[Note d'Auguste Daubrée sur le recours aux scientifiques danois pour une mission en Islande afin d'éluder les gisements de spath]

Cette pièce doit être annexée au procès-verbal de la séance du 28 Juin 1893, du Bureau des Longitudes. F. T.

Il y a lieu tout d'abord de remercier le gouvernement danois de la bienveillance avec laquelle il a accueilli la sollicitude du Bureau des longitudes pour le gisement du précieux minéral auquel se rattachent de si mémorables découvertes depuis Huyghens [Huygens].

Depuis les deux missions bien connues de M. Des Cloizeaux en 1845 et 1846, bien des voyageurs, français et autres, ont eu l'occasion de visiter ce gisement, notamment le docteur Labonne en 1887 et M. Charles Rabot en 1891. Ils sont unanimes à déclarer que l'examen sommaire de la cavité basaltique renfermant le spath est insuffisante pour se rendre compte de ce qui en reste.

Des travaux qui entailleraient la masse et un commencement d'extraction pourraient seuls donner des résultats utiles [renvoi en bas de page : Le spath tapisse une grande fissure de la roche volcanique et se trouve également en cristaux isolés au milieu d'une argile ferrugineuse : c'est surtout ce dernier qui mérite l'intérêt]

Or d'après le texte de la lettre ministérielle, la possibilité d'une pareille pénétration semble être écartée

Du reste, les minéralogistes et les géologues très distingués que possède le Danemark sont, mieux que qui que ce soit, en état de répondre au desideratum. Le gisement du spath leur est parfaitement connu.

Le Musée de Copenhague en renferme une assez grande provision pour qu'il le mette avec libéralité à la disposition des savants, quand il s'agit d'applications utiles.

Dans ces conditions, une mission française serait certainement fort agréable et intéressante pour le jeune ingénieur qui en serait chargée ; mais elle aurait bien peu de chances d'aboutir et il est fort préférable de faire appel aux savants danois

Paris, le 24 juin 1893 A Daubrée