Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 22 juin 1892

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 22 juin 1892
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1891-1895
Date 1892-06-22
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896); Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1891_1895_094
Format 16,9 x 23,8 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes - Séance du 22 Juin 1892.

Présidence de M. Faye.

MM. Turner de Greenwich, et S. Newcomb de Washington, assistent à la séance.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages dont les titres sont insérés au registre de la correspondance.

Le maire de Vesoul demande la collection de l'Annuaire. M. Rambaud, lieutenant d'artillerie de marine au poste de Sanancoro (Soudan français) envoie les positions géographiques de quelques points importants, déterminées par lui et par le Capitaine Toussaint, du Service géographique de l'armée.

Ces documents sont remis à M. le général Derrécagaix ; M. Tisserand remerciera M. Rambaud, au nom de M. Faye.

On décide d'acheter la collection du Sideral Messenger. On donne lecture d'une nouvelle lettre de M. Fleuriais à M. d'Abbadie, qui conclut très nettement à l'emploi du temps sidéral comme argument des Tables relatives au calcul de la latitude à l'aide de hauteurs de la Polaire ; il dit aussi que la montre d'habitacle est par trop grossière, et ne peut être employée. La lettre est renvoyée à [barré : l'examen de] M. Loewy qui en parlera dans la prochaine séance.

Le Secrétaire rend compte d'une Note toute récente de M. Newcomb, sur les variations de la latitude : La période eulérienne, dans le cas où la Terre est supposée rigide et inflexible, est de 306 jours ; mais, si l'on adopte les conclusions de Sir W. Thomson, d'après lesquelles la Terre aurait l'élasticité de l'acier, la période devient égale à 441 jours. Cette valeur est purement théorique, car on ignore les variations d'élasticité de la surface de la Terre à son centre. M. Newcomb préfère adopter la période de 427 jours de Chandler, et il cherche à voir comment elle satisfait aux séries suivantes d'observations :

1° observations faites à Washington, de 1862 à 1867, avec l'instrument des passages dans le premier vertical ;

2° observations de Gyldén, faites à Poulkova [Poulkovo], de 1863 à 1868, avec le cercle vertical ;

3° Séries de Nyrén, avec le même instrument, de 1871 à 1873 ;

4° Observations de Gould avec le cercle méridien de Cordoba ;

5° Observations de Nyrén, avec l'instrument des passages dans le premier vertical ;

6° Observations de Küstner à Berlin, de 1884-85 ;

7° Observations de Chandler avec l'almicantara ;

8° observation de Berlin, Potsdam et Prague.

Une période de 430j,3 concilie toutes ces séries d'une manière remarquable ; pour la distance maxima des deux pôles, les séries précédentes s'accordent moins bien.

M. Newcomb explique que si l'on désigne par x et y les coordonnées rectangulaires <relatives> de l'extrémité de l'axe de rotation par rapport à l'axe de figure, lors même que les deux axes coïncident, on [trouvera ?] toujours certaines quantités

x = [ξ?], y = η0,

qui proviendront seulement des erreurs d'observation ; [barré : l'effet] les variations de la température avec les saisons [mot barré] agissent sur les instruments, et donneront lieu à un déplacement du pôle dont la période sera à peu près annuelle. On conçoit donc que si les observations ne durent guère que 1 ou 2 ans, on n'aura pas de conclusion valable ; il vaut mieux chercher à rattacher entre elles des [barré : observ] séries éloignées.

Si x0 et y0 sont les changements réels, on aura

x = x0 + [ξ?] , y = y0 + η0

x² + y² = x0² + y0² + [ξ?]² + η0² ± 2x0[ξ?] ± 2y0η0

les termes ± 2x0[ξ?], ± 2y0η0 se détruiront, et l'on trouvera comme valeur moyenne de x² + y², x0² + y0² + [ξ?]² + η0², tandis qu'on aurait dû trouver seulement x0² + y0². On trouvera donc, par le fait d'erreurs d'observation, un coefficient trop grand pour le terme périodique représentant les variations de la latitude ; l'augmentation du coefficient sera d'autant plus grande que les observations seront moins bonnes. Avant 1860, les observations laissaient beaucoup à désirer ; c'est pour cela que Chandler obtient des périodes variables. L'accord des observations postérieures à 1860 est probant ; mais le coefficient est un peu trop grand.

M. Loewy dit que la seule coïncidence est celle des époques des maximums ; il est difficile de tout rapporter à un même méridien ; enfin, il faudrait procéder à une discussion sur la valeur relative des diverses séries utilisées.

M. Turner donne quelques détails sur les opérations, actuellement en cours d'exécution, de la longitude Paris-Greenwich. Pendant longtemps, on n'aurait pas déterminé de longitudes en Angleterre ; les jeunes astronomes manquaient alors. C'est le général Perrier qui a appelé l'attention de l'astronome royal sur l'utilité de la détermination de la longitude Paris-Greenwich ; la première opération, à laquelle ont pris part M. Bassot et Defforges, a donné lieu à des difficultés, provenant surtout de l'emploi des niveaux. Aussi a-t-on décidé de tout reprendre ; on a déjà quelques résultats à Greenwich, mais la réduction n'est pas assez avancée pour que l'on puisse donner rien de définitif.

On détermine en même temps [barré : en An] les longitudes de 4 stations, sur le cable qui relie l'Angleterre au Canada ; on a employé le siphon recorder, qui permet d'envoyer 50 tops à la seconde, et par suite, de [barrer : déterminer] mesurer le 1/50 de seconde.

M. Faye remercie M. Turner de son intéressante communication. M. Cornu ayant demandé quelle est la durée de transmission des signaux, M. Turner répond que c'est ¼ de seconde à l'aller, et autant au retour.

M. Bouquet de la Grye dit que le miroir de Thomson était très sensible, mais qu'il ne laissait pas de trace, et ne se prêtait pas l'enregistrement ; c'est ce qui fait que le siphon recorder est préférable.

M. Bouquet de la Grye rend compte des démarches qu'il a faites auprès du Rapporteur de la Commission du Budget, et dit qu'il espère que le Bureau obtiendra gain de cause.

La séance est levée à cinq heures.

Le Secrétaire,

F. Tisserand

[en rouge : Il y a une note à M. Dupuy, Député]

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1891-1895
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 22 juin 1892”, 1892-06-22, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 25 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4523
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