre Fortin, et de deux anéroïdes ; les observations s'étendent du 23 Novembre 1882 jusqu'aux premiers jours de Janvier 1883.

On leur a appliqué les corrections nécessaires – Voici les résultats :

Baromètre Fortin, moyenne de 46 observations, hauteur barométrique égale à 732^m.m,94.

Plus gros anéroïde, moyenne de 46 observations…… 732^m.m,42

Plus petit anéroïde, moyenne de 44 observations…… 731,26

Le baromètre à mercure a été comparé à Paris avant le voyage, et après ; il n'a pas varié. – la même épreuve a été faite pour le gros anéroïde.

Il résulte des nombres ci-dessus :

gros anéroïde – baromètre Fortin = -0^m.m,52

petit anéroïde – baromètre Fortin = -1^m.m,68

Il y a entre ces deux comparaisons, une différence notable ; il faut remarquer néanmoins, que toutes les deux ont le signe indiqué par la théorie. M. Fizeau a trouvé par le calcul, qu'on aurait dû avoir

baromètre anéroïde – baromètre Fortin = -1^m.m,82.

On peut donc dire que les prévisions de la théorie se vérifient, quant au signe, et approximativement pour la grandeur ; c'est la première vérification de ce genre qui ait été faite.

M. Fizeau présente quelques considérations, pour expliquer la cause de la différence des indications des deux anéroïdes.

M. Fizeau rappelle ensuite, qu'il y aurait peut-être lieu de mettre dans l'Annuaire une note succincte sur la mesure des hauteurs avec l'anéroïde ; une des corrections devant être ici laissée de côté.

M. Faye pense qu'on pourrait en même temps apporter à la formule de Laplace sur l'influence de l'état hygrométrique, et de la température ; enfin, il y aurait lieu d'introduire l'aplatissement 1/292, au lieu de 1/308.

M. Perrier parle de l'observatoire météorologique de l'Aigouade [Aigoual] ; les travaux vont commencer ; la Commission administrative de l'Académie a accordé une subvention de 5000^f. M. Léopold Hugo a donné 500^f ; on dispose actuellement d'une somme de 40 500^f.

M. Faye demande quels seront les instruments employés – M. Perrier répond qu'on aura des enregistreurs contrôlés par des observations directes. – On fera aussi quelques observations sur l'électricité atmosphérique.

M. d'Abbadie pense qu'il serait bon d'observer les tremblements de Terre – Il donne à ce sujet quelques renseignements sur un appareil construit récemment en Angleterre, et qui permet de déterminer l'intensité et la direction d'un tremblement de terre.

M. d'Abbadie [barré : rappelle] dit ensuite que dans son observatoire particulier, voisin de Hendaye, [barré : deux] une pendule [barré : se sont arrêtées] s'est arrêtée sans cause apparente. Le même fait s'est reproduit pour une autre <oscillant dans un azimut différent> ; cela pourrait avoir été produit par des tremblements de terre.

[en marge, au crayon de papier : M. Bréguet dit qu'un simple fil d'araignée peut arrêter une pendule.]

Sur la proposition de M. Loewy, le Bureau décide que MM. de Bernardières et Barnaud, recevront 100 exemplaires (tirage à part) de leurs Mémoires, dont on a décidé l'insertion dans le prochain volume des Annales.

La séance est levée à 5^h½.

Le secrétaire,

F. Tisserand