Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 23 janvier 1884

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 23 janvier 1884
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1884-01-23
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896) ; Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_184
Format 16,9 x 24,9 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 23 Janvier 1884.

Présidence de M. Faye.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus, N° 2 ;

Bulletin administratif, N° 580 ;

Astronomische Nachr. – N° 2568 ;

Monthly Notices, N° 2 ;

Nature, N° 742 ;

Revue Maritime et Coloniale, N° de Janvier ;

Un extrait des Comptes-Rendus, de l'Association géodésique internationale, concernant l'unification des longitudes, et l'heure universelle (Congrès de Rome, 1883).

Le Bureau reçoit une lettre ministérielle contenant la nomination du président, du vice-président et du secrétaire, pour l'année 1884. M. Marié-Davy présente au Bureau l'Annuaire météorologique de Montsouris, pour 1884.

A propos du N° 2568 des Astronomische Nachrichten, qui contient le calcul de la déviation du pendule par l'action de la Lune, M. Fizeau fait remarquer qu'on n'a pas encore pu mettre cette déviation en évidence par l'observation ; M. Fizeau rappelle un essai qu'il avait fait autrefois dans ce but ; il employait un pendule muni d'une suspension bifilaire ; l'extrémité inférieure du pendule portait un cube de verre noirci, présentant une surface plane, très près de laquelle se trouvait une autre pièce de verre [mot barré] fixe ; ces deux surfaces voisines donnaient lieu à des anneaux colorés, que l'on observait dans une lumière monochromatique ; on obtenait ainsi des franges dans le champ de la vision ; un petit déplacement du pendule devait se traduire par un déplacement correspondant des franges ; on trouve qu'avec un pendule long de 1 mètre, une déviation de 1/60 de seconde donnerait un déplacement de 3/10 de frange. Les principales difficultés qu'on rencontre dans ces expériences, proviennent du défaut de fixité des supports, et des variations de la température ; M. Fizeau croit cependant qu'on pourrait arriver par cette voie.

M. Faye pense qu'il serait intéressant d'appliquer ce procédé à la mesure de la déviation du pendule par un corps voisin ; on pourrait, comme dans les expériences de Cavendish, et dans celles de M. Cornu, en déduire la densité moyenne de la Terre.

M. d'Abbadie dit que M. Darwin, professeur d'astronomie à l'Université de Cambridge, a fait partie d'une commission chargée par l'Association Britannique, de montrer expérimentalement l'attraction de la Lune sur le fil à plomb : la commission a employé un pendule portant un miroir à sa partie inférieure ; elle a éprouvé de grandes difficultés ; l'appareil n'était jamais au repos. M. Darwin a trouvé que chaque jour, la déviation variait avec l'heure ; les déplacements sont irréguliers, et on n'a pu en trouver la loi. M. D'Abbadie ajoute que le procédé de M. Fizeau lui parait préférable à celui de la commission anglaise.

M. Faye pense que les mouvements du sol, continuels, très faibles à la vérité, mis en évidence récemment par les Italiens, doivent nuire [barré : aux] à ce genre d'observations.

M. Tisserand rappelle que M. Delaunay avait chargé autrefois M. Marié Davy, de mettre en évidence l'attraction de la Lune sur un pendule de 30 mètres de longueur, placé dans un puit à l'Observatoire ; M. Marié Davy dit que ses travaux de maçonnerie qu'on exécutait alors dans le voisinage de l'appareil, ont rendu les expériences impossibles.

M. Faye donne lecture de la lettre qu'il a rédigée, au sujet de la demande de pension pour Madame Yvon Villarceau ; cette lettre est approuvée, et envoyée au Ministre.

M. Loewy dit que le tome 3 des Annales du Bureau va être prêt, et qu'on pourra adresser une demande d'audience au Ministre ; M. Faye se charge de cette demande.

Les propositions budgétaires du Bureau [barré : sont soum], pour 1884, sont soumises à l'examen de MM. Cloué, Janssen et Loewy ; elles sont approuvées ensuite, et renvoyées au Ministre.

M. Faye donne lecture au Bureau d'une note de M. Perrotin, sur les variations singulières qu'aurait présentées la comète Pons-Brooks ; il présente en même temps un dessin de la comète.

MM. Janssen et Fizeau croient que l'état de l'atmosphère a pu jouer un rôle important dans les variations mentionnées ; il aurait été désirable que M. Perrotin ait regardé en même temps l'image d'une belle étoile, pour voir si cette image n'était pas modifiée aussi par les conditions atmosphériques. [en marge, au crayon de papier : M. Loewy a dit que cela pouvait être produit par de la buée déposée sur l'objectif.] M. Faye demandera un supplément d'informations à M. Perrotin.

M. Faye donne lecture d'une traduction d'un article publié dans le Reichs Anzeiger du 7 Janvier dernier, par M. Förster [Foerster], Directeur de l'observatoire de Berlin, sur les ondes atmosphériques produites par l'éruption du Krakatoa ; ces ondes se sont manifestées par des variations barométriques très sensibles ; la première est arrivée à Berlin 10 heures après la catastrophe, la seconde 16 heures après ; les deux ondes auraient suivi [barré : l] l'arc de grand cercle, la première par le chemin le plus court, la seconde par le chemin le plus long, se mouvement à peu près avec la vitesse du son ; M. Förster trouve dans les variations du baromètre des indications d'où il résulterait que les mêmes ondes auraient fait, en restant sensibles, 3 ou 4 fois le tour de la Terre.

M. Marié Davy examinera si les mêmes variations ont <été> accusées par les instruments enregistreurs de Montsouris, et soumettra au Bureau le résultat de ses recherches.

M. Marié Davy demande si l'on a une idée de la vitesse de l'onde transmise par la mer, à la suite du même phénomène.

M. Fizeau parle d'un calcul fait par M. Boussinesq, déjà mentionné dans nos procès-verbaux, et d'où il résulte que c'est l'onde solitaire qui a transmis le phénomène ; il y donc à cet égard une différence essentielle entre les rôles joués [barré : à cet égard] par la mer et par l'atmosphère ; l'onde atmosphérique parait due seulement à l'élasticité, ce qui n'est pas le cas de l'onde transmise par la mer.

A l'occasion d'une [mot barré] remarque faite par M. Marié-Davy, M. l'Amiral Cloué dit que les raz de marée sont produits par des ouragans, et que le mouvement de la mer qui en résulte, est entièrement superficiel, et ne se propage pas à de grandes distances.

[en marge, au crayon de papier : au contraire, les ondes produites par les grands tremblements de terre agitent la masse entière de la mer, et non pas seulement la surface]

M. Loewy, parlant des améliorations qu'on pourrait encore apporter à la Connaissance des temps, dit que dans les derniers Congrès, des astronomes étrangers lui ont exprimé le désir de voir augmenter le nombre des étoiles susceptibles d'être occultées par la Lune, et publiées dans notre recueil astronomique ; M. Loewy pense avoir trouvé une méthode de calcul plus rapide, grâce à laquelle on pourrait réaliser l'augmentation désirée, sans accroître le travail de calcul dans des proportions notables.

M. d'Abbadie demande un perfectionnement ; il propose de remplacer partout dans la Connaissance des temps, le temps astronomique par le temps civil.

[en marge, au crayon de papier : M. Loewy fait remarquer qu'il est important de donner les éphémérides du soleil, de Mercure et Vénus, pour midi. M. Faye dit que, pour les autres, on pourrait calculer pour minuit.]

M. Faye fait remarquer qu'à l'occasion de la réforme du système métrique, Laplace avait introduit le temps civil ; mais, la réforme n'a pas été adoptée par les astronomes, qui sont revenus à leur ancienne manière de compter le temps à partir de midi.

La séance est levée à 5 heures.

Le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 23 janvier 1884”, 1884-01-23, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 23 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4009
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