Bureau des Longitudes - Séance du 26 août 1891

Bureau des Longitudes – Séance du 26 Août 1891.

Présidence de M. Fizeau.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus, 7

Bullet. météorol. 231-237

Bullet. adm. 970

Astr. Nachr. 3055

Nature 1138

British Assoc. Journal, Juin

Cauchy, 2^e série, t. 9

Bullet. de Tacubaya 5

Mémoires de Pétersbourg, 7^e Série, T. 38, n° 4

Rapport général sur l'Exposition, T. 2.

On parle de l'expédition allemande [barré : organisée à] envoyée à Honolulu pour étudier les variations de la [mots barrés] latitude.

Les observations faites jusqu'ici en Allemagne et à Poulkova [Poulkovo] semblent indiquer une variation à période annuelle, la variation étant de 0",25 en plus ou en moins.

M. Fizeau fait remarquer que l'explication de variation par un effet de la température sur les instruments ou sur la réfraction reste possible.

M. l'Amiral Pâris pense que si l'on avait choisi, au lieu de Honolulu, la côte du Pérou, on aurait été certain d'avoir toujours un très beau ciel.

M. Fizeau dit qu'il a entendu parler d'expériences faites en Amérique pour faire pleuvoir par les temps de sécheresse ; on est monté en ballon et on a lancé de la dynamite ; on assure qu'on a obtenu des résultats.

On s'occupe des [barré : la] Notes insérées dans les Comptes-rendus sur la spectroscopie solaire par M. Deslandres <par M. Fényi>. M. Fizeau [mots barrés] <trouve celle de M. Deslandres> très nette ; l'auteur a été réservé sur les vitesses des protubérances. Dans le plus grand nombre des calculs relatifs à cet objet, on arrive à des vitesses énormes dont on ne paraît pas surpris. Il n'est pas prouvé que ces vitesses soient celles de masses gazeuses soumises aux actions ordinaires. D'abord, les raies brillantes des protubérances ne sont pas produites par l'hydrogène seul, mais par [en marge, au crayon de papier : très probablement par] un hydrogène très raréfié, et soumis à des actions électriques. Ce qui tend à le faire supposer, c'est que, dans les laboratoires, on n'a jamais pu obtenir les raies de l'hydrogène en faisant brûler ce gaz ; on est obligé de l'électriser pour y arriver.

Les raies des protubérances se produisent sans doute dans des conditions plus ou moins analogues à celles des aurores boréales et là, l'électricité joue, comme on sait, un rôle important. Il semble donc qu'on ne soit pas autorisé à dire que les vitesses énormes indiquées par quelques observateurs pour les protubérances soient dûes au mouvement de l'hydrogène seul.

Il y a d'autres remarques à présenter ; l'étude des protubérances par la spectroscopie est encore en quelque sorte dans l'enfance. On a été obligé jusqu'ici d'employer des fentes assez larges qui ne permettent pas d'attribuer les vitesses observées à des rayons simples plutôt qu'à un ensemble de rayons ; le calcul de la vitesse, d'après le déplacement des raies n'est donc pas aussi simple qu'on pourrait le supposer.

Enfin, M. Fizeau insiste sur un fait important dont on n'a pas tenu compte : il y a à considérer l'influence de l'aberration laquelle se décompose en deux, l'aberration des fixes, et l'aberration planétaire. La première produit un déplacement d'ensemble, et n'a pas d'influence sur les mouvements relatifs observés à la surface du Soleil. Il n'en est pas de même de la seconde ; en effet, les diverses parties d'une protubérance sont animés de mouvements considérables qui varient beaucoup de la base au sommet, et qui varient aussi d'un moment à l'autre, de sorte que la figure apparente diffère de la figure réelle. C'est une cause de modification dont on n'a pas encore tenu compte.

Il faut encore faire remarquer que, si la mise au foyer n'est pas parfaite, il peut y avoir là une cause d'erreur sensible, car les déplacements [barré : déterminés par le] <visibles dans le> spectroscope sont extrêmement petits, [barré : l'appareil op] et peuvent être altérés sensiblement par les effets de parallaxe ; l'appareil optique demande de très grandes précautions et des soins [barré : méticuleux] minutieux. Pour en donner une idée, M. Fizeau dit que dans les appareils ordinaires, [en marge de la page d'en face, au crayon de papier : un prisme de Flint de 60°] <les deux composantes de la raie D> [barré : les deux raies] du sodium paraissent <presque> confondues, leur distance n'étant guère que de 17 secondes. Or, M. Dunèr dans ses belles recherches spectroscopiques sur la rotation du Soleil¹ a eu à mesurer des déplacements qui n'atteignaient peut-être pas la 20^ème partie de l'intervalle des deux composantes de la raie D.

M. Mouchez ayant demandé le conseil de M. Fizeau, pour savoir si M. Deslandres ne ferait pas mieux de s'occuper de la spectroscopie solaire, parce qu'on fait des recherches sur la spectroscopie stellaire dans un grand nombre d'observatoires, M. Fizeau répond que les mesures relatives aux étoiles sont plus nettes et plus importantes ; il y a encore beaucoup à faire ; toutefois il est bon de ne pas négliger [barré : entièrement] ce qui se rapporte au Soleil.

La séance est levée à 4^h½.

Le secrétaire,

F. Tisserand