Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 23 mai 1906

Procès-verbal de la Séance du 23 Mai 1906.

Présidence de M. Darboux, puis de M. Radau.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.

M. le Ministre de l'Instruction publique informe le Bureau que, répondant à sa demande, il a accordé des distinctions honorifiques à diverses personnes qui ont prêté leurs bons offices aux observateurs de l'éclipse envoyés par le Bureau.

Les diplômes sont joints à la lettre ministérielle : le Secrétaire agent comptable les enverra par pli recommandé, avec prière d'accuser réception.

M. Bouquet de la Grye signale dans un des derniers numéros des Comptes Rendus de l'Académie des Sciences un rapport officiel sur les désastres causés en [barré : Californie] <Colombie> par le dernier tremblement de terre, rapport qui n'a pas attiré l'attention du public malgré son intérêt.

A propos des phénomènes observés par M. Saintignon dans une sphère de verre remplie d'un liquide en rotation, divers membres s'entretiennent des résultats obtenus, et M. Lallemand informe le Bureau que M. Saintignon va répéter les expériences à Paris.

M. Bigourdan rappelle la grande simplification qui vient d'être apportée à la mesure des bases géodésiques, par l'emploi des instruments à fil d'invar étudiés au pavillon de Breteuil, par MM. Benoît et Guillaume. En raison de ces facilités il propose que le Bureau étudie la question d'une nouvelle mesure des bases de Melun et de Villejuif. La base de Melun ne fut mesurée qu'une fois par Delambre, et le service géodésique n'a pas pu la remesurer pour la faire servir à la nouvelle détermination de la méridienne de France. Il a seulement mesuré une base sur l'emplacement de celle de Villejuif, mais sans se relier aux termes encore existants de celle de 1740. Avec les fils on pourrait sans doute traverser le village de Villejuif et se relier ainsi aux anciennes pyramides.

M. Bigourdan rappelle qu'en 1870 la Commission internationale du mètre discuta longuement l'utilité de reprendre la mesure d'une ancienne base française, et émit un vœu dans ce sens, malgré la longueur qu'aurait eue alors une telle aspiration.

Depuis, certaines raisons mises alors en avant n'existent plus, mais l'intérêt géodésique existe toujours ; on peut même dire qu'il a été accru parce que dans les 30 dernières années on a comparé entre elles la toise du Pérou, les règles de Borda, l'appareil bimétallique de Brunner, etc.

M. le gén. Bassot trouve inutile de remesurer les bases de Melun et de Villejuif. Pour cette dernière, il croit qu'on a été obligé autrefois de passer à travers champs.

Mais, comme dans la dernière mesure de la méridienne de France on n'a mesuré que 3 bases, il croit qu'il serait utile d'en mesurer d'autres qu'on rattacherait à la triangulation.

M. Bigourdan rappelle que Lacaille avait mesuré plusieurs bases entre celles de Paris et de Perpignan.

M. le Col. Bourgeois pense que la mise en œuvre de la proposition de M. le gén. Bassot présenterait d'assez sérieuses difficultés, provenant des rattachements à exécuter.

M. Loewy doute que l'exactitude réelle des mesures faites au fil invar atteigne celle que semble indiquer la concordance des mesures. En variant les conditions il faudrait s'attacher d'abord à déterminer l'exactitude réelle que donneront ces fils.

M. Poincaré fait remarquer qu'un avantage des fils c'est de permettre la mesure de bases plus longues, de sorte que l'on peut ainsi diminuer l'erreur due au rattachement.

M. Bigourdan pense que, pour varier les conditions et saisir la précision réelle, il faudrait faire intervenir dans les mesures un assez grand nombre de fils ; leur étalonnage devrait d'ailleurs être arrêté, autant que possible, avant les mesures.

M. Darboux, obligé de s'absenter pour quelques jours, prie M. Radau de le remplacer au fauteuil, et <on continue> la discussion de la même question. [mot barré]

M. le gén. Bassot croit que pour que les fils invar donnent toute la précision nécessaire il est indispensable de les étalonner chaque jour en remesurant, avant chaque reprise, une même portion de la base.

M. Bouquet de la Grye appuie l'opinion de M. Bassot et aux fils il préfèrerait des rubans que l'on soutiendrait dans toute leur longueur au moyen d'une gouttière rigide et cependant légère, pour conserver la rapidité des mesures.

M. Loewy rappelle des expériences qu'il a faites autrefois avec Tresca sur une règle de platine : le poids seul d'une mouche faisait varier la flexion.

De son côté M. Lallemand rappelle des expériences de Darwin sur des mouvements du sol dans le sens vertical.

<Divers membres pensent que <la variation de> l'état du terrain, de l'été à l'hiver par exemple, peut avoir aussi quelque influence, qu'il serait intéressant d'étudier.>

La question de la mesure des bases ne paraissant pas épuisée, la discussion sera continuée.

<M. Loewy voudrait que les fils fussent [éprouvés ?] à diverses températures>

La séance est levée à 4^h½

Le Secrétaire G. Bigourdan