[Note du général Léon Bassot sur l'état actuel des opérations relatives à la carte de l'Algérie]

Annexer au Procès verbal de la séance du 16 mars

Guyou

Séance du 9 Mars 1898

Note, résumant une communication faite au Bureau des Longitudes.

Monsieur Bassot donne quelques détails sur les opérations astronomiques qui s'exécutent en ce moment en Algérie et en Tunisie.

Le Service géographique de l'armée doit compléter, dans l'année 1898, le réseau astronomique destiné à vérifier et à servir d'appui aux chaînes méridiennes et parallèles de la triangulation générale de ces deux Colonies.

Monsieur Bassot expose d'abord comment est constitué le réseau géodésique primordial. Ce réseau, dit du système à gril, est formé de deux grandes chaînes parallèles et de quatre chaînes méridiennes.

Les chaînes parallèles sont : [note de bas de page : ⁽¹⁾ voir la carte ci-annexée.]

1° le parallèle d'Alger qui s'étend de la frontière du Maroc, près Nemours, jusqu'à la presqu'île du cap Bon en Tunisie, en suivant les crêtes du petit Atlas, suivant une direction générale presque parallèle à la côte.

2° le parallèle de Laghouat, qui part de la frontière Marocaine entre Aïn-Sefra et Figuig, passe à Geryville, Laghouat, Biskra, Gafsa, Gabès pour aboutir à Medenine, et se trouve établi sur les derniers contreforts du grand Atlas.

Les chaînes méridiennes sont :

1° La méridienne de Tunis à Medenine,

2° celle de Constantine à Biskra,

3° celle d'Alger à Laghouat

4° celle d'Oran à Aïn-Sefra

Toutes ces chaînes sont actuellement mesurées.

Elles s'appuient sur huit bases, établies aux nœuds des méridiennes et des parallèles à Carthage, Bône, Blidah, Oran, Medenine, Biskra, Laghouat et Mecheria. De ces huit bases, trois sont actuellement mesurées, celles de Blidah, Bône et Oran ; mais les mesures, faites avec l'appareil bimétallique de Porro, ne sont considérées que comme provisoires ; elles seront refaites incessamment avec la règle bimétallique de Brunner, étalon fondamental de la nouvelle méridienne de France, et l'on procèdera ensuite à la mesure des cinq autres bases. La base de Blidah sert au calcul de toute la triangulation : les autres bases seront des bases de vérification.

Les intervalles compris entre les méridiennes et les parallèles forment des quadrilatères, dont la plupart sont actuellement remplis par une triangulation de 1^er ordre, qui sert de point d'appui à la triangulation secondaire des 2^e et 3^e ordre, fournissant les fondements des travaux topographiques. Cette triangulation secondaire est actuellement très avancée ; on peut prévoir qu'elle sera complètement terminée, pour la région colonisable, en 1905.

Pour déterminer les coordonnées astronomiques du point fondamentale de la triangulation, servant au calcul des coordonnées géodésiques de tous les sommets du réseau, aussi bien que pour avoir des coordonnées de vérification, on a formé un réseau astronomique dans les conditions suivantes :

Le point fondamental est la station astronomique de la Colonne Voirol, près Alger : on a déterminé sa longitude, par une mesure de différence de Longitude, au moyen du télégraphe, avec Paris et avec Marseille, Paris et Marseille étant déjà reliés entre eux ; ce qui a fourni un triangle de longitude comme vérification. Puis la latitude y a été observée en 12 soirées et enfin on y a mesuré l'azimut du côté géodésique Voirol-Melab el Kora.

Les stations astronomiques de vérification actuellement faites, sont celles de Nemours, M'Sabiha, Bône, Carthage sur le parallèle d'Alger ; celles de Géryville, Laghouat et Biskra sur le parallèle de Laghouat, celle de Guelt-el-Stel sur la méridienne d'Alger à Laghouat. Toutes ces stations sont déterminées en longitude, par différence de longitude télégraphique avec la station fondamentale de Voirol, puis en latitude par des hauteurs circumméridiennes d'étoiles, et enfin, en chacune d'elles, on a mesuré l'azimut astronomique d'un côté géodésique.

C'est pour compléter ce réseau que les opérations astronomiques de 1898 ont été entreprises. Les stations prévues sont celles de Sétif sur le parallèle du Nord, d'Aïn Sefra, Gafsa et Medenine sur le parallèle du Sud, de Saïda sur la méridienne d'Oran, de Kairouan sur la méridienne de Tunis.

La campagne du printemps comprend les stations d'Aïn-Sefra, Saïda, Medenine et Kairouan ; celle qui sera exécutée à l'automne comprendra celles de Sétif et de Gafsa.

A Aïn-Sefra et à Medenine on a mesuré la différence de longitude avec Alger-Voirol par le télégraphe avec changement d'observateurs ; on a mesuré également la latitude et l'azimut d'un côté géodésique : à Saïda et à Kairouan, on n'a déterminé que la latitude et un azimut, ces éléments paraissant suffisants pour des stations de méridienne.

Pour les deux stations à faire à l'automne, Sétif et Gafsa, on déterminera les trois éléments, longitude, latitude et azimut.

Bassot.