Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Note sommaire sur un nouveau signal horaire de M.M. Hanusse et Borel [Borrel]

Titre Note sommaire sur un nouveau signal horaire de M.M. Hanusse et Borel [Borrel]
Créateur Hanusse, Ferdinand Isidore (1848-1921); Borrel, Georges (18..-19..);
Contexte Volume 1891-1895
Date 1891-05-02
Identifiant O1891_1895_022
Relation O1891_1895_021
Format 20,3 x 32 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Note;
Description

Pièce devant être annexée à la séance du 6 Mai 1891.

Note sommaire sur un nouveau Signal horaire de MM. Hanusse et Borel

Dans certains ports possédant un observatoire, un signal est fait chaque jour, à une heure déterminée, pour permettre aux navires au mouillage de régler leurs chronomètres.

Le signal d'heure consiste généralement dans la chûte d'une boule préalablement hissée en haut d'un mât. Le signal étant fait généralement en un point plus ou moins éloigné de l'observatoire, la chûte de la boule est, dans la plupart des cas, provoquée par l'envoi d'un courant électrique agissant sur un appareil de déclanchement.

Ce genre de signaux présente les inconvénients suivants :

1° Une boule tombant librement sous l'influence de la pesanteur n'a, au début de sa course qu'une très faible vitesse. Elle met 0s,3 à parcourir les 50 premiers centimètres ; 0s,45 à parcourir 1 mètre, 0s,6 pour 2m ; 0s,9 pour 4 mètres, qui est à peu près la hauteur de chûte adoptée. Or [barré : le] <l'espace parcouru au> moment où l'observateur a conscience du mouvement de la boule dépend évidemment de sa distance au signal, de la transparence de l'athmopshère [atmosphère] <etc.>. Suivant ces diverses circonstances le signal sera donc perçu à un instant variable, et il n'est pas exagéré de porter à 0s,5 l'écart entre des observations faites à des distances diverses où dans des circonstances de visibilité différentes.

2° Les frottements de la boule sur le mât qui lui sert de guide, ceux de la corde qui sert à la hisser, dans les poulies diminuent encore la vitesse de chûte. Mais l'influence du vent est surtout à craindre. La boule doit en effet avoir un assez grand diamètre (0m,80 à 1m,00 au minimum) pour être visible à une distance suffisante, & on ne peut en augmenter le poids outre mesure ; le frottement sur les guides produit par la pression du vent peut atteindre une valeur comparable au poids de la boule & ralentir son mouvement dans une proportion considérable. Par très grand vent, certains signaux ne fonctionnent pas du tout.

3° L'appréciation exacte [barré : d'] <de l'instant où se produit> un signal est assez difficile ; l'observateur, bien qu'il sache à l'avance, à quelques secondes près, le moment où il doit le voir, éprouve une certaine surprise qui est une cause d'erreur dans l'appréciation des fractions de secondes. Il est donc très utile de répéter le signal un certain nombre de fois ; on obtient une exactitude bien plus grande en produisant des signaux rythmés, de seconde en seconde, par exemple. L'appareil à boule, manœuvré à distance, se prête mal à la répétition des signaux ; il ne permet pas de réaliser des signaux rythmés.

Pour remédier à ces inconvénients, nous avons proposé un appareil qui réalise les conditions suivantes.

L'inertie a été réduite au minimum de façon que le mouvement du signal se produise en un temps très court, un dixième de seconde environ. Si, par suite de la pression du vent, les frottements sont augmentés de manière à réduire de moitié la force motrice (ce qui, dans l'espèce, suppose un vent de tempête), la durée du mouvement serait doublée & l'erreur qui en résulterait pour l'observation du signal ne dépasserait pas un dixième de seconde.

L'appareil se prête à la répétition indéfinie des signaux à un intervalle de temps quelconque pourvu qu'il ne soit pas inférieur à ½ seconde.

L'appareil consiste en un cadre analogue à une fenêtre de 2m,00 de haut sur 1m,50, dans lequel se trouvent 15 lames tout à fait analogues à des lames de jalousie, mobiles autour d'axes horizontaux. Les lames sont peintes en noir & l'appareil se détache, pour l'observateur, sur le ciel ou sur un fond blanc. Chaque fois que de l'observatoire on envoie un courant électrique, les lames font un quart de tour, en sorte que la jalousie se trouve alternativement ouverte ou fermée ; par suite le cadre de la fenêtre paraît alternativement blanc ou noir. Le changement de couleur constitue le signal. Le phénomène est très saisissant ; les expériences faites entre les tours de Notre-Dame & la terrasse du Service hydrographique où un signal de ce genre est installé, montrent que l'erreur moyenne de l'observation du signal est de 0s,06 environ. Il convient de noter que, dans ces expériences, le signal était [barré : est] dans des conditions de visibilité très défavorables. A l'œil nu, on ne distinguait pas la forme du signal ; cependant on percevait au moment du changement de couleur une sorte d'éclair très net. Plus de la moitié des observations ont été faites sans le secours de la jumelle.

Ce signal a été construit par M. Borel, qui en a imaginé les dispositions mécaniques, après que nous <eûmes> [barré : avons] arrêté de concert les principes du mécanisme et des fonctions de l'électricité.

Le nombre des signaux incorrects est insignifiant & n'a pas d'ailleurs une grande importance, les signaux pouvant être répétés autant de fois qu'il est nécessaire. [report en fin de texte : L'appareil peut-être manœuvré par un courant électrique direct jusqu'à une distance de 10 kilomètres environ. Pour des distances notablement plus grandes, il conviendrait d'avoir recours à un relai et à une pile locale.]

2 Mai 1891

F Hanusse

[texte au crayon de papier, au dos du procès-verbal : Guyou

Nlle Eph. Ast. fr. 1891

Berger Levrault

Voir s'il y en a deux adresser à M. Loewy]

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1891-1895
Citer ce document “Note sommaire sur un nouveau signal horaire de M.M. Hanusse et Borel [Borrel]”, 1891-05-02, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 16 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4452
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