Titre | [Lettre d'Henri Perrotin à Henri Poincaré, membre de l'Institut, secrétaire du Bureau des Longitudes] |
Créateur | Perrotin, Joseph (1845-1904) |
Contexte | Volume 1891-1895 |
Date | 1894-08-27 |
Identifiant | O1891_1895_231 |
Relation | O1891_1895_230 |
Format | 12 x 20 cm; image/jpeg; |
Éditeur | Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine); |
Droits |
CC BY-SA 3.0 FR |
Type | Manuscrit; Text; Lettre; |
Description |
[au stylo rouge : à annexer au p.v. de la séance du 29 août 1894.] Observatoire de Nice Nice, le 27 août 1894 Monsieur Poincaré, Membre de l'Institut, Secrétaire du Bureau des Longitudes, Paris. Monsieur le Secrétaire, J'étais à l'observatoire du Mounier lorsque votre lettre est arrivée ici et c'est en raison de cette circonstance que je n'ai pas répondu plus tôt à la question que vous me faites l'honneur de m'adresser, au sujet de la planète Mars. La projection lumineuse que j'ai signalée, par dépêche aux astronomes, il y a bientôt un mois, a été vue par M. Javelle, avec la lunette du grand équatorial. Voici la note que me remet, à ce propos, le jeune observateur : "Le 28 juillet, à 15h43m, t.m. de Nice, on commence à voir, dans la région australe du terminateur de Mars(1) [renvoi en bas de page : (1) d'après le croquis de M. Javelle, le point brillant est situé dans le continent "Hellas" de Schiaparelli, région est.], une petite proéminence brillante, non arrondie, ayant assez exactement la forme d'un accent circonflexe (^). Le phénomène augmente d'intensité jusqu'à 16h23m et à ce moment, bien qu'il fasse jour (lever du soleil : 16h45m), on n'a pas de peine à distinguer la proéminence. Peu après et sans pouvoir en attendre la fin, on est obligé de cesser l'observation à cause de la trop grande lumière du jour. Les images sont excellentes et les grossissements employés successivement sont de 600 et de 1100 fois." Comme je rentrais de voyage, M. Javelle n'osa pas me réveiller et c'est seulement le lendemain que je cherchai à vérifier l'observation. Malheureusement les images étaient médiocres et l'observation se trouvait rendue difficile à cause du retard de 37 minutes qui, d'un jour à l'autre, se produit dans le passage, par le terminateur, d'un même point de la planète et qui ce jour-là portait le moment de maximum du phénomène dans le voisinage du lever du soleil et même après le lever. Par instants, il me sembla voir des traces de la protubérance, mais c'est tout. L'observation de M. Javelle n'en est pas moins digne de foi et doit prendre place à côté de celles des Américains et des miennes de la dernière opposition (1892 juin 10 ; juillet 3 et 4. – C.R du 5 sept. de cette année). En 1892, après l'opposition, j'ai vainement essayé de revoir les protubérances observées avant l'opposition, aux heures où les régions correspondantes de la surface de la planète repassaient par le terminateur. Il est donc possible que ces phénomènes ne soient pas de longue durée et qu'ils aient même origine que le point lumineux vu, ici, le 6 août 1892, au centre du disque, tout près du "lac du soleil" et qui dès le lendemain avait disparu. Mais avant de se prononcer <là-dessus> de nombreuses observations accompagnées de mesures sont encore nécessaires. Il paraît, en effet, établi que les projections lumineuses sont seulement visibles plusieurs semaines avant ou après l'opposition, quand la phase suffisamment accentuée fait que, la distance du point lumineux au bord du disque étant encore notable, l'absorption par l'atmosphère de la planète n'est pas trop considérable. A cet égard, les conditions les meilleures auraient lieu très loin du moment de l'opposition si ce n'étaient la trop grande distance géocentrique de l'astre et sa faible hauteur sur l'horizon. A l'époque de l'opposition, ces inconvénients n'existent plus, mais alors l'absorption par l'atmosphère de Mars produit son effet maximum et rend le phénomène invisible, en dépit de sa plus grande étendue. Il n'est en somme observable que pendant des périodes de temps intermédiaires, assez courtes et c'est ce qui en explique la rareté apparente. Il a fallu l'ardeur que les astronomes apportent depuis quelques années dans ce genre de recherches, la puissance des instruments dont ils sont pourvus, pour que ces faits étranges ne leur aient plus échappé. Dans une quinzaine de jours, tout au plus, je compte préluder aux observations astronomiques, sur le Mounier, par l'étude de Mars, et si je parviens à noter quelque particularité digne de l'attention du Bureau des Longitudes, je me ferai un devoir de le lui communiquer, en témoignage de ma reconnaissance pour la haute bienveillance qu'il n'a cessé d'accorder à cet observatoire et à son personnel. J'ai l'honneur d'être, Monsieur le Secrétaire, avec le plus profond respect, Votre tout dévoué serviteur Perrotin |
Type de document | Procès-verbal |
Transcripteur | Muller, Julien |
Collection | Volume 1891-1895 |
Citer ce document | “[Lettre d'Henri Perrotin à Henri Poincaré, membre de l'Institut, secrétaire du Bureau des Longitudes]”, 1894-08-27, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 18 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4658 |
Item Relations
- lunette du grand équatorial (mention au 1894-08-29) est une partie de Ce contenu