Bureau des Longitudes - Séance du 24 sept. 1890

Bureau des Longitudes – Séance du 24 sept. 1890.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes rendus 11

Bullet. Adm. 923

Bullet. Meteorol. 260-266

Nature 1090

Geological Survey 54-57

M. Tisserand donne quelques développements sur une Note du P. Denza, sur les étoiles filantes du mois d'août dernier, et sur les points radiants secondaires observés.

M. Fizeau pense que ces points secondaires pourraient s'expliquer par de grands tourbillonnements dans la masse cométaire qui engendre les étoiles filantes.

M. Faye donne quelques indications sur la session que vient de tenir à Fribourg la Commission permanente de l'Association géodésique internationale. [barré : Le point le plus important est la] La question la plus importante, parmi celles qui ont été examinées, est celle de la variabilité des latitudes. On a fait pendant une année, par la méthode Horrebow-Talcott, de nombreuses observations à Berlin, Potsdam et Prague ; il en résulte que, dans chacun de ces observatoires, la latitude a paru varier d'environ une demi-seconde ; les trois courbes de variation sont très concordantes. On s'est demandé si l'on a affaire à des phénomènes locaux, ou si les variations constatées sont dues à un mouvement de l'axe terrestre. Dans le but de faciliter la solution du problème, plusieurs membres de la commission permanente ont proposé d'organiser une expédition aux îles Sandwich, en prélevant les frais sur les 25 ou 30 000^f d'économies réalisées depuis quelques années sur les cotisations des divers états. Cette proposition a été adoptée, mais avec des réserves qui permettraient de revenir sur le vote, après un supplément d'information.

M. Faye signale ensuite le rapport envoyé par M. le général Derrécagaix sur la mesure de la base de Juvisy, le Mémoire lu par M. Defforges, [barré : et la] [en marge : la communication de M. Bouquet de la Grye sur le niveau moyen de la mer, celle de M. Lallemand sur le nivellement général de l'Europe et la] présentation faite par M. Tisserand du t. II de son Traité de Mécanique Céleste.

[en marge : M. Faye a annoncé [barré : aussi que] que la mesure de l'arc du Pérou a été prise en sérieuse considération au Conseil des Ministres, et que les Ministres intéressés (Instruct. Publ., Guerre et Marine) sont chargé de s'occuper de la question.]

M. Tisserand, qui a fait partie de la commission relative aux îles Sandwich, entre dans quelques détails sur le fond de la question. Les observations paraissent avoir été faites avec beaucoup de soin, ainsi que les calculs de réduction. La période des variations dans les latitudes des trois observatoires paraît être annuelle, de sorte qu'on peut craindre qu'une cause d'erreur systématique dépendant de la température, et qui aurait passé inaperçue, n'ait produit les variations en question. En particulier, il peut exister dans les réfractions une période annuelle tenant à une déformation variable des surfaces de niveau. M. Tisserand pense qu'avant d'organiser une expédition lointaine, il aurait mieux valu faire examiner la question dans quelques autres observatoires d'Europe, en variant la méthode, l'observateur, et les conditions atmosphériques.

Il signale en outre un fait important : à Prague, deux astronomes ont observé, et il existe entre eux une équation personnelle de 0"2 qui [barré : présente] doit être envisagée de près, quand il s'agit de variations très petites. En outre, pour représenter les observations, on a été obligé d'augmenter de 0"07 la constante de Struve pour l'aberration. En somme, la [barré : question] discussion des observations est loin d'être épuisée.

M. Bouquet de la Grye demande si les observatoires français pourront prendre part à ces études.

M. Mouchez dit qu'il a fait faire autrefois un travail sur les variations apparentes de la latitude avec les saisons ; il demandera en outre à M. Périgaud communication de ses observations pendant [barré : la période] l'année 1889 et le commencement de 1890.

M. Loewy dit qu'il faudrait savoir si la température a été bien déterminée dans les trois observatoires ; c'est toujours une détermination difficile.

M. Faye [barré : a] fait remarquer que, dans la méthode de Talcott, la même face de la lunette est toujours tournée vers le zénith ; la partie supérieure du tube se refroidit plus que l'inférieure, et il en peut résulter une variation de réfraction qui ne sera pas la même en été et en hiver.

[en marge : M. Faye ajoute que les observat. de Poulkowa [Poulkovo] ont montré en 1884 une variat. De la latit. analogue.]

M. Bassot rappelle l'étude faite par M. Christie sur les observations de la latitude de Greenwich durant plusieurs années ; une variation annuelle de 0"5 ou de 0"6 ne lui aurait pas échappé.

M. Faye parle enfin d'une dernière affaire examinée à Fribourg, celle de la réponse à faire par les gouvernements à la demande du gouvernement italien, tendant à réunir à Rome un Congrès pour l'adoption du méridien de Jérusalem, proposition faite par le P. Tondini, et appuyée par l'Académie de Bologne.

M. Faye a dit que la question était déjà posée entre les gouvernements, qui n'en avaient pas saisi leurs délégués auprès de l'Association géodésique, et que par suite ces derniers ne pouvaient pas émettre un vote.

Finalement, la commission permanente a confirmé les décisions du Congrès de Rome, par 5 voix contre 2, et une abstention.

Il résulte d'une discussion à la quelle prennent part MM. Bouquet de la Grye, Faye et Janssen, que nous ne pouvons pas répondre non à la demande du gouvernement italien. Toutefois, la décision ne sera prise que dans la prochaine séance, les membres recevront une convocation spéciale.

La séance est levée à cinq heures.

Le secrétaire,

F Tisserand