Bureau des Longitudes - Séance du 22 août 1888

Bureau des Longitudes – Séance du 22 Août 1888.

Présidence de M. Bouquet de la Grye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus N° 7

Bullet. adm. N° 816

Circul. de Berlin N° 325

Coast and geodetic Survey – Report 1886

M. Bouquet de la Grye, à l'occasion du procès-verbal, demande si l'on ne pourrait pas photographier des éclairs artificiels, afin de vérifier le mouvement héliçoidal [hélicoïdal].

M. Fizeau répond qu'on a photographié les grosses étincelles des bobines de Rhumkorff [Ruhmkorff], et des machines de Holtz ; on n'a eu rien de net. Du reste nos éclairs artificiels sont dans des conditions différentes ; ils sont formés d'une succession d'étincelles de durées inappréciables, et proviennent d'explosions entre des surfaces conductrices. Les nuages ne peuvent pas être assimilés à des surfaces ; il n'y a pas de limite à la tension électrique ; enfin les éclairs ont des durées sensibles.

M. Bouquet de la Grye donne lecture d'une lettre que, conformément à la décision du Bureau, il a écrite le 20 Août au Ministre de l'Instruction Publique, pour le mettre au courant des améliorations contenues dans la Connaissance des temps de 1890, et du temps gagné, près de trois mois, sur la publication du volume.

M. Tisserand donne quelques détails sur l'emploi fait il y a une quinzaine d'années, par M. Adams, de la méthode de Gauss pour le calcul des inégalités séculaires. Il s'agissait de calculer les perturbations exercées par les grosses planètes sur l'essaim des Léonides supposé réparti tout le long de l'orbite. Il en est résulté un déplacement lent et progressif du nœud qui s'est trouvé en parfaite concordance avec le nombre déduit de la comparaison des époques des maximums annuels.

A propos d'une note adressée à l'Académie par M. Léopold Hugo, M. Fizeau dit qu'il ne lui paraît pas possible d'assimiler les canaux de Mars à des lignes de fracture analogues à celles d'Elie de Beaumont. En effet, dans ce cas, ils présenteraient toujours le même aspect, tandis que les canaux de Mars ont changé notablement en un an et même en quelques mois.

M. Fizeau dit, qu'en admettant l'explication qu'il a présentée, on devra tenir compte des effets des marées. Le premier satellite ayant une durée de révolution inférieure à la rotation de Mars se lève à l'Occident pour se coucher à l'Orient ; il passe environ 4 fois au méridien supérieur ou inférieur, [barré : dans l'intervalle] en 24 heures ; il y aura donc 4 pleines mers dans cet intervalle. D'autre part, le mouvement de l'intumescence produite par ce satellite se fait en sens contraire de celles qui proviennent du second satellite ou du Soleil. Ces intumescences se rencontreront fréquemment, et il est possible qu'il en résulte des marées notables, malgré la petitesse des masses des satellites ; il serait intéressant d'examiner ces effets de marée.

M. Bouquet de la Grye dit que cela doit être compliqué ; pour la Terre, la grande profondeur des mers simplifie la propagation des ondes ; dans des mers peu profondes, on peut avoir un très grand nombre de marées, en correspondance avec divers systèmes d'ondes.

La séance est levée à 4^h½.

Le secrétaire,

F. Tisserand