Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - 22 mai 1889

Titre Bureau des Longitudes - 22 mai 1889
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1886-1890
Date 1889-05-22
Contributeur Loewy, Maurice (1833-1907); Tisserand, Félix (1845-1896); Brunner, Emile (1834-1895); Abbadie, Antoine d' (1810-1897); Cloué, Georges Charles (1817-1889); Bouquet de La Grye, Anatole (1827-1909); Mouchez, Ernest (1821-1892); Cornu, Alfred (1841-1902); Fizeau, Hippolyte (1819-1896); Pâris, Edmond (1806-1893);
Identifiant O1886_1890_222
Format 16,9 x 24,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 22 Mai 1889.

Présidence de M. Bouquet de la Grye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus, n° 19

Bullet. météorol. 135-141

Bullet. adm. 854

Nature 1020

Monthly Notices, Avril

Société scientif. De Mexico, 7

Rendiconto di Napoli, Nov. Déc. Janv. et Février.

M. l'Amiral Cloué, à propos du procès-verbal, dit qu'il a reçu la visite de M. Leroy [barré : horloger] qui lui a apporté les journaux <de bord> de trois ans de deux paquebots ; il en résulterait que les chronomètres dont les spiraux sont en palladium auraient donné des résultats excellents.

M. Bouquet de la Grye apportera <de son côté> dans une prochaine séance des dépouillements nombreux relatifs aux spiraux en palladium ayant servi à la mer ; il en résulte qu'au bout de deux ans, les trois quarts de ces spiraux ont subi des dérangements notables.

M. Cloué demandera à M. Loewy d'envoyer ses documents.

M. Fizeau qui a parlé dans la dernière séance de la possibilité de faire des spiraux en platine iridié, a vu M. Violle qui lui a dit qu'on obtient avec cette substance des fils très fins, et que par suite on pourra avoir des spiraux. M. Violle va préparer un échantillon que M. Fizeau apportera au Bureau pour que M. Bouquet de la Grye puisse l'expérimenter.

M. Brunner ayant demandé quel est le reproche adressé aux ressorts en acier, M. Bouquet de la Grye répond que c'est leur aimantation.

La question des correspondants du Bureau est renvoyée à la prochaine séance.

M. Bouquet de la Grye remet une note de corrections de longitudes dont M. Cloué tiendra compte dans la révision des épreuves, dans les limites du possible.

M. le Colonel Bassot signale une faute qui s'est glissée depuis quelques années dans la longitude de Lille ; au lieu de 2m56s, il faut 2m54s.

M. Bouquet de la Grye donne lecture d'une lettre de M. Faye qui autorise M. Loewy à prendre M. Carbonnell comme calculateur auxiliaire

M. Bouquet de la Grye rend compte de la visite faite vendredi dernier par plusieurs membres du Bureau aux expériences de pendule installées à l'observatoire par M. Defforges. On a trouvé ces expériences très intéressantes. M. Defforges a mis plusieurs points en évidence, notamment :

l'influence des oscillations du pilier et des supports sur le mouvement du pendule,

la manière d'observer mathématiquement les coïncidences,

l'avantage de la méthode pour déterminer l'intensité absolue,

la détermination de l'influence du frottement de l'air qui ne paraît pas suivre de loi simple.

En résumé, M. Defforges a apporté à l'appareil de grands perfectionnements.

M. Bassot mentionne en outre les expériences sur l'influence de l'éclairement des couteaux sur la détermination de la longueur du pendule, et les expériences faites dans le vide, pour éliminer presque complètement la résistance de l'air.

M. Cornu fait remarquer qu'en opérant dans le vide on peut prolonger de beaucoup les expériences, les faire durer pendant 24 heures, de façon à éliminer presque entièrement l'erreur provenant des incertitudes de la marche de la pendule ; on détermine en effet cette marche par deux observations astronomiques [barré : dont l'] faites aux deux extrémités, et la précision est d'autant plus grande que l'intervalle est plus considérable.

M. Bouquet de la Grye dit que son pendule pouvait osciller dans l'air pendant neuf heures : il demande s'il est utile d'avoir un intervalle encore plus grand ; il lui semble en effet qu'en 24 heures on a des variations de température beaucoup plus grandes, qui peuvent entraîner des erreurs systématiques.

M. Bassot fait remarquer que M. Defforges et lui se sont astreints à opérer dans un local à température presque invariable, à quelques dixièmes de degré près.

[en marge : M. Bouquet de la Grye cherchait de son côté à avoir les moindres variations de température en observant la nuit.]

M. Fizeau insiste sur la nécessité d'avoir cette constance de température, lors même qu'il devrait en résulter quelques complications ; la chose importante est de faire mieux que précédemment. On aura des séries moins nombreuses, mais on gagnera beaucoup en augmentant la précision. M. Fizeau croit qu'en définitive, il n'y a plus à apporter à la méthode de M. Defforges que des perfectionnements minimes. Il signale néanmoins une modification qui lui paraît importante : le poids additionnel qu'on déplace est en plomb. Ce métal est peu convenable, d'abord à cause de sa grande dilatation, mais surtout à <cause de son> peu de conductibilité pour la chaleur ; il faut un temps très long pour que l'équilibre de température s'établisse entre la masse de plomb et le reste du pendule ; la masse de plomb fera donc l'office d'une source de chaud ou de froid. Il vaudrait mieux employer un cylindre d'argent qui ne coûterait pas très cher, et serait excellent à tous les points de vue.

M. Bouquet de la Grye dit qu'une cause d'erreur provient des mouvements séismiques du sol.

M. Bassot dit que ces mouvements ne sont à craindre que dans les terrains volcaniques et au bord de la mer, comme il l'a constaté à Nice par des augmentations anormales de l'amplitude du pendule.

M. Fizeau parle d'un travail important de M. Huggins, publié dans les Proceedings de la Société Royale, sur la longueur d'onde de la raie jaune des aurores boréales, raie constatée d'abord par Angström, qui est un peu plus réfrangible que la raie D, et a une intensité extraordinaire. On s'est demandé depuis longtemps quelle est la matière qui produit cette raie. M. Lockyer l'attribuait au manganèse, parce qu'il la trouvait à la limite d'une des raies cannelées du manganèse. Les mesures de M. Huggins sont très précises ; elles sont en désaccord avec l'opinion de M. Lockyer ; il en résulte que [barré : c'est b] la raie des aurores boréales est bien une raie propre dont la cause est inconnue. C'est d'autant plus surprenant que les aurores boréales se produisent dans notre atmosphère, ou du moins à sa limite.

M. Cornu dit que la raie en question présente de l'analogie avec celle de l'hélium. Beaucoup de physiciens pensent d'ailleurs que la raie de l'hélium pourrait provenir de l'hydrogène supposé être dans des conditions spéciales.

En l'absence de M. Janssen, M. Fizeau parle de la communication intéressante faite par M. Janssen lundi dernier à l'Académie, au sujet d'observations d'analyse spectrale faites [barré : entre la] à l'observatoire de Meudon sur la lumière provenant de la tour Eiffel. Les raies A <et B> de l'oxygène étaient très belles, au moins aussi intenses que dans la lumière provenant du Soleil. Cette expérience vient ainsi à l'appui de l'opinion qui attribue les raies de l'oxygène dans le spectre solaire à l'atmosphère terrestre ; si l'oxygène existe dans le Soleil, il ne produirait pas d'absorption sensible.

M. Cornu rappelle que M. Egoroff avait fait il y a plusieurs années une observation analogue entre l'observatoire et le Mont Valérien ; il avait affirmé que les raies A et B étaient dûes à l'oxygène de l'atmosphère terrestre.

M. Bassot fait hommage au Bureau de la nouvelle Table de logarithmes à 5 décimales, publiée par le Service géographique de l'armée, dans la division centésimale, et aussi dans la division sexagésimale. Il dit que c'est l'œuvre du Général Perrier, et que, dans l'exécution typographique, on a tenu compte des conseils de M. d'Abbadie [en marge, au crayon de papier : pour un nouveau modèle des caractères.]

C'est une réduction de la grande Table à 8 décimales qui paraîtra probablement en 1890.

M. Bouquet de la Grye remercie M. Bassot au nom du Bureau.

La séance est levée à 5 heures.

Le Secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Bouquet de La Grye, Anatole (1827-1909)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1886-1890
Citer ce document “Bureau des Longitudes - 22 mai 1889”, 1889-05-22, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 24 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4336

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