Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Conférence astrophotographique internationale de juillet 1900

Titre Conférence astrophotographique internationale de juillet 1900
Créateur Loewy, Maurice (1833-1907)
Contexte Volume 1900-1902
Date 1900-08-03
Identifiant O1900_1902_044
Format 21 x 27 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Imprimé; Text; Circulaire;
Description

CONFÉRENCE

ASTROPHOTOGRAPHIQUE INTERNATIONALE

DE JUILLET 1900.

Paris, le 3 août 1900.

MONSIEUR ET CHER COLLEGUE,

La prochaine opposition de la planète Éros semble fournir une occasion particulièrement favorable pour la détermination de la parallaxe solaire. Plusieurs astronomes ont pensé qu’il y avait lieu, pour en tirer le meilleur parti possible, d’établir une entente au sujet de l’observation systématique de cet astre, et qu’il y aurait avantage à joindre l’étude de la question au programme de la Conférence astrophotographique internationale devant se réunir à l’Observatoire de Paris, au mois de juillet 1900.

Conformément à ce désir, la Conférence s’est occupée de la question d’Éros et a chargé une Commission spéciale de préparer un plan général pour l’observation systématique de cette planète. Cette Commission, en dehors du Président, M. Loewy, comprenait :

MM. ANDRÉ, Directeur de l’observatoire de Lyon.

BAKHUYZEN, » de Leyde.

CHRISTIE, » de Greenwich.

ELKIN, » de New-Haven (Etats-Unis).

GILL, » du Cap de Bonne-Espérance.

HARTWIG, » de Bamberg.

HENRY (Prosper), Astronome de l’Observatoire de Paris.

TRÉPIED, Directeur de l’observatoire d’Alger.

WEISS, Directeur de l’observatoire de Vienne.

Le projet élaboré a été soumis à la Conférence générale, et voici le texte des résolutions adoptées :

I. Il est désirable que la détermination de la parallaxe de la planète Éros soit faite par des mesures micrométriques, héliométriques et photographiques :

a. Au moyen d’observations de la planète, effectuées à l’Est et à l’Ouest, dans un même observatoire.

b. Par la coopération des observatoires de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

c. Par la coopération des observatoires de l’hémisphère boréal avec ceux de l’hémisphère austral.

II. Pendant la période des observations de parallaxe, on devra déterminer le mouvement diurne de la planète Éros, aussi exactement que possible, au moyen des mesures micrométriques, héliométriques et photographiques.

III. La Commission recommande :

a. Aux observateurs qui détermineront la parallaxe en ascension droite au moyen de l’un des trois systèmes de mesures, soit dans un observatoire isolé, soit par la coopération de plusieurs observatoires de l’Europe et de l’Amérique du Nord, de faire les observations chaque soir et chaque matin, et de profiter de toutes les circonstances favorables de l’atmosphère pour opérer dans les plus grands angles horaires convenables ;

b. Aux observateurs qui détermineront la parallaxe par les différences de déclinaison dans l’hémisphère boréal et dans l’hémisphère austral, de s’arranger de manière que les instants moyens des observations ne s’écartent pas trop des moments du passage de la planète au méridien de la station australe.

IV. Il est nécessaire de prendre des séries spéciales de clichés photographiques dans la région parcourue par la planète Éros, afin de déterminer les positions des étoiles de comparaison.

Les étoiles de repère destinées au calcul des constantes des plaques devront être déterminées par les observations méridiennes.

V. M. Hartwig est chargé de dresser un programme pour les observations héliométriques de la planète.

VI. M. André et M. Prosper Henry sont chargés de faire des recherches sur la dispersion atmosphérique. M. Loewy communiquera les résultats de ces recherches aux membres de la Commission et aux observatoires participants.

VII. M. Loewy, M. Brown, Directeur du Service astronomique à l’observatoire de Washington, et M. Bakhuyzen sont chargés d’assurer l’exécution des différentes résolutions concernant les observations micrométriques et photographiques.

Voici maintenant l’exposé des principaux motifs qui ont amené la Commission spéciale à proposer ces résolutions à la Conférence générale :

Résolutions I, II, III et IV. — La Commission a jugé que les observations micrométriques devaient être employées aussi bien pour la parallaxe en ascension droite que pour la parallaxe en déclinaison. Il lui a semblé en effet qu’on pouvait résoudre les difficultés de l’emploi des mesures micrométriques pour la détermination de la parallaxe en ascension droite.

Ces difficultés sont de deux sortes :

La petitesse du champ de vision avec les forts grossissements qu’on applique aux instruments de grandes dimensions.

La Commission trouve la solution de cette difficulté dans la résolution IV prescrivant des séries spéciales des clichés de photographies prises dans la région parcourue par la planète. En effet, les mesures faites sur ces clichés permettront de rattacher entre elles les étoiles de comparaison avec une extrême précision. Quand, par suite de la rapidité du mouvement de la planète, l’étoile de comparaison employée pour l’observation du matin ne se retrouvera plus le soir, en même temps que la planète, dans le champ, on aura toujours une autre étoile, rattachée à la première et pouvant servir comme nouvelle étoile de comparaison pour l’observation du soir.

2° La difficulté de connaître avec exactitude le mouvement de la planète.

En combinant entre elles les observations faites après un intervalle de vingt-quatre heures, dans les mêmes conditions d’angle horaire, on obtiendra le mouvement de la planète indépendamment de la parallaxe, et c’est la raison pour laquelle la Commission a recommandé en sa résolution III (a) la plus grande continuité possible dans la série des observations du matin et du soir. Il est évident d’ailleurs que cette continuité est tout autant à recommander à ceux qui voudront déterminer le mouvement par des observations faites dans un angle horaire quelconque et, en particulier, au méridien.

La Commission espère que le mouvement diurne de la planète sera ainsi déterminé, chaque jour, dans plusieurs observatoires, de telle sorte que cette quantité sera connue avec une grande précision. L’incertitude du mouvement de la planète entre l’observation du matin et celle du soir ne pourra exercer qu’une influence minime sur les résultats de la parallaxe.

La résolution III (b), il est à peine nécessaire de l’indiquer, se justifie par cette considération que les astronomes de l’hémisphère austral, pour avoir la planète à une hauteur convenable, ne pourront l’observer que dans le voisinage du méridien.

Enfin la Commission s’est préoccupée de la nécessité d’obtenir des positions absolues de la planète, en vue des recherches qu’on voudrait entreprendre sur la parallaxe par les méthodes de la Mécanique céleste. Les séries de clichés prises en conformité de la résolution IV fourniront naturellement toutes les étoiles de comparaison désirables pour la détermination de ces positions absolues.

Résolutions I, IV, VI. — En ce qui concerne l’emploi de la méthode photographique, la Commission a pensé que cette méthode n’impliquait aucune difficulté insurmontable.

L’une des objections qu’on a faites à l’emploi de cette méthode repose sur la possibilité d’une faible erreur systématique résultant de la forme en traînée des images, soit des étoiles, soit de la planète, selon que, pendant la durée de la pose, on a maintenu immobile sur la plaque l’image de la planète ou celle d’une étoile-guide. La Commission pense que cet effet pourrait s’évaluer, s’il est sensible, au moyen d’expériences d’une réalisation facile, et qui consisteraient à effectuer successivement trois poses dans les conditions suivantes :

a. En maintenant l’image de la planète à la croisée des fils;

b. En maintenant à la croisée des fils l’image d’une étoile-guide;

c. En donnant à la lunette un mouvement de sens contraire à celui de la planète, mais de valeur à peu près double.

En comparant les clichés a et b, on verra si les distances mutuelles des étoiles restent les mêmes pour toutes les grandeurs stellaires, ou bien s’il y a lieu d’appliquer une correction dépendant de la grandeur. Et de même on pourra faire des comparaisons analogues en combinant les trois clichés a, b, c de toutes les manières possibles. Plusieurs observatoires ont promis leur concours pour des expériences de ce genre, et il y a intérêt à ce qu’ils soient en assez grand nombre, afin de voir dans quelle mesure la qualité des objectifs peut affecter le phénomène en question.

Une autre difficulté avait été soulevée, commune, d’ailleurs, à presque toutes les méthodes de comparaison : il s’agit des erreurs systématiques introduites dans les mesures relatives de la planète et des étoiles, erreurs ayant pour cause la dispersion atmosphérique.

Après l’échange de vues qui s’est produit entre les membres, et après avoir entendu les indications fournies par M. Prosper Henry sur la méthode qu’on pourrait employer pour évaluer l’effet des influences de ce genre, la Commission a chargé M. André et M. Prosper Henry d’expériences à faire sur ce sujet.

Tels sont les motifs à l’appui des résolutions concernant la parallaxe de la planète Éros. On pouvait se demander s’il n’était pas nécessaire de dresser un programme complet pour la combinaison des observations de l’Europe et de l’Amérique. La Commission n’a pas cru à la nécessité de faire ce programme, par la raison que, le mouvement diurne de la planète devant être déterminé directement, jour par jour, indépendamment de toute théorie, et, comme on l’espère, avec une grande précision, la simultanéité absolue des mesures ne sera pas indispensable.

Ainsi, chacun des observatoires qui accepteront de contribuer à cette grande œuvre commune se trouve dès maintenant en état de déterminer la part qu'il exécutera. On demande seulement aux observatoires de vouloir bien, le plus tôt possible, informer le Président du Comité exécutif de leurs intentions précises, afin de pouvoir prendre, s’il y a lieu, les dispositions nécessaires pour compléter le plan général de distribution du travail.

Les observatoires qui ont déjà promis leur concours sont les suivants :

Alger, Athènes, Bamberg, Bordeaux, Cambridge (Angleterre), Cambridge (États-Unis), Cap de Bonne-Espérance, Catane, Cordoba, Chicago (Yerkes), Édimbourg, Greenwich, Heidelberg, Leyde, Leipzig, Lyon, Marseille, Minneapolis (États-Unis), Mount-Hamilton, Nice, Paris, Potsdam, Rome (Collège Romain), San Fernando, Strasbourg, Tacubaya, Toulouse, Upsal, Vienne (Ottakring), Vienne (Währing), Washington.

Veuillez agréer, Monsieur et cher Collègue, l’expression de nos sentiments les plus dévoués.

Le Président,

Le Secrétaire de la Commission spéciale,

M. LOEWY.

H. G. VAN DE SANDE BAKHUYZEN.

Le Secrétaire de la Conférence générale,

CH. TREPIED.

Type de document Procès-verbal
Collection Volume 1900-1902
Citer ce document “Conférence astrophotographique internationale de juillet 1900”, 1900-08-03, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 29 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/5464

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