Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

[Coupure de presse relative à la mort d'Octave de Bernadières]

Titre [Coupure de presse relative à la mort d'Octave de Bernadières]
Créateur inconnu
Contexte Volume 1900-1902
Date 1900-02-07
Identifiant O1900_1902_012
Relation O1900_1902_011
Format 22,3 x 32,3 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Imprimé; Text; Coupure de presse;
Description

[S'agissant d'une coupure de presse, les noms figurant dans l'article suivant n'ont pas été reportés dans le tableau de préparation à la prosopographie du Bureau des longitudes]

L'univers du 7 Février 1900

Annexé au procès verbal de la séance du 8 Février 1900

M. DE BERNARDIERES

Les obsèques de M. Octave de Bernardières ont été célébrées hier en l’église Saint-Jacques, sa paroisse, au milieu d’une assistance recueillie et considérable, dont l'affluence et l’attitude prouvaient de quelles sympathies et de quelle estime était entouré l’officier de marine et le savant si brusquement arraché à sa belle carrière.

Les honneurs militaires ont été rendus de la maison à l’église et de l’église au cimetière par un bataillon du 115e de ligne. Durant le double trajet, la musique de ce régiment jouait des marches funèbres, admirablement exécutées.

Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Reynaud de Barbarin, capitaine de vaisseau en retraite, Antoine et Benier, capitaines de vaisseau, M. Loewy, directeur de l’Observatoire, M. Guyou, membre du bureau des Longitudes, M. Henry Bonnet, avocat à la cour d’appel. Le deuil était conduit par MM. Eugène d’Aquin et Eugène Veuillot, beaux-frères du défunt.

M. Auburtin, officier d’ordonnance du ministre de la marine, représentait celui-ci. Le ministre de l’instruction publique était également représenté. Dans l’assistance, nous avons remarqué :

MM. le vice-amiral Besnard, le vice-amiral Rieunier, le vice-amiral Péphau, le vice-amiral Humann, le vice-amiral de la Bedollière, le vice-amiral de Courthille, le vice-amiral Puech, le vice-amiral de Boissoudy, le vice-amiral Alquier, le vice-amiral Gervais, le vice-amiral Duperré, le vice-amiral de Maigret, le vice-amiral de Prémesnil, le vice-amiral Brown de Colstoun, le contre-amiral Habouq, le contre-amiral Bienaimé, le contre-amiral Pougin de la Maisonneuve, le contre-amiral Nabona, le contre-amiral Conte, le général Bassot, les capitaines de vaisseau et de frégate le Nepveu de Carfort, Pradier, Schilling, Heurtel, Magnon-Pujo, de Mazenod, Laffargue, de Laselve, Gadaud, Laporte, le colonel Lechien, le docteur Bonnafy, médecin en chef de la marine, et un grand nombre d’officiers des armées de terre et de mer ;

Les membres du Bureau des longitudes ;

MM. Denys Cochin, Gerville-Réache, Blanquet du Chayla, le marquis de Chambonas, Henri de Ronseray, Bouquet de la Grye, Poincaré, marquis de Boisguilbert, Delagrave, etc.

Au cimetière, trois discours ont été prononcés. Le premier, par M. l’amiral Besnard. Le voici :

Devant cette tombe qui va se refermer sur un officier qui a passé une grande partie de sa vie intimement mêlée à la mienne, je veux adresser un dernier adieu à l’ami très cher enlevé inopinément à notre affection, si bien que notre esprit hésite encore devant cette catastrophe subite et que rien ne faisait prévoir. Qui aurait jamais pu songer que de Bernardières nous précéderait dans la tombe, lui si jeune, si plein de vie et de vigueur ! Qui aurait pu croire que nous le conduirions à sa dernière demeure avant qu’il eût accompli complètement sa carrière, carrière si pleine de promesses quoique déjà si bien remplie! Qui nous eût prédit que cette chère enfant, sa fille, resterait seule au monde alors qu’il y a quatre mois à peine elle fermait les yeux de sa mère chérie ! Le malheur a frappé à coups redoublés et a détruit son foyer paternel.

Je suis certain d’être l’écho de la pensée de tous en disant que Bernardières laisse à la marine le souvenir d’un de ses meilleurs et de ses plus précieux officiers. On vous dira ses travaux scientifiques dans le monde entier, soit qu’il aille observer le passage de Vénus, soit qu’il rectifie quelques longitudes erronées dans le nouveau monde, soit encore qu’il jette les premiers fondements de la carte magnétique du globe, et prépare ensuite, avec l’aide du Bureau des longitudes, l’exécution de cette œuvre grandiose.

Bernardières ne s’est pas seulement occupé de diriger l’observatoire de Montsouris, il a vécu à la mer, navigué, beaucoup navigué, commandé avec distinction. Officier laborieux et instruit, il a su être officier de guerre accompli.

Je ne saurais parler du commandant sans parler de l’homme excellent et droit, de l’ami dévoué, sans joindre nos regrets et nos larmes à ceux de sa famille, sans nous associer à la douleur de cette douce jeune fille si cruellement frappée dès le début de la vie. La grande famille maritime l’entourera de son affection, lui prodiguera sa vive sollicitude sans jamais, hélas ! parvenir à la consoler.

Adieu, cher Bernardières, adieu, cher ami, repose en paix, nous conserverons ton souvenir et les exemples si précieux de ta vie laborieuse, repose en paix dans un monde meilleur, dans celui de l’éternelle justice.

Voici le deuxième discours, prononcé par M. le commandant Guyou, membre du Bureau des longitudes :

Messieurs,

La mort prématurée du commandant de Bernardières unit aujourd’hui, dans un sentiment de profonde tristesse, ses collègues du Bureau des longitudes à ses chefs et à ses camarades de la marine.

Le Bureau des longitudes perd, en de Bernardières, non seulement un de ses membres les plus sympathiques et dont la grande compétence à bien des titres lui était précieuse, il perd aussi un collaborateur de plus de vingt années.

De Bernardières fut en effet un des premiers en date, et, sans contredit, le premier en mérite, parmi les officiers distingués que l’amiral Mouchez entreprit de former aux travaux astronomiques, pour faire profiter la science des circonstances favorables dans lesquelles les hasards de la navigation placent souvent les marins. Dès son séjour à l’observatoire-école de Montsouris, sa vive intelligence et ses aptitudes remarquables le font désigner pour participer aux opérations laborieuses et délicates entreprises pour déterminer les différences de longitudes entre Paris, Bonn et Berlin.

C’est l’habileté avec laquelle il s’acquitta de cette tâche difficile qui le désigna plus tard au choix de l'académie des sciences quand elle expédia des missions dans les différentes parties du globe pour observer le passage de Vénus sur le soleil.

De Bernardières fut nommé par l’académie chef de la mission au Chili. Le Bureau des longitudes, profitant de cette circonstance, le chargea de déterminer, en même temps, la différence de longitudes entre les deux côtes du continent sud-américain. Sa mission fut exceptionnellement féconde. Non seulement il s’acquitta avec plein succès de toutes les observations inscrites par l’académie à son programme, et de la tâche que lui avait confiée le Bureau des longitudes ; il réussit en outre, en profitant habilement d’un heureux concours de circonstances, à prolonger ses opérations jusqu’à Panama, couronnant ainsi l’œuvre géodésique dont il avait été chargé par la fermeture du circuit amorcé par les deux câbles qui reliaient l’ancien continent à l’Amérique du Sud. Il rapporta en outre en France de nombreuses observations magnétiques recueillies sur tout son parcours.

L’Académie des sciences, sur la proposition de l’amiral Mouchez, récompensa ses travaux en lui décernant une part importante du prix de la marine ; mais cette récompense n’était pas suffisante, le Bureau des longitudes lui réservait une plus haute distinction : il l’élut membre titulaire en 1893.

De Bernardières profita aussitôt de l’autorité que lui donnait cette situation pour entreprendre la réalisation d’un projet qu’il avait conçu pendant sa mission de l’Amérique du Sud : la réfection des cartes magnétiques du globe. Il s’était assuré personnellement, pendant cette mission, de la possibilité de confier à des officiers de marine le soin de recueillir les observations nécessaires à cette œuvre. Grâce à la présence à la tête du département de la marine d’un de ses anciens chefs, M. le vice-amiral Besnard, auquel il avait su, par ses services antérieurs, inspirer une légitime confiance, grâce aussi aux dispositions libérales de ce chef envers toutes les entreprises scientifiques intéressant la marine, il réussit à expédier en 1895 sept missions organisées de manière à comprendre une vaste région de la terre dans un réseau d’observations presque simultanées.

Malheureusement cette entreprise, si habilement organisée, dont les résultats devaient être si utiles à la navigation et faire tant d’honneur à notre marine, fut brusquement interrompue l’année suivante par une administration nouvelle.

De Bernardières en conçut un vif chagrin, mais ne perdit pas courage. Ne pouvant plus expédier des missions spéciales, il s’attacha à répandre, parmi les jeunes officiers, le goût des observations magnétiques, de manière à pouvoir utiliser le concours de ceux que le tour d’embarquement dirigerait vers des contrées lointaines. Il réussit de cette manière à provoquer un courant qui lui survivra et qui assurera lentement, mais sûrement, le succès de son œuvre.

Il semblerait que tant de services rendus aux sciences aient dû laisser peu de place à l’accomplissement des devoirs militaires. Il n’en est rien ; dès sa sortie de l’Ecole navale, de Bernardières débute par une campagne de trois ans, sur la frégate l'Armorique, dans la division navale des côtes occidentales d’Afrique. Quelques années plus tard il fait un long séjour dans les mers de Chine sur l’aviso le Segond. Il embarque ensuite sur l'Ariel et l'Averne dans la station de la Manche.

La marine lui a confié successivement le commandement du côtre le Levrier comme lieutenant de vaisseau, celui de l’aviso la Mouette et de la station de la mer du Nord comme capitaine de frégate et enfin celui du croiseur le Davout dans l’escadre de la Méditerranée comme capitaine de vaisseau.

Dans les services à terre, il est détaché successivement au bataillon des marins fusiliers, à l’Ecole de tir d’où il sort avec un prix d’ensemble, à la commission de Gâvres où il se fait remarquer par un mémoire sur des questions d’artillerie, et enfin à Paris, à l’état-major général et au comité des inspecteurs généraux.

Il était naturel aussi que, en outre de ces fonctions exclusivement professionnelles, la marine, utilisant ses connaissances scientifiques, lui confiât l’enseignement des jeunes officiers. Il fut en effet embarqué à deux reprises comme officier-professeur sur le croiseur-école des aspirants, il remplit ensuite les fonctions de second de l’Ecole navale, et fut enfin nommé commandant du Borda, à son débarquement du Davout.

Il n'est aucune de ces situations variées dans laquelle de Bernardières ne se soit distingué ; les appréciations dont il a été l'objet aux diverses étapes de sa carrière constituent un des plus beaux dossiers que puisse envier un officier qui se serait exclusivement consacré à ses devoirs militaires.

Une carrière militaire et une carrière scientifique aussi bien remplies devaient conduire de Bernardières aux plus hautes situations. La marine allait, en effet, le nommer prochainement contre-amiral, et l’Académie des sciences, l’année dernière, en accueillant avec une faveur marquée sa première candidature, lui avait manifesté son intention de l’appeler un jour dans son sein. La mort, en le frappant prématurément, l’a privé de ces justes récompenses de ses beaux services.

De Bernardières, en débarquant du Borda, avait accepté une situation à Paris pour attendre le grade de contre-amiral demandé pour lui par tous ses chefs. Il l’attendait patiemment, vivant en famille, partageant son temps entre les travaux du comité des inspecteurs généraux et ceux du Bureau des longitudes, quand un cruel malheur vint le frapper.

Il eut la douleur de perdre Mme de Bernardières. Depuis cette époque, nous le vîmes décliner rapidement. Une maladie lente, contractée au cours de ses laborieuses missions, activée par le chagrin, précipita sa marche et acheva son œuvre destructrice avant que la science et la marine aient pu s’acquitter envers lui. Puisse l’excès de douleur que cause a sa famille cette injustice du sort être atténué par la pensée que les chefs et les camarades de de Bernardières, et les savants dont il a partagé les travaux sont unanimes à rendre hommage à ses mérites.

Le nom de de Bernardières restera attaché aux œuvres importantes auxquelles il a participé. La reconnaissance des savants l’inscrira parmi ceux des marins dont elle honore la mémoire.

Le troisième discours a été prononcé, au nom de la famille et des amis, par M. Henry Bonnet :

Je n’ai pas d’autre titre à prendre la parole près de cette tombe qui va se fermer sur la dépouille mortelle de celui que nous pleurons, que de l’avoir profondément aimé. Et je sais qu’a ce titre, tous ceux qui l’ont connu, tous ceux qui sont ici, parents, amis au nom desquels je parle, pourraient aussi bien que moi, avec la même émotion, la même chaleur de cœur et la même amère tristesse, lut dire le suprême adieu.

On vous a rappelé les mérites éminents du capitaine de vaisseau à qui la mort arrache les étoiles qu’il allait obtenir, du savant à qui le Bureau des longitudes avait, il y a plusieurs années, ouvert ses portes et que l’académie des sciences attendait. Ni de l’un, ni de l’autre je n'ai qualité pour rien dire et je ne veux que traduire l'impression que je ressentais, que vous ressentiez aussi, j’en suis sûr, quand tout à l’heure M. l'amiral Besnard et M. le commandant Guyou qui pouvaient le juger vous retraçaient éloquemment sa carrière. Nous pensions tous que nulle vie n’a été plus belle et plus noble que la sienne et qu’il est de ceux sur la tombe desquels on devrait graver trois mots qui peuvent être sa devise : Travail, devoir, honneur.

Et je songeais, en face de cette vie si bien remplie, si pleine encore de promesses et si prématurément brisée, combien la mort est aveugle et impitoyable et combien mystérieuses et troublantes sont les lois de nos destinées.

Ce sont les plus nobles, les plus utiles, les plus précieux parmi les hommes, que la mort semble choisir de préférence pour les enlever aux devoirs qu’ils avaient encore à remplir, aux honneurs qui leur étaient réservés et aux affections et aux tendresses qu’elle devrait le plus épargner.

Il y a trois mois, elle frappait une première fois à la porte de la maison de Bernardières et emportait une femme d’élite, la compagne de sa vie, la mère d’une fille de 17 ans dont elle déchirait le cœur, en même temps qu’elle mettait dans celui du père qui se savait déjà frappé, avec une immense douleur, l’angoisse de l’avenir de son enfant. Aujourd’hui elle fait une orpheline. Et à cette pauvre enfant en deuil elle n’a pas même laissé le temps d’essuyer ses premières larmes avant de la faire pleurer encore, en lui enlevant le meilleur des pères après lui avoir pris la plus tendre des mères.

Quel coup, messieurs, quelle catastrophe ! Il faut à ceux qui sont ainsi frappés une bien profonde résignation chrétienne pour se soumettre sans murmurer.

Combien devant de tels malheurs et devant de pareilles douleurs toutes les paroles sont vaines !

Je voudrais pourtant, au nom des parents et des amis de notre cher Bernardières, au nom de tous ceux qui l’ont connu et l’ont aimé, dire notre chagrin devant son cercueil, le souvenir qu’il laissera, et vous parler un instant de lui avant de lui dire adieu pour toujours.

En évoquant la figure de l’ami qu’il était, dans la douceur et la paix de l'intimité, je ne puis pas distinguer cette figure de celle du marin, de l’officier, du commandant énergique, vaillant, ferme et bon, toujours présent, même dans l’abandon et les effusions de l’amitié ou de la tendresse.

Je ne puis pas non plus ne pas dire un mot de la carrière à laquelle il avait donné sa vie. Il n’en est pas, à mes yeux, de plus grande et de plus belle. J’ai eu, dans ma famille, deux marins vers qui ma pensée n’est jamais allée sans respect et sans orgueil. L’un, l’aîné de Bernardières, qui a été son chef et qui devrait vous parler de lui à ma place, pleure au milieu de vous. L’autre est dans ce cercueil. Tous deux ont éveillé — ils en étaient dignes — mon culte d’enfant et d’adolescent ; ce culte est demeuré intact quand est venue ma maturité. Et la très haute estime que j’ai pour la carrière qui fut la leur est devenue inséparable, dans mon esprit, de celle que j’ai eue pour eux. Souvent même, je me suis demandé si c’est le métier de marin qui fait des hommes comme sont presque toujours les officiers de notre armée de mer, ou si ce sont les qualités et la valeur de ces hommes d’élite qui élèvent et ennoblissent leur métier.

Ce dont je suis sûr et ce que je puis affirmer devant ceux de ses camarades qui sont ici, c’est que Bernardières a été de ceux qui honorent le corps auquel il a appartenu.

M’est-il permis d’ajouter — évoquant quelque chose qui me touche de très près — que l’éclat de sa carrière, la noblesse et la beauté de sa vie et de son caractère, m’ont procuré une satisfaction aujourd’hui voilée de tristesse, celle de voir se manifester à côté de moi une vocation dont je suis très fier et qu’il a contribué à faire éclore.

Que puis-je vous dire encore, messieurs, de l’ami qui nous est enlevé? Nous avons tous dans le cœur quelque chose qui témoigne plus éloquemment qu’aucune parole de ce qu’il valait et de ce que nous perdons : c’est notre commune douleur.

Cette douleur mêlée d’admiration et de respect est l’hommage que je veux déposer pieusement en votre nom sur sa tombe. J’ajoute seulement qu’aucun homme n’a mieux mérité cet hommage et n’emportera avec lui de plus sincères et de plus unanimes regrets !

Nul ne fut meilleur, plus sûr, plus fidèle à ses amis que lui. Il n’était dur que pour lui-même. Il le fut jusqu’à l’héroïsme, jusqu’à dépasser les limites que l’énergie humaine permet aux âmes fortes d’atteindre. Il le fut jusqu’à sacrifier sa santé et sa vie au strict accomplissement de ses devoirs, et il ne s’est résigné au repos que quand tout reste de force lui eut été définitivement enlevé.

Sa fin a été digne de sa vie. Quand la mort, qu’il pressentait, je crois, depuis longtemps, lui apparut lente, impitoyable et certaine, il fut, en face d’elle, calme, impassible, stoïque. Jusqu’à la dernière minute, le corps miné et épuisé mais l’âme intacte, il épargna à sa fille bien-aimée, malgré le déchirement de son cœur et les atroces souffrances de son affection paternelle, le spectacle d’un attendrissement ou d’une défaillance.

A l’heure dernière comme dans la vie, il pensa aux autres et pas un instant à lui, et il fit taire son chagrin pour ne pas donner à ceux qui l’entouraient l’émotion et la douleur de le voir souffrir.

Et quand enfin la mort vint le prendre, à bout de lutte mais non vaincu, elle trouva un soldat chrétien qui la regarda bien en face et lui dit simplement : « Je suis prêt. » Quel chef, messieurs, dans les jours graves, on eût trouvé dans un tel homme !

Si les destins avaient voulu qu’il eût à affronter une autre mort, sur la passerelle d’un navire, songez à ce qu’il aurait pu être dans la plénitude de sa force, soutenu par le sentiment des responsabilités et du devoir, avec une âme comme la sienne.

Puisse sa fille à qui doivent aller maintenant nos pensées, nos sympathies et nos affections, avoir hérité d’un peu de la force d’âme de son père. Elle en a besoin, hélas ! la pauvre et chère enfant qui, à l’âge où l’on ne devrait connaître que les joies, les espérances et les rêves d’avenir, subit l’épreuve des plus cruels déchirements. Si, dans sa profonde douleur, ce peut être une consolation pour elle, qu’elle sache bien qu’elle retrouvera toujours le souvenir de celui qu’elle pleure et que nous pleurons avec elle, vivant, aimé et honoré dans le cœur et dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu.

Ces beaux discours ont été écoutés avec une émotion profonde.

Type de document Procès-verbal
Commentaires Les coupures de presse sont collées sur 1 double feuillet.
Collection Volume 1900-1902
Citer ce document “[Coupure de presse relative à la mort d'Octave de Bernadières]”, 1900-02-07, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 19 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/5432

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