Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Note pour le Procès-verbal de la Séance du 22 janvier 1896

Titre Note pour le Procès-verbal de la Séance du 22 janvier 1896
Créateur Lallemand, Charles (1857-1938)
Contexte Volume 1896-1899
Date 1896-01-22
Identifiant O1896_1899_007
Relation O1896_1899_006
Format 20,3 x 31 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Dactylographié avec corrections manuscrites; Text; Note;
Description

NOTE

pour le Procès-verbal de la séance du 22 janvier 1896 du Bureau des Longitudes.

M. LALLEMAND signale à l'attention du Bureau une série d'articles, dont les deux premiers ont déjà paru [renvoi en marge : publiés par M. de Girard, Professeur à l'Ecole polytechnique fédérale suisse] dans la Revue thomiste (3e année, p. 497 & 741) sur la théorie tétraédrique de la forme de la terre.

Cette théorie, imaginée, il/y a vingt ans, par M. Lowthian GREEN, Ancien Ministre des Affaires Etrangères des îles Sandwich, est défendue en France par M. de LAPPARENT, assigne, comme on sait, à l'écorce solide ou lithosphère terrestre, une forme dérivée du tétraèdre. Une <des> pointes de ce tétraèdre coïnciderait avec le continent austral, pendant que les trois autres sommets correspondraient respectivement, dans l'hémisphère Nord, aux massifs des Alpes, de l'Himalaya et des Montagnes Rocheuses. Les faces de la pyramide respectivement opposées aux 4 sommets seraient occupées par la mer Boréale et par les Océans Pacifique, Atlantique et Indien.

Cette théorie, au début, était uniquement appuyée sur l'Observation et sur les expériences de FAIRBAIRN relatives à l'écrasement des tuyaux. M. LALLEMAND lui a donné, en 1885, une base mécanique, <en> montrant que si la partie fluide <ou> pâteuse du globe terrestre (le noyau et l'enveloppe aqueuse des mers) tendent à garder la forme ellipsoïdale classique, la lithosphère, au contraire, étant obligée, par l'attraction centripète, à rester toujours en contact avec le noyau qui se contracte plus rapidement qu'elle, doit être nécessairement conduite, en vertu du principe de la moindre action, à prendre la forme qui réduit le moins possible la surface pour <une> diminution donnée du volume intérieur.

Or, de tous les solides réguliers, le tétraèdre est celui qui embrase le plus petit volume sous une surface extérieure donnée.

La lithosphère, envisagée isolément, doit donc chercher à prendre cette forme, comme semblent d'ailleurs le montrer les expériences de M. LALLEMAND sur des ballons de caoutchouc, et celles de M. M. GHESQUIERE et de JOLY, sur des ballons de verre ramollis par la chaleur, dans lesquels on faisait un vide partiel.

La forme définitive du géoïde (surface fondamentale de niveau du globe terrestre) doit être la résultante de ces deux tendances distinctes : tendance de la lithosphère vers la forme tétraédrique, tendance des parties fluides ou pâteuses vers la forme ellipsoidale.

Le géoïde doit donc affecter la forme d'un ellipsoïde de révolution avec une <très> légère déformation tétraédrique.

S'il en est ainsi, la pesanteur mesurée au niveau du géoïde ne doit pas obéir complètement à la loi de CLAIRAUT.

Dans le voisinage des sommets du tétraèdre, plus éloignés du centre, on doit constater une pesanteur plus faible que celle qui correspondrait à l'ellipsoïde théorique ; vers le milieu des faces déprimées du tétraèdre, au contraire, la pesanteur sur le géoide doit être plus forte/que sur l'ellipsoide.

Or, précisément, les mesures les plus récentes de la gravité s'accordent toutes pour accuser un déficit de la pesanteur dans les grands massifs montagneux et, au contraire, un excès de gravité dans les iles situées au milieu des grands Océans.

On a cherché à expliquer ces anomalies, en admettant, d'une part l'existence de vides ou tout au moins de matières moins denses sous les montagnes et, d'autre part, en supposant une épaisseur et une densité plus fortes de l'écorce sous les mers, en raison de la faible température du fond des océans.

Sans nier l'influence de telles causes dans la production des anomalies en question, M. LALLEMAND se demande si une partie de celles-ci ne seraient pas dues à la déformation tétraédrique de l'écorce.

La chose, en/tout cas, semble mériter une étude sérieuse de la part des géodésiens.

On aurait encore un autre critérium de l'existence de la déformation tétraédrique du géoïde, si l'on connaissait l'aplatissement du globe dans l'hémisphère sud.

Cet aplatissement, en effet, devrait être trouvé moindre que celui résultant des mesures actuelles d'arcs de méridiens, dont la plupart se rapportent exclusivement à la partie moyenne de l'hémisphère nord.

Il est à souhaiter que dans un avenir prochain, cette question puisse être résolue.

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1896-1899
Citer ce document “Note pour le Procès-verbal de la Séance du 22 janvier 1896”, 1896-01-22, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 28 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4770

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