[Lettre de Maurice Loewy, président du Bureau des Longitudes, à Alfred Rambaud, ministre de l'Instruction publique]

Paris, le 6 Janvier 1897.

Lettre remise au Ministre <de l'Instruction publique & des Beaux Arts> à l'appui de la demande de 4000f.

Monsieur le Ministre

A l'occasion de la réunion à Paris, au mois de mai dernier, du 4^e congrès pour la construction de la carte photographique du ciel, une conférence des Directeurs des principales Ephémérides astronomiques, projetée depuis longtemps, a été convoquée à Paris.

Le but principal de ce second congrès était de fournir à l'astronomie, à la géodésie et à la navigation une base de travail plus simple et plus sûre, et de réaliser pour cela des réformes dans la confection de nos éphémérides, réformes imposées par la marche progressive de la science moderne.

Il s'agissait, en même temps, de préparer les éléments précis de réduction pour la construction de la carte du ciel et d'assurer ainsi l'avenir de cette grande entreprise, exécutée sous les auspices de la France.

A cette dernière conférence internationale, réunie par l'initiative du Bureau des Longitudes, prirent part, en outre des directeurs des quatre principales éphémérides astronomiques : American Ephemeris, Berliner Jahrbuch, Connaissance des temps, Nautical Almanac, des astronomes particulièrement compétents dans les questions à traiter. Il y fut pris les résolutions importantes, qui ont été accueillies avec la plus grande faveur par les savants des deux hémisphères.

Nous devons particulièrement remarquer qu'il a été arrêté d'effectuer dans les éphémérides représentées à la Conférence un certain nombre de calculs basés sur un même système de constantes et de fournir en outre dans ces publications, au navigateurs, aux astronomes et aux géodésiens un <plus> grand nombre de repères pour leurs recherches, en augmentant, dans chacune des 4 éphémérides le nombre des étoiles fondamentales y figurant déjà.

Toutes les mesures projetées recevront, nous le savons, en Allemagne, en Amérique et en Angleterre, conformément aux vœux de la réunion, une application immédiate. Les divers gouvernements ont, en effet, accordé aux directeurs d'éphémérides astronomiques, des subventions spéciales dans ce but.

Il est important que la Connaissance des temps qui, sans conteste, occupe aujourd'hui le premier rang parmi les publications similaires, conserve son prestige et réalise pour cela, de son côté, les améliorations demandées par le congrès.

Pour atteindre ce but, nous sommes obligés d'opérer dans notre publication un certain nombre de transformations et de donner à différentes parties un plus grand développement.

Ces perfectionnements indispensables nous entraînent dans deux genres de dépenses : l'un, exceptionnel, pour la transformation de nos bases de travail, l'autre, d'un caractère permanent, provenant du développement forcé que doivent subir divers chapitres.

Par suite de la situation actuelle faite à son budget, le Bureau des Longitudes ne peut même pas commencer les travaux préliminaires que nécessitent ces transformations. Il est donc de toute nécessité, pour conserver à la Connaissance des temps la situation élevée qu'elle occupe, que le budget du Bureau des Longitudes reçoive une augmentation, qui, en opérant avec la plus stricte économie, ne saurait être évaluée à moins de 4000 francs.

Comme il nous paraît impossible d'obtenir cette augmentation budgétaire pour l'exercice 1897 et que, d'autre part, il est d'impérieuse nécessité, pour ne pas nous voir devancer par les autres publications, de commencer immédiatement les travaux, le Bureau des Longitudes a l'honneur, Monsieur le Ministre, de solliciter de votre haute bienveillance une allocation extraordinaire de 4000 francs, afférente à l'année 1897, et en même temps il vous prie de bien bien vouloir demander aux pouvoirs publics, pour l'exercice 1898, d'augmenter de pareille somme son budget.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'homm. De mon profond respect

Le Président du Bureau des Longitudes,

Signé : M. Loewy.