Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 27 février 1884

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 27 février 1884
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1884-02-27
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896) ; Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_189
Format 16,9 x 24,9 cm pour le double feuillet, 16,7 x 24,9 cm pour le feuillet; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 27 Février 1884.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus N° 7 ;

Bulletin administr. N° 585 ;

Circulaires de Berlin, N° 222 ;

Astr. Nachr. – N° 2574 ;

Annuaire de Montsouris pour 1884 ;

Nature, N° 747 ;

Ephémérides de Coïmbre, pour 1885 ;

Grand Annuaire National, 1884.

M. Tisserand présente le N° 1 du Bulletin astronomique, et donne quelques indications sur le rôle de ce nouveau journal scientifique.

M. Faye présente au Bureau une troisième série de mesures micrométriques d'étoiles doubles faites à l'observatoire de Nice par Perrotin ; ces observations seront publiées prochainement dans le Bulletin astronomique.

M. l'Amiral Cloué demande à ce sujet où en est l'affaire de la remise au Bureau de l'observatoire de Nice.

M. Faye répond que, depuis la dernière visite faite au Ministre par les membres du Bureau, il n'a pas eu de nouveaux renseignements.

On donne lecture de la lettre ministérielle, déjà communiqué dans la dernière séance, au sujet du choix d'un méridien universel. M. Faye rend compte de ce qui a été fait à la Commission nommée par l'Académie, pour le même sujet ; on a décidé, après discussion, de demander au Ministre d'adjoindre à la commission académique, des représentants des divers corps intéressés, de la Guerre, de la Marine, des Télégraphes, et des administrations de chemins de fer ; la commission ainsi complétée étudiera la question, et fera un rapport au gouvernement, qui nommera ensuite des délégués pour le représenter à la Conférence de Washington, et leur donnera ses instructions.

M. Faye propose de répondre au Ministre en lui rappelant ce qui a été fait par la commission de l'Académie ; de dire que plusieurs membres du Bureau siègent dans cette commission, et que ce n'est qu'après le rapport de la commission complété, que le Bureau aura à présenter des membres pour la [barré : congrès] Conférence de Washington.

M. Faye ajoute que la question des délégués du Bureau se trouvera probablement simplifiées par la circonstance suivante : il a été question de réunir cette année le congrès géodésique à Washington ; or, le Bureau doit être représenté à ce congrès par deux de ses membres ; il serait naturel de désigner les mêmes membres pour représenter le Bureau à la conférence relative au premier méridien.

M. Cloué dit qu'il faudrait envoyer aussi des représentants des services qui vont être consultés ; il rappelle que le Ministère de la Marine a déjà été saisi de la question ; le Dépôt de la Marine a fait un rapport ; il faudrait, à la Conférence de Washington, un délégué de la Marine, et sans doute un représentant des Compagnies de chemins de fer.

M. Cloué craint que le Congrès géodésique ne veuille s'imposer, à Washington comme à Rome ; nous serions encore battus d'avance ; mieux vaudrait nous abstenir.

M. Faye dit qu'il faut attendre les décisions de la nouvelle commission demandée par l'Académie.

M. Faye donne lecture du [barré : rapport] projet de rapport qu'il avait présenté à la commission de l'Académie.

Au sujet de ce rapport, M. Fizeau fait remarquer que les Etats-Unis publient aussi des cartes nombreuses.

M. Faye répond que ces cartes ne concernent que les côtes des Etats-Unis ; il n'y a pas là de service hydrographique spécial organisé ; les marines des Etats-Unis naviguent avec les cartes anglaises.

M. Cloué ajoute que les cartes des côtes des Etats-Unis sont récentes, elles ne remontent qu'à une vingtaine d'années.

M. Faye, revenant à la représentation du Bureau dans le Congrès géodésique annuel, dit qu'il y aura lieu de remplacer M. Yvon Villarceau ; on s'occupera de cette nomination dans une prochaine séance.

M. Faye rédige une lettre au Ministre, dans le sens indiqué plus haut ; il en donne lecture au Bureau ; la lettre est approuvée, et sera envoyée au Ministre.

[en marge, au crayon de papier : fin [signature ?]]

On arrive ensuite à la question de l'Observatoire ; lecture est donnée de nouveau de la lettre ministérielle, communiquée dans la dernière séance, et saisissant le Bureau de la question. M. l'Amiral Mouchez donne un résumé des motifs qui lui ont fait demander le transfert de l'observatoire ; il insiste en particulier sur les difficultés qu'il a rencontrées avec le personnel ; plusieurs fonctionnaires de l'Observatoire ont des occupations au dehors, et ne donnent aux observations qu'un temps insuffisant ; en outre, pour obtenir de bons résultats, il faudrait loger le personnel ; les nouveaux terrains, acquis récemment, sont minés par les catacombes ; on rencontrerait de très grandes difficultés pour y établir la grande lunette, et on serait amené à dépenser pour cela une somme considérable.

M. Mouchez parle ensuite du cercle méridien Bischoffsheim, dont l'instabilité permanente est très gênante.

Il ajoute qu'il est craindre que des constructions élevées [barré : dans] d'ici peu, dans le voisinage de l'observatoire, soit au Nord, soit au Sud, [barré : ne] gênent beaucoup les observations méridiennes.

M. Mouchez dit que, pour ces raisons, il y a lieu de transférer l'observatoire ; l'Etat ne pouvant fournir la somme nécessaire, il a proposé de vendre une partie des terrains de l'Observatoire.

M. Mouchez rappelle enfin qu'en 1868, l'Académie avait [barré : approuvé] demandé le transfert de l'observatoire ; il demande aujourd'hui au Bureau d'appuyer son projet.

M. le Colonel Perrier dit que M. Wolf a proposé à la Commission de l'Académie d'installer [barré : deux] la grande lunette et le Bischoffsheim aux environs de Paris, dans un terrain appartenant à l'Etat, et assez vaste, pour qu'on puisse y installer plus tard tous les services ; M. Perrier voit des difficultés dans le transfert complet effectué à bref délai.

M. Fizeau demande où l'on installerait le nouvel observatoire. M. Mouchez répond que ce serait sans doute à Viroflay.

M. Fizeau trouve que la question n'a pas été suffisamment étudiée.

M. d'Abbadie dit que l'observatoire actuel a été construit dans de mauvaises conditions par Perrault, malgré les astronomes, Cassini <et Picard> en particulier ; en principe, il approuve la proposition de M. Mouchez ; il craint cependant, avec M. Wolf, les difficultés qui pourraient provenir du logement de tous les astronomes et de leurs feuilles dans l'enceinte de l'observatoire ; M. d'Abbadie ne serait pas d'avis de loger tout le monde, mais de permettre seulement à tous les observateurs de passer la nuit à l'observatoire, quand cela serait utile.

M. Fizeau dit qu'une des principales raisons alléguées pour le transfert, est que le personnel actuel ne travaille pas assez ; ce n'est pas une raison déterminante ; en réorganisant l'observatoire, on obtiendrait sans doute un résultat meilleur. M. Fizeau fait remarquer en particulier que tous les astronomes sont à peu près inamovibles, alors que le Directeur est nommé pour cinq années seulement ; il y a là une contradiction choquante.

Pour ce qui concerne le logement des astronomes, on pourrait construire des maisons dans les terrains qu'on veut vendre aujourd'hui.

M. Mouchez répond qu'il faudrait dépenser beaucoup d'argent pour loger les observateurs, et qu'on n'en a pas.

Il insiste sur le manque de stabilité des instruments méridiens, et sur les constructions qui se font autour de l'observatoire, et menacent de rendre les observations difficiles dans un délai assez rapproché.

[barré : M. Fizeau fait remarquer que dit que]

M. Fizeau fait remarquer, qu'en 1868, l'Académie a voté une double proposition, portant, en premier lieu, que l'observatoire devait être conservé intégralement ; en second lieu, qu'un second observatoire, pour l'astronomie physique et la météorologie, serait construit dans le voisinage de Paris ; or, l'observatoire de M. Janssen donne satisfaction à la seconde partie du vœu de l'Académie.

M. d'Abbadie rappelle que, quand il a entrepris ses recherches sur la verticale, il s'est préoccupé d'avoir des positions des étoiles fondamentales, exemptes de tout reproche ; on lui a répondu qu'on ne pouvait pas les avoir à Paris, qu'il faillait s'adresser à Leyde ou à Pulkova [Poulkovo].

M. Fizeau fait remarquer à ce sujet que les observatoires étrangers les mieux organisés, et les mieux situés, ne sont pas d'accord pour les positions des étoiles fondamentales ; le transfert de l'observatoire ne résoudra pas la question d'une manière définitive ; du reste, l'astronomie ne comprend pas seulement la détermination des étoiles fondamentales ; il y a beaucoup de questions intéressantes qui pourraient être résolues à l'observatoire de Paris.

M. Fizeau ajoute que le choix de l'emplacement d'un observatoire de premier ordre est une chose très délicate ; il rappelle qu'en 1868, on avait fait des observations comparatives, avec des instruments identiques, à Paris, et aux environs.

M. Mouchez répond qu'il n'a pas à s'occuper de l'observatoire de Meudon : qu'en 1868, l'Académie ne demandait que le transfert ; il s'agit aujourd'hui d'organiser une succursale de l'Observatoire, où l'on transporterait une partie des services ; l'observatoire de Paris serait conservé.

M. Tisserand dit que, si l'on n'envisage que le point de vue scientifique, il y a lieu d'installer hors de Paris la grande lunette et le Bischoffsheim ; pour le transfert des autres instruments, on aurait [barré : pu attendre] peut-être pu attendre. M. Perrier approuve le transfert en principe ; il croit qu'il n'aurait pas fallu le faire tout d'un coup ; on aurait pu transporter d'abord la grande lunette et le Bischoffsheim, et laisser le reste, au moins pendant un certain temps. M. Fizeau dit qu'il admet la nécessité de l'établissement hors Paris, pour la grande lunette ; mais, pour le Bischoffsheim, il pense que les fondations ont été mal faites, et qu'il serait possible, dans l'enceinte actuelle de l'observatoire, d'asseoir solidement cet instrument, dont les dimensions, en somme, ne sont pas considérables.

M. Faye revenant sur quelques uns des points traités par M. Fizeau, trouve avec lui que certains points de l'organisation actuelle, laissent à désirer ; ainsi, il y a lieu de regretter la nomination du Directeur pour cinq ans seulement ; mais, pour le reste, M. Faye est de l'avis de M. Mouchez ; il s'oppose à ce qu'il y ait deux parties de l'Observatoire, l'un à Paris, l'autre en dehors ; il ne voudrait donc pas de succursale. Il faut se demander si l'Observatoire peut rester là où il est ; M. Faye parle des trépidations du sol ; il rappelle qu'en dehors de Paris, M. Villarceau faisait ave les petits instruments des observations supérieures à celles qu'on obtient à Paris avec les grands instruments ; l'Observatoire est mal situé ; il faut prendre une décision. Le projet de la vente des terrains est sujet à objection sans doute, mais on y a été conduit par le manque d'argent.

M. Faye pense, qu'après la création du nouvel observatoire, on pourrait donner l'ancien au Bureau qui en a été déjà possesseur ; on ouvrirait cet établissement aux savants, aux marins et aux voyageurs.

M. Fizeau fait remarquer que cette dernière idée ne figure pas dans le projet de M. Mouchez.

M. Mouchez revenant sur la proposition faite plus haut d'établir hors Paris, seulement la grande lunette et le Bischoffsheim, demande où l'on trouverait l'argent nécessaire pour cet établissement.

M. Perrier dit qu'il n'envisage la question qu'au point de vue scientifique ; le Bureau n'a pas à s'occuper des voies et moyens ; c'est une question administrative.

M. Mouchez [barré : ajoute qu'il serait difficile d], répondant à une objection présentée par M. Fizeau, dit qu'il serait difficile d'installer à l'observatoire de Paris, le Bischoffsheim dans des conditions satisfaisantes au point de vue de la stabilité ; en outre, cela entraînerait une dépense assez élevée.

La séance est levée à 5h½.

Le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 27 février 1884”, 1884-02-27, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 25 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4014
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