Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Projet de création d'un Bureau international magnétique à l'Institut Carneggie

Titre Projet de création d'un Bureau international magnétique à l'Institut Carneggie
Créateur Bauer, Louis Agricola (1865-1932)
Contexte Volume 1903-1905
Identifiant O1903_1905_066
Format 20,3 x 31 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Dactylographié avec corrections manuscrites; Text; Projet;
Description

PROJET DE CREATION D'UN BUREAU INTERNATIONAL MAGNETIQUE A L'INSTITUT CARNEGGIE [Carnegie](1) [en note de bas de page : (1) Projet soumis au Conseil de l'Institut Carneggie le 27 – 1 – 1902.]

  1. OBJET.

Le but que l'on se propose <est> d'approfondir les problèmes, d'un intérêt universel, concernant les conditions magnétiques et électriques de la terre et de son atmosphère. Ces recherches ne seraient pas spécialement confiées à quelques nations isolées, mais devraient être entreprises par toutes et au profit de toutes.

Parmi ces problèmes, on peut citer :

Un lever magnétique des aires océaniques et des régions inexplorées du globe. Problème d'importance immédiate pour les études magnétiques actuellement poursuivies dans beaucoup de pays et dans plusieurs expéditions arctiques et antarctiques, en vue de rendre possible la construction de cartes magnétiques plus exactes et plus étendues.

Quand on songe, d'une part, au grand rôle joué par la boussole dans la navigation et l'exploration et, d'autre part, à la relation intime qui existe entre le magnétisme terrestre et d'autres sciences telles que la météorologie, la géologie et l'astronomie, on comprend immédiatement l'importance théorique et pratique du problème en question.

En dehors de quelques expéditions occasionnelles, aucune donnée magnétique n'a été obtenue sur les Océans depuis l'avènement des navires en fer. Le tracé actuel des lignes d'égale déclinaison magnétique à travers les mers, repose presque exclusivement sur des données recueillies, il y a 50 à 100 ans, par des navires en bois.

Observation internationale des variations du magnétisme terrestre. Une étude complète des multiples variations de l'électricité et du magnétisme terrestre – étude dont la nécessité s'impose chaque jour davantage – ne saurait être poursuivie avec succès que par la coopération de plusieurs pays, agissant sous la direction <d'un Bureau> central international qui assurerait l'uniformité dans les méthodes d'observation et de réduction et la prompte coordination et publication des résultats.

Toutes les œuvres internationales du passé comme celle par exemple de l' "année polaire" de 1882-1883, ont souffert du manque d'un bureau central de direction.

On a, pendant cette année, accumulé des milliers d'observations qui n'ont pas encore été pleinement utilisées, bien qu'elles datent aujourd'hui de vingt ans.

Si dans la remarquable activité développée qui se manifeste dans ce domaine sur le globe entier n'est pas bientôt dirigée par un bureau international reconnu, il est à craindre qu'une fois les observations faites, il ne s'écoule beaucoup d'années avant qu'on ne connaisse le résultat de ce vaste amoncellement de données.

Des tableaux imprimés pour servir de guides aux observateurs préviendraient tout travail inutile.

On répartirait sur le globe un certain nombre de stations permanentes pour l'étude des variations séculaires du magnétisme.

Les observations seraient répétées à des intervalles réguliers de manière à fournir les renseignements nécessaires pour tenir à jour les cartes magnétiques de toutes les régions.

La façon dérisoire dont ces observations ont été conduites dans le passé est la cause de pertes irréparables pour la Science.

Observations dans la profondeur des Océans et dans les régions atmosphériques.

Tant que les observations seront confinées à la surface de la terre, la distribution véritable de son magnétisme et de son électricité ne sera jamais connue. La solution complète de ce problème réclame des observations dans les profondeurs des Océans et dans les hauteurs de l'atmosphère.

La première question à résoudre sera la création d'instruments appropriés.

Il faudra ensuite étudier les liens qui existent entre les anomalies locales et régionales de la boussole, d'une part, avec les traits géologiques et géographiques de l'écorce d'autre part, ainsi que la corrélation des perturbations magnétiques et électriques avec les phénomènes météorologiques.

Nous en avons dit assez pour montrer quel vaste champ plein de promesses ouvrirait à l'activité du bureau [projet?] la création d'instruments nouveaux plus exacts, l'établissement d'observations régulières dans les régions non encore occupées par des peuples civilisés, l'unification des méthodes d'observation et de discussion, la coordination des résultats obtenus, en un mot, la solution de problèmes d'un haut intérêt théorique, en même temps que d'une grande utilité pratique.

  1. MARCHE A SUIVRE

Le meilleur moyen d'atteindre le but visé semblerait être la constitution d'un Conseil international dont on demanderait l'avis pour organiser et diriger les investigations et pour choisir les observateurs.

Une grande partie des observations et des expériences nécessaires seront généralement obtenues d'une manière plus efficace et plus économique en allouant, dans ce but, des subventions aux personnes qui ont déjà commencé l'étude de ces problèmes. Ces subventions seraient octroyées sur l'avis conforme du Conseil international.

II. [III.] ORGANISATION DU BUREAU.

Un directeur, dont la fonction consisterait à dresser le plan des recherches et à en surveiller l'exécution avec l'assistance du Conseil international.

Un directeur adjoint, qui aurait plus spécialement la surveillance du travail de bureau et remplacerait le Directeur en cas d'absence.

Des physiciens, des observateurs, des calculateurs et des expéditionnaires en nombre suffisant.

  1. CREDITS NECESSAIRES.

Une somme annuelle de 25.000 dollars, reportable d'un exercice au suivant, durant une période de 10 à 15 ans, suffirait pour mener à bien l'œuvre projetée.

Cependant une somme plus faible, de 10.000 dollars, par exemple, suffirait, à la rigueur, pour couvrir les dépenses normales du Bureau, telles que celles concernant la direction des Travaux, la création de nouveaux instruments, l'organisation des méthodes d'observations, ainsi que la prompte mise en œuvre des données recueillies et la publication des résultats.

Une diminution des crédits aurait simplement pour effet de restreindre les expériences et d'abréger les opérations.

Une grande partie du matériel nécessaire existe déjà dans une certaine mesure, grâce à la large influence exercée par ce grand organe international de publicité qu'est le journal intitulé "Terrestrial magnetism and atmospheric electricity", lequel est en relation avec toutes les personnes éminentes qui s'occupent de ce genre de recherches.

SIGNE : L. A. BAUER

Chargé du Service magnétique du Coast and Geodetic Survey,

Editeur en Chef du "Terrestrial magnetism and atmospheric electricity",

Professeur de magnétisme terrestre à l'Université John Hopkins.

Type de document Procès-verbal
Collection Volume 1903-1905
Citer ce document “Projet de création d'un Bureau international magnétique à l'Institut Carneggie”, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 29 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/5681

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