Ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts - Séance de l'Instruction publique - Bureau des Longitudes - Séance du 5 août 1896

Séance du 5 août 1896.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés au registre de la correspondance.

M. Héraut [Héraud?] entretient le Bureau du phénomène si curieux désigné sous le nom : "Hoquets de mer" et qui a été l'objet de recherches particulières de l'Ingénieur hydrographe Belge Monsieur Van-Mierlo, qui vient de saisir le service hydrographique de cette question.

M. Héraut fait à ce propos la communication suivante : Les marins belges connaissent sous le nom de Mist-Poef, "hoquet de brume", ou de Zee-poef, "hoquet de mer", des bruits singuliers qui leur paraissent venir de la mer du Nord, dans la direction du Nord-Ouest. Ce sont des détonations sourdes qu'on arrive, paraît-il, à distinguer du bruit du canon ; elles ont été perçues dans les parties limitrophes de la côte de Hollande, sur la côte de France jusqu'au cap Gris-Nez et sur la côte Sud d'Angleterre jusqu'à Dungeness.

Ces phénomènes, dont il n'a jamais été question en France, ont été signalés au service hydrographique par M. Van Mierlo, ingénieur hydrographe belge, qui les a observés fréquemment et qui est arrivé, en tenant compte de diverses indications, à placer le centre d'audition des "Hoquets de mer" à une vingtaine de milles dans le nord de Dunkerque, entre le Fairy bank et le banc de Bergues. Les bruits sembleraient venir de ce centre pour les observateurs qui en sont éloignés et de tous les points de l'horizon pour un observateur placé en ce centre même.

Une enquête scientifique est poursuivie sur ces bruits mystérieux sous la direction de M. Van der Broeck [Van den Broeck], conservateur du Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles et les résultats en sont publiés par la revue scientifique "Terre et Ciel", paraissant à Bruxelles deux fois par mois. Depuis le 1^er Décembre dernier, presque tous les numéros de ce recueil contiennent des témoignages autorisés de savants, d'ingénieurs, d'officiers, de marins, qui affirment tous l'existence des "Hoquets de mer", en décrivant les particularités, sans expliquer toutefois leur provenance.

Les savants belges rappellent que des bruits analogues ont été mentionnés par le chancelier Bacon ; ils rapprochent les "Hoquets de mer" des "Barisal-Guno", détonations qu'on entend dans le delta du Gange et spécialement à Barisal, localité située à peu de distance de la mer dans la partie Est du Delta ; ils parlent de phénomènes analogues, perçus récemment au Congo, mais bien vaguement décrits ; ils citent, enfin, les observations de Humboldt et de Boussingault sur les bruits qui, dans l'Amérique du Centre, précédent ou accompagnent les tremblements de terre.

A ce propos, M. Héraut invoque un souvenir personnel au Mexique, dans les environs du volcan le Popocatepell [Popocatépetl] (5400^m), quand les nuages couronnent le sommet et bouchent le cratère, on entend des détonations sourdes. Elles sont dues, d'après les habitants, à ce fait que les mofettes du cratère, comprimées par les nuages, s'échappent bruyamment, quand la pression de ces vapeurs est devenue assez forte.

M. Héraut fait remarquer en outre que le service hydrographique va faire publier dans ses Annales, ainsi que dans la Revue maritime, la note, suivie d'un questionnaire, rédigée par M. Van-Mierlo, pour appeler l'attention des marins sur les "Hoquets de mer" ; il communiquera la même note à l'administration des Phares et Balises, dont les agents, soit dans les phares du littoral, soit sur les feux flottants, sont des observateurs tout indiqués pour des phénomènes de ce genre.

M. Loewy rend compte au Bureau des Longitudes de l'état d'avancement de la Connaissance des temps de 1899 et de l'Annuaire.

44 feuilles de la Connaissance des temps sont à l'impression ; sur ce nombre 26 bons à tirer ont été donnés ; les autres feuilles sont, en grande partie, en cours de correction.

Pour les raisons indiquées dans une séance précédente, c'est-à-dire à cause des améliorations introduites dans les satellites, la Connaissance des temps subira cette année un léger retard. Elle pourra toutefois paraître vers le 1^er septembre si le Bureau voulait bien autoriser M. Loewy à ne pas introduire cette année le tableau des petites planètes, qui en vertu d'une décision antérieure du Bureau devait être transporté de l'Annuaire dans la Connaissance des temps. Par suite, ce tableau figurerait dans la Connaissance des temps pour l'année 1900.

La proposition de M. Loewy est adoptée.

Pour l'Annuaire, M. Loewy estime que toute la partie technique de l'Annuaire sera achevé pour le 1^er Octobre.

La date d'apparition dépendra donc uniquement de l'impression des notices ; M. Loewy ajoute que M. Tisserand a donné les notices dont le Bureau a bien voulu le charger.

La séance est levée à 4 heures.

M. Loewy