Proposition de M. d'Abbadie concernant la mesure d'un axe de méridien au Congo

Proposition de M. d'Abbadie, concernant la mesure d'un arc de méridien au Congo. – Procès-verbal de la séance tenue le 16 Juin 1888, par la [barré : sous] commission composée de MM. d'Abbadie, Bouquet de la Grye et Tisserand.

M. de Brazza assiste à la séance et communique obligeamment des renseignements dont voici le résumé :

C'est sans doute le douzième degré de longitude [barré : sur lequel il] aux environs duquel il y aurait lieu d'opérer. On pourrait partir de Buenza, à la latitude de -4°10' et remonter à très peu près jusqu'à l'équateur ; au-delà on entrerait dans la région boisée et impraticable aux observateurs. En somme, on pourrait mesurer un [barré : angle] <arc> d'un peu plus de 4°. Le terrain des opérations présente deux séries de plateaux séparés par des dépressions : [barré : la première] ceux de la première ont une hauteur moyenne d'environ 850 mètres ; les plateaux de la seconde série s'élèvent à 400 mètres seulement.

On trouverait certainement sur un de ces plateaux un terrain favorable à la mesure d'une base.

On pourra se procurer assez facilement du bois pour construire les signaux.

La saison sèche commence à la fin d'avril et se termine à la fin de septembre. Sur les plateaux, le thermomètre monte dans le jour jusqu'à 33° ou 34°, et s'abaisse la nuit jusqu'à 15°. En tenant compte de l'altitude, on voit que les observateurs seraient dans de bonnes conditions higiéniques [hygiéniques].

M. d'Abbadie ayant demandé si l'on constate parfois des brumes sèches, M. de Brazza a répondu que durant l'été l'atmosphère est ondulante et peu transparente. La commission a pensé que c'était sans doute dans la saison humide qu'après la pluie on trouverait les circonstances atmosphériques favorables pour la mesure des angles.

M. de Brazza pense qu'il y aurait lieu de faire une expédition préparatoire pour reconnaître le terrain, [barré : faire le caneva reconnaître] et fixer approximativement les emplacements de la base et des signaux.

Deux observateurs lui paraissent nécessaires.

Ils devraient se rendre par mer à Loango, et de là à Buenza par voie de terre. Les instruments seraient portés par les indigènes, car les bêtes de somme font défaut jusqu'ici. Il faudrait sans doute avoir des colis ne dépassant pas chacun le poids de 50 Kilogrammes.

Le départ de l'expédition préparatoire devrait être, vu la saison avancée, ajourné à l'année prochaine.

M. de Brazza avait dit antérieurement à M. d'Abbadie que le prix du transport d'une personne de [barré : France] <Paris> à Loango pouvait être fixé à 1500^f environ [en note de bas de page : sans doute aller et retour.] Chaque porteur coûterait au plus 1^f par jour ; enfin il faudrait compter sur 25 jours de marche environ de Loango à Buenza.

Pour la nourriture, on devrait se contenter de celle des indigènes, en y ajoutant des poules et du mouton dont on ne manquerait pas. Le paiement de cette nourriture se ferait en étoffes qu'on trouverait à Loango, et même dans certaines parties du parcours, en sel.

Enfin, M. de Brazza pense que les déterminations [barré : approchées] géodésiques qui se feraient, même dans l'expédition préparatoire, pourraient être très utiles pour fixer les éléments de la carte du Congo, carte qui devra se faire un jour ou l'autre, et pour laquelle les matériaux réunis jusqu'ici sont encore très peu nombreux.

Il faudra se préoccuper des deux personnes à envoyer, parmi lesquelles figurerait sans doute un officier de marine.

20 Juin 1888,

Le secrétaire,

F. Tisserand