[Note du Bureau des Longitudes à Sadi Carnot, président de la République]

[en marge : Cette pièce a été adressée à M. le Président de la République le 11 Janvier 1889. A annexer au procès-verbal de la séance du 16 Janvier 1889]

[barré : Mon cher confrère, arranger ce factum pour le mieux, signer et adresser au Président de la République avec la suscription : ]

Note demandée par M. le Président de la République

Le Bureau des Longitudes supplie M. le Président de la République d'appuyer de sa haute autorité les démarches qu'il tente pour obtenir des chambres le rétablissement des traitements de deux de ses membres qui ont été supprimés cette année par la Commission du Budget, places dont l'une appartient au département de la Marine et l'autre à celui de la Guerre.

La suppression de ces traitements [barré : a] <aura> pour résultat de diminuer les attaches du Bureau avec la Marine et de les supprimer entièrement avec la Guerre, c'est-à-dire avec les Ministère qui ont le plus besoin du concours scientifique du Bureau.

[barré : C'est en effet Si notre Institution est appelée à rendre à la science pure les plus grands services, c'est pourtant]

C'est surtout à la Marine de l'Etat et du Commerce, aux services géographiques et géodésiques du Dépot de la Guerre, de la Carte de France et d'Algérie que s'adressent les travaux du Bureau des Longitudes ; [barré : c'est pour]

Ce n'est pas seulement pour la science pure, c'est [barré : pour] avant tout pour les applications de la science à la Marine et à la Guerre que le Bureau a été institué.

Presque tous les pays civilisés ont suivi en cela l'exemple de la France ; des organisations analogues en cela moins complètes, ont été instituées et réunissent des officiers généraux des Grands Etats Major et des savants civils sous le nom de Commission ou d'Instituts géodésiques etc… Elles se font représenter, comme <l'a fait> le Bureau des Longitudes dans cette grande organisation internationale qu'on nomme l'Association géodésique qui doit cette année se réunir en septembre à Paris. On y sera singulièrement surpris, je dirai même attristé de ne plus trouver, parmi [barré : les délégués du Bureau de la France] les membres du Bureau des Longitudes, de successeur au Général Perrier et d'apprendre qu'on a profité de sa mort pour supprimer la fonction et la place qu'il avait si honorablement remplie.

Le Bureau est en droit de dire que la perspective d'être admis dans cette sorte d'Académie à la fois civile et militaire entretient parmi les jeunes officiers de l'armée et la marine que leurs fonctions rattachent plus particulièrement aux sciences géographiques et géodésiques, une noble émulation éminemment favorable à la puissance scientifique de notre Pays. Supprimer au Bureau <ces> deux places qui sont bien loin d'être des sinécures, c'est ôter à ces officiers un stimulant précieux, c'est vous priver de collaborateurs que l'élément civil ne remplacera jamais.

Enfin M. le Président verra bien qu'il s'agit en définitive de faire une mince économie de 10000fr sur un budget déjà réduit au strict nécessaire, économie qui fera au pays cent fois plus de tort qu'elle n'apportera d'allègement aux finances de l'Etat.