Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 19 mars 1884

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 19 mars 1884
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1884-03-19
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896) ; Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_192
Format 16,8 x 24,9 cm pour le double feuillet, 16,4 x 25 cm pour le feuillet; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 19 Mars 1884.

Présidence de M. Faye.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté ;

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus, N° 10 ;

Ciel et Terre, N° 2 ;

Revue Maritime et Coloniale, N° de Mars ;

Astron. Nachr. Nos 2577-78 ;

Monthly Notices, N° 4 ;

Nature, N° 750 ;

Déterminations de longitudes sur la côte orientale de l'Afrique, par Finlay ;

Détermination télégraphique de la longitude de l'observatoire du Cap de Bonne Espérance, par Gill.

Catalogue de Glascow [Glasgow], 6415 étoiles, par Grant.

Le Ministre écrit au Bureau pour avoir un état des personnes logées dans les Bâtiments du Bureau des Longitudes ; un projet de loi proposé à la Chambre, concernant les logements concédés à des fonctionnaires, est annexé à la lettre ministérielle.

Monsieur Faye met sous les yeux du Bureau un exemplaire des éphémérides astronomiques à l'usage des navigateurs, que M. Dubois publie depuis 15 ans à Saint Brieuc ; toute la partie astronomique est extraite de la Connaissance des temps ; M. Faye pense que M. Dubois aurait pu mentionner cela dans le titre de son recueil, ou demander l'autorisation du Bureau.

M. Faye, <rappelle qu'> à propos d'une publication analogue à celle de M. Dubois, [barré : rap] il avait proposé autrefois au Bureau de publier lui-même un abrégé de la Connaissance des temps, à l'usage de la marine du commerce ; sa proposition n'avait pas été acceptée.

Après plusieurs observations présentées par MM. d'Abbadie, Cloué et Janssen, <qui appuyent la proposition de M. Faye>, on décide d'examiner de nouveau la question dans une séance ultérieure.

M. d'Abbadie émet le vœu que l'on insère dans la Connaissance des temps la longitude de Madras, déterminée récemment par le télégraphe.

M. l'Amiral Cloué dit qu'il [barré : est en] revoit avec soin en ce moment une grande partie des positions géographiques de la Connaissance des temps, que cela occasionne un travail considérable, donne lieu à beaucoup de corrections, et qu'il ne peut tout faire en même temps ; il adoptera la nouvelle longitude de Madras, quand il en sera arrivé à cette partie de son travail.

M. Cloué ajoute qu'il a déjà changé plus de 100 positions.

M. le Colonel Perrier dit à ce sujet qu'il fera faire une liste des positions géographiques de l'Algérie, en les déduisant de sa triangulation, et qu'il la remettra à M. Cloué.

M. l'Amiral Mouchez présente un rapport de M. Beuf sur une triangulation faite par cet officier pour rattacher son observatoire de la province de la Plata, à des points importants du pays. M. Loewy enverra ce travail à M. de Bernardières, qui en a besoin, pour tirer les conclusions de ses déterminations de longitudes dans l'Amérique du Sud.

M. Perrier [barré : présente au B] fait hommage au Bureau de ses cartes de la Tunisie.

Il rappelle les travaux de Falbe, qui, en 1837, explora une [barré : grande] partie de la Régence, <un cinquième environ> avec un petit théodolite, une montre et un sextant ; il avait mesuré une base de 5 kilom. près de Carthage, la latitude et un azimut à Tunis. Le Dépôt de la Guerre, en 1843, chargea le capitaine de Sainte Marie de continuer le précédent travail ; de là est résulté une carte de la Tunisie faite par le Dépôt, d'après les travaux des deux géographes cités plus hauts.

On n'a pas eu d'autre carte jusqu'à la guerre faite récemment en Tunisie. Cependant, les Italiens avaient étendu leur triangulation, de la Sicile en Tunisie, en se servant des îles intermédiaires ; ils rendirent compte de leur travail au Congrès géodésique de Stuttgart, en 1877, et c'est à la suite de ce congrès que M. Perrier décida de se rendre à Carthage, où il détermina la longitude par le télégraphe, la latitude et un azimut ; la base fut fournie par la longueur du côté de l'un des triangles Italiens ; M. Perrier fit à cette occasion des levés de plusieurs parties du pays.

Dans le sud, on avait des levés faits par M. Roudaire et M. Duveyrier ; mais on n'avait encore absolûment rien pour la [Kroumiri ?] ; cette lacune fut comblée au moment de la guerre, on n'a pas cessé le travail depuis cette époque ; la première année, on a donné 6 feuilles pour la partie Nord ; la seconde, 6 feuilles pour le centre, et cette année, au mois d'Avril, tout le sud sera achevé ; les cartes sont à l'échelle du 1/200 000.

On n'aura pas encore ainsi des cartes de haute précision ; mais elles suffiront pendant longtemps aux besoins des services publiés. Tout est préparé <du reste> pour qu'on fasse l'an prochain une triangulation précise de tout le pays.

M. Faye remercie M. Perrier de son intéressante communication. M. Mouchez recommande à M. Perrier de ne pas négliger les détails des côtes ; il signale les îles Galite, haute de 350 mètres, distante de la côte seulement de 15 milles, et qui ne figurent pas sur la carte. M. Perrier dit que si M. Mouchez donne la position de cette île, on l'ajoutera à la carte.

M. d'Abbadie rappelle que le capitaine Falbe s'était procuré, en vue de sa carte, de très bons instruments, qui furent perdus dans un naufrage.

On reprend la discussion relative à l'observatoire.

M. d'Abbadie donne lecture d'un amendement ; M. Faye fait remarquer qu'on ne peut l'adopter, car il remet en question un point qui a été adopté dans la dernière séance.

On revient sur le second point sur lequel on n'a pu statuer, les voix s'étant partagées en nombre égal.

M. Bonnet pense que la conservation de l'observatoire actuel résulte de la première partie adoptée.

M. Faye ne partage pas cet avis.

M. Janssen dit que l'on ne peut vendre les terrains avant que la succursale soit construite ; il faudrait que le gouvernement avançat l'argent nécessaire à l'établissement de la succursale. M. Mouchez dit que si l'on vend les terrains des [fossés?] est et ouest de l'observatoire, on n'aura pas ainsi rendu les observations impossibles.

M. Janssen fait remarquer que les constructions qu'on ne manquera pas d'y élever, gêneront beaucoup.

M. Loewy dit qu'il importe que [barré : l'ancien] les terrains de l'ancien observatoire soient conservés ; on pourrait vendre la partie la moins utile des terrains Arago ; on obtiendrait ainsi une somme de 6 à 700 000f qui permettrait de commencer la succursale, sur des terrains appartenant à l'Etat.

M. Mouchez dit que, d'après les estimations des Ingénieurs, la vente des [fossés?] et des terrains Arago produirait 2 millions ; avec cette somme, on pourrait construire un observatoire de premier ordre.

M. Faye appuye les idées de M. Mouchez.

M. Loewy formule ainsi sa proposition :

"Il importe que l'ancien observatoire soit conservé, mais dans le but de faciliter l'établissement de la succursale, on pourra vendre la partie la moins utile des terrains Arago."

M. Fizeau dit qu'il importe de fixer une limite.

M. Perrier propose de dire qu'on pourra rendre tout ou partie des terrains Arago.

M. Fizeau dit que, pour son compte, il ne pourrait pas voter cette proposition.

M. Perrier fait remarquer qu'il y a quelque temps, l'observatoire ne possédait pas les terrains Arago.

M. Janssen dit que cela est exact ; mais alors, il n'y avait pas de constructions sur ces terrains, tandis qu'on en élèvera après la vente.

La proposition suivante est mise aux voix, et adoptée par 7 voix contre 4 : "Il importe que l'ancien observatoire soit conservé ; toutefois, afin de faciliter l'établissement de la succursale, on pourrait aliéner tout ou partie des terrains Arago."

[en marge, au crayon de papier : M. d'Abbadie tient à dire qu'il a voté contre]

M. Mouchez a déclaré ne pouvoir accepter cette proposition, parce que, faute des rues qu'il proposait de faire passer dans les [fossés?], les terrains ne se vendraient pas bien ; en outre, on élèverait des maisons [barré : dans] sur tout le terrain Arago, tandis que dans son projet, il laissait libre une partie de ces terrains où l'on aurait fait un boulevard.

Le Bureau, par 9 voix contre 2, émet ensuite le vœu :

"qu'une commission composée d'astronomes et de physiciens, préside au choix des terrains à aliéner, et à l'installation de la succursale."

M. Faye demande qu'il soit constaté au procès-verbal, qu'il a [barré : repoussé les d] voté contre les deux propositions ci-dessus.

M. Faye rappelle ensuite, qu'il y a 15 ans, l'Académie avait invité le Ministre à faire construire des bâtiments pour loger les observateurs ; on adopte la proposition suivante :

"Le Bureau émet le vœu que, tant à l'observatoire de Paris que dans la succursale, les astronomes soient logés près de leurs instruments."

Le Bureau, sur la question de l'observatoire, a en résumé, voté les 4 propositions suivantes :

(voir à la page 5).

1er Le Bureau est d'avis qu'il y a lieu de créer aux environs de Paris une succursale, susceptible d'extension ultérieure, et dans laquelle on établirait quelques uns des instruments de l'observatoire, qui ne peuvent pas y être utilisés convenablement aujourd'hui.

2° Il importe que l'ancien observatoire soit conservé ; toutefois, afin de faciliter l'établissement de la succursale, on pourrait aliéner tout ou partie des terrains Arago.

3° Le Bureau émet le vœu qu'une commission composée d'astronomes et de physiciens, préside au choix des terrains à aliéner, et à l'installation de la succursale.

4° Le Bureau émet le vœu que, tant à l'observatoire de Paris que dans la succursale, les astronomes soient logés près de leurs instruments.

Ces propositions sont transmises au Ministre.

La séance est levée à 5h¾.

Le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 19 mars 1884”, 1884-03-19, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 20 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4017

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