Bureau des Longitudes - Séance du 19 juin 1889

Bureau des Longitudes – Séance du 19 Juin 1889.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus 23

Bullet. adm. 858

Bullet. météorol. 163-68

Nature 1024

Mémoires de la Société Scientifique de Mexico 8

Annales de Delft, 4^e Livraison

Himmel und Erde, 9

Publications de la Société Scientifique du Pacifique 1, 2.

On reçoit une lettre ministérielle demandant les états relatifs à l'indemnité de 10 accordée pendant la durée de l'Exposition aux agents dont le traitement n'excède pas 2500^f. M. Farcy préparera les états.

Le Coast Survey demande 6 exemplaires des éphémérides de culmination lunaire ; on décide de les envoyer.

On accorde à la Société Scientifique du Pacifique l'échange des publications.

M. Fizeau parle de l'inauguration de la statue de Le Verrier, qui doit avoir lieu le 27 Juin ; il demande que le discours de M. Tisserand soit prononcé au nom du Bureau des Longitudes ; cette proposition est adoptée.

La Commission des Correspondants, qui s'est réunie avant la séance, propose de diviser en deux séries les nominations à faire, et de nommer dans la première

{MM. da Graça

Indio da Bresil} officiers de la marine brésilienne,

M. Gould,

M. Beuf,

M. Hatt,

M. Defforges,

soit quatre correspondants étrangers et deux français. Les Membres du Bureau seront convoqués par lettres spéciales pour mercredi prochain ; on discutera les titres, et on votera s'il y a lieu.

M. Bouquet de la Grye avait fait le nécessaire pour convoquer lundi dernier la commission des correspondants ; il a remis la lettre au Secrétariat en temps utile, et cependant la convocation n'a pas été faite.

A propos d'une Note de M. Trouvelot présentée dans la dernière séance de l'Académie, M. Bouquet de la Grye dit que dans un orage récent, il a pu constater que certains éclairs duraient un temps appréciable, au moins 0^s,1 ou 0^s,2. Il demande à M. Fizeau si c'est là un effet physiologique ou un effet réel.

M. Fizeau pense que l'effet physiologique, qui augmente avec l'éclat peut intervenir pour une part, et qu'il peut aussi y avoir une durée réelle appréciable. Le phénomène est complexe : le trait de feu simple ne doit pas avoir une durée plus grande que celle indiquée par Weatstone [Wheatstone], soit environ un millionième de seconde. Mais il y a souvent dans les éclairs une succession de traits de feu très rapprochés ; cela peut augmenter déjà un peu la durée de l'éclair. En outre, les éclairs sont souvent entourés d'une gaîne bleuâtre produite par un effet d'induction ; c'est une seconde cause d'augmentation. Il peut enfin y avoir des effets de phosphorescence ou de fluorescence ; en somme, le phénomène est complexe.

M. d'Abbadie dit qu'il a publié il y a longtemps un travail sur les éclairs. Il en a observé plusieurs ayant des durées très sensibles ; il a observé entre autres un éclair horizontal qui avait environ 100 kilomètres de long ; l'oreille suivait le tonnerre qui se propageait d'une extrémité à l'autre.

M. d'Abbadie avait proposé à M. Petit de faire des observations à Toulouse, tandis que lui-même observerait à Abbadia, pour savoir si, quand un éclair de chaleur se produit, il y a toujours un orage intermédiaire.

M. Mouchez rapporte un fait curieux qu'il a constaté récemment le soir à l'Exposition ; dans une projection de lumière électrique, le faisceau était alternativement brillant et obscur ; il avait plu tout le jour ; cela prouve qu'il y avait néanmoins dans l'atmosphère des irrégularités de constitution qui pourraient, dans des cas analogues, exercer une influence appréciable sur les observations astronomiques [renvoi en bas de page : Le ciel étant dégagé de tout nuage ces parties troublées de l'atmosphère eussent échappées à la vue en plein jour la lumière électrique seule les rendait visibles]

M. Fizeau pense que cela était produit par des nuages ou par les brumes locales.

M. d'Abbadie parle d'un météore singulier observé dans tous les pays, et nommé par les Allemands Höhenrauch ; la cause en est inconnue. C'est comme un brouillard extrêmement intense qui peut cacher tout ou partie du disque du Soleil.

M. Faye pense que cela est produit par la fumée résultant de la combustion de certaines herbes sèches.

M. d'Abbadie fait remarquer qu'il l'a observé sur les rivages de la mer Rouge où on ne brûle jamais d'herbes ; il l'a vu aussi sur la mer, en forme de colonne.

La séance est levée à 5 heures.

Le secrétaire,

F. Tisserand