Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 6 février 1884

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 6 février 1884
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1884-02-06
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896) ; Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_186
Format 16,9 x 24,8 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 6 Février 1884.

Présidence de M. Faye.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus N° 4 ;

Bulletin administratif, N° 582 ;

Journal des savants, N° de Janvier ;

Ciel et Terre, N° 22 ;

Nature, N° 744 ;

Astr. Nachr. N° 2570 ;

Circul. de Berlin, N° 221 ;

Rapport annuel par M. Pickering, sur l'observatoire de Harvard College.

Une discussion s'engage à propos d'une note de M. Vogel, insérée dans les Astron. Nachr., concernant les changements physiques remarquables qu'a présentés la comète Pons-Brooks ; il y a eu des changements dans le spectre, qui paraissent venir à l'appui des changements remarqués par M. Thollon à Nice.

On parle à cette occasion du cercle entourant le noyau de la comète, qui a été signalé par MM. Perrotin et Thollon ;

M. Janssen dit que si ce cercle avait un diamètre de plusieurs minutes, il provenait de l'atmosphère terrestre ; si le rayon était petit, quelques secondes, il pouvait provenir de la comète elle-même.

A propos d'un article du Journal anglais "Nature", on parle des vagues atmosphériques qui se sont propagées à la suite de la catastrophe de Java.

Il résulte d'un article de "Ciel et Terre", que la vitesse de propagation serait plus petite que la vitesse du son, de 1/15 environ.

M. le Colonel Perrier fait remarquer que le son ne se propage pas ici dans les conditions ordinaires, et qu'il faut tenir compte de la courbure de la trajectoire.

M. Fizeau fait observer que les remarques présentées lundi dernier à l'Académie <par M. Faye>, semblent indiquer que les crépuscules extraordinaires de ces temps derniers sont en relation avec l'explosion de Java ; en 1831, on avait observé des lueurs tout-à-fait analogues, sinon identiques ; il y avait alors aussi des phénomènes volcaniques importants dans l'île de Jullia (Méditerranée).

M. d'Abbadie parle d'un nouvel éclairage des fils des réticules, sur champ obscur, dont il a lu la description dans un journal anglais ; l'éclairage est obtenu à l'aide de tubes de Geissler ; les fils sont éclairés de tous les côtés.

M. d'Abbadie dit que l'éclairage des fils brillants sur champ obscur, réalisé par M. Eichens, pour son observatoire privé laisse beaucoup à désirer ; d'autre part, MM. Brunner ont très bien réuni cet éclairage dans l'équatorial de Lyon.

M. Tisserand donne quelques détails sur les résultats analogues, concernant les instruments de Paris et de Toulouse.

M. Janssen dit que M. Hall lui a montré, dans la grande lunette de Washington, des fils éclairés par de la lumière rouge ; les résultats sont excellents ; l'écartèlement de deux fils placés à une distance de 1/3 de seconde, est très sensible.

M. Faye parle de la Note de M. Cornu, inséré dans le dernier N° des Comptes-Rendus, qui donne un moyen très ingénieux pour distinguer dans le spectre, les raies telluriques des raies solaires ; M. Faye prie M. Fizeau de donner quelques détails à ce sujet.

M. Fizeau rappelle d'abord une expérience curieuse de M. Thollon ; conformément aux idées émises par M. Fizeau, il y a plus de 35 ans, les longueurs d'onde de rayons de même couleur, provenant de deux points du disque solaire situés aux extrémités du diamètre équatorial, ne peuvent pas être identiques ; cela tient à la vitesse de rotation du Soleil ; pour l'un de ces points, la vitesse de rotation [barré : du Soleil] s'ajoute à la vitesse de propagation de la lumière ; pour l'autre, elle s'en retranche. Donc, quant aux raies solaires provenant de l'un des bords du Soleil, on substitue celles qui proviennent de l'autre bord, il y aura un déplacement des raies ; ce déplacement n'aura pas lieu pour les raies telluriques ; c'est ce que M. Thollon a très bien mis en évidence.

M. Cornu a constaté de nouveau ce phénomène, et en a rendu l'observation très facile ; il place en avant de la fente du collimateur une petit lentille, donnant une très petite image du Soleil ; il fait osciller rapidement cette lentille (deux ou trois fois par seconde) ; il en résulte que les rayons qui tombent sur la fente du collimateur proviennent tantôt d'un bord du Soleil, tantôt de l'autre ; les raies d'origine solaire se déplacent donc continuellement, et très rapidement ; ces raies solaires oscillent comme la lentille [barré : elles se brouillent], et se distinguent ainsi aisément des raies telluriques qui restent immobiles.

Les expériences de M. Cornu l'ont conduit à reconnaître que le groupe α d'Angström dans le spectre solaire, est tellurique, et qu'il est produit par le même élément absorbant que les groupes A et B, étudiés en détail par M. Langley. Il résulte des expériences directes faites par M. Egoroff que les groupes A et B seraient produits par l'oxygène de l'air ; le groupe α aurait donc la même origine.

M. Janssen insiste sur l'importance des observations de M. Egoroff.

M. Faye demande si l'azote de l'atmosphère ne révèlera pas aussi sa présence par des raies d'absorption.

M. Janssen dit qu'il fait monter un appareil pour obtenir toutes les raies d'absorption produites par l'oxygène, l'hydrogène, l'azote et la vapeur d'eau ; il opèrera avec des tubes de 60 mètres de longueur, dans lesquels pourront être comprimés jusqu'à 100 atmosphères.

M. Janssen trouve [barré : trouve] très ingénieux le procédé de vibration de la lentille employé par M. Cornu ; il ajoute que les raies [barré : telluriques] solaires représentent une moyenne des rayons absorbés, et que, pour avoir le spectre tellurique dans toute sa délicatesse, il faudrait interroger une portion limitée du disque solaire.

M. Fizeau fait remarquer que, si les raies telluriques ont une tendance à se brouiller, cette tendance est bien faible.

M. Fizeau donne ensuite quelques indications sommaires sur une autre forme de l'expérience de M. Cornu ; ce physicien emploie un spath qui donne deux images du Soleil ; ces images sont tangentes ; [barré : l'équateur solaire est dirigé s] la fente est dirigée suivant l'équateur solaire, qui passe par le point de contact ; les vitesses de la lumière en ce point sont différentes pour les deux images, et il en résulte une dislocation de chaque raie solaire, en passant du spectre fourni par l'une des images à celui donné par l'autre.

M. Fizeau rappelle qu'on avait constaté des dislocations analogues dans les raies provenant de certaines taches.

M. Faye dit que ces dislocations se sont en effet présentées dans certains cas pour l'hydrogène, mais jamais pour l'hélium, qui accompagne cependant toujours l'hydrogène.

M. Fizeau dit que l'hydrogène et l'hélium devaient avoir des vitesses différentes, ou ne provenaient pas du même point ; l'un de ces corps avait un mouvement très différent de l'autre.

M. Faye répond que l'hydrogène et l'hélium ayant toujours été trouvés l'un avec l'autre dans le Soleil, leurs raies devraient éprouver les mêmes perturbations.

M. Janssen dit que, quand on examine le spectre d'une tache, il y a dans cette tache des parties situées à des profondeurs différentes, et animées de vitesses différentes aussi ; quand une portion d'une raie de l'hydrogène est rectiligne, l'hydrogène provient de régions calmes, animées de la même vitesse ; quand la raie est disloquée, elle provient de région tourmentées, où la vitesse de l'hydrogène était très différente.

M. Janssen rapporte que, dans son récent voyage en Angleterre, M. Lockyer lui a montré des spectres solaires où manquent certaines raies du fer ; il y en a d'autres sur les quels [barré : il y a] se trouvent à un moment donné certaines régions solaires ; le fait est que les spectres du fer ne sont pas semblables à eux-mêmes, suivent le moment où on les obtient, et la région solaire d'où ils proviennent.

M. Faye rappelle que quand on fait absorber des rayons lumineux par certains milieux, certaines raies disparaissent, d'autres non.

M. Janssen dit que les observations que lui a montrées M. Lockyer, ne peuvent pas s'expliquer avec ce que nous savons actuellement.

La séance est levée à 5 heures.

Le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 6 février 1884”, 1884-02-06, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 25 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4011
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