Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Séance du Bureau des Longitudes du 10 avril 1895 - Rappel de mes observations

Titre Séance du Bureau des Longitudes du 10 avril 1895 - Rappel de mes observations
Créateur Poincaré, Nicolas Antonin Hélène (1825-1911)
Contexte Volume 1891-1895
Date 1895-04-10
Identifiant O1891_1895_277
Relation O1891_1895_276
Format 19,4 x 31 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; [Note];
Description

Séance du Bureau des Longitudes du 10 avril 1895

Rappel de mes observations

A l'occasion de ma communication à l'Institut du 8 avril 1895 sur la relation des déplacements en latitude des lignes de maxima barométriques avec les mouvements en déclinaison de la Lune, j'ai eu l'h de mettre sous les yeux de MM. les membres du Bureau, quelques unes des nombreuses cartes sur lesquelles ont été tracées ces lignes et diverses publications datées de 1884 à 1889.

Les tableaux, cartes et profils résumant les observations quotidiennes fournies pour 1877, 78, 79, 80, 83 et 1884, par le bulletin international, montrant la grande influence constamment et régulièrement exercée par les différentes révolutions lunaires, et particulièrement par la révolution tropique, sur la réfraction atmosphérique moyenne de l'hémisphère nord, les déplacements du champ des alizés, les moyennes barométriques de chaque parallèle, la latitude des lignes de maxima.

Les faits ainsi mis en lumière ne sauraient être mis en doute. Ils sont d'accord avec ceux établis par M. Bouquet de la Grye. Par le nombre considérable des observations simultanées, par leurs constantes relations avec les révolutions solaires et lunaires, ils échappent à toute suspicion d'idées préconçues, à toute supposition de causes dites fortuites, c'est-à-dire inconnues.

Les observations barométriques sont, suivant les lieux, faites, soit avec des baromètres à mercure, soit avec des anéroïdes soigneusement comparés. Dans l'ensemble d'une cote moyenne par parallèle, il n'est guère possible de discerner une différence entre les indications des deux natures d'instruments. L'influence de l'attraction lunaire sur la colonne mercurielle ne pourrait que masquer en partie les résultats ; elle est du reste sans importance comparativement aux effets cumulatifs produits par la marche du Soleil et de la Lune.

L'attention de MM. les Membres du bureau s'est particulièrement portée sur mes profils de pression moyenne par jour sur les parallèles 30° et 10° dans l'année météorologique 1883 et les profils correspondants dépouillés des effets des actions lunaires à courtes périodes.

Au sujet du mode d'action de la révolution tropique, j'ai signalé le passage ci-après dans ma notice de mai 1888.

"A 30° : en partant du minimum lunistice austral, la courbe s'élève très lentement et reste, pendant 3 jours, presque parallèle à la courbe normale ; elle met ensuite 2 jours à la rejoindre, 5 environ à la suivre, 3 à monter au maximum qu'elle atteint la veille du lunistice boréal. Après ce maximum, il lui faut 2 ou 3 jours pour rejoindre la courbe normale ; elle reste 6 à 8 jours à la suivre et, en 3 ou 4 jours, descend au minimum suivant :

"A 10° : marche semblable en sens inverse, un peu irrégularisée par un renflement au passage de la lune à -10° et un léger affaissement à son passage à +10°."

La lune enlève de l'air sous elle à 10° pour le rejeter sur le 30e parallèle et au-delà.

Elle soulève les couches de l'atmosphère et surtout, comme l'a fait également remarquer M. Bouquet de la Grye, les couches supérieures.

En traversant l'équateur, elle ne fait qu'activer le mouvement ascensionnel. Puis elle active le mouvement des contre-alizés, étend le champ des alizés et augmente la surcharge de la ceinture des [mot illisible]. Les augmentations de pression se portent ainsi au moins à 10° en avant d'elle, et le maximum de 30° est antérieur au lunistice

Dans son retour à l'équateur elle active les alizés, amortit les contre-alizés. Les maximums barométriques redescendent derrière elle.

Par suite du balancement nécessaire dans le fonctionnement des alizés et contre-alizés austraux et boréaux, les effets sont inverses sur l'autre hémisphère.

Les théories actuelles des marées sont sans doute impuissantes à rendre compte de ces faits. Il faudrait appliquer l'attraction lunaire en mouvement à un gaz essentiellement mobile, extensible, diffusible et, susceptible de se partager instantanément en couches presque indépendantes et dans lequel préexistent et sont entretenus des courants superposés et contraires.

11 avril 1895 A. Poincaré

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Commentaires Autre forme trouvée pour le prénom : Nicolas Antony OU Antoine.
Collection Volume 1891-1895
Citer ce document “Séance du Bureau des Longitudes du 10 avril 1895 - Rappel de mes observations”, 1895-04-10, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 25 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4703

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