Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 25 janvier 1911

Procès-verbal de la Séance du 25 Janvier 1911.

Présidence de M. Poincaré puis de M. Bigourdan

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.

M. Poincaré donne lecture du décret, en date du 13 Janvier 1911, nommant pour la présente année M. Bigourdan président, M. Baillaud, vice président, M. Andoyer secrétaire, du Bureau des Longitudes ; [barré : Il] <et> invite M. Bigourdan à prendre la présidence.

M. le Ministre de l'Instruction Publique fait connaître au Bureau qu'il accorde les promotions et augmentations qui ont été demandées pour le personnel : cependant, <l'indemnité de> M. Carbonnel [Carbonnell], calculateur temporaire, qui n'a pas encore un an de services, n'a pu être augmentée.

Le Secrétariat de la Présidence [barré : f] informe le Bureau que ses membres seront reçus par M. le Président de la République le mercredi 1^er Février à 6^h.

M. l'amiral Fournier donne lecture d'une dépêche de M. le Ministre de la Marine, qui approuve le programme des expériences projetées pour la détermination de la différence de longitude Paris-Bizerte par la télégraphie sans fil, & accorde toutes les facilités nécessaires.

M. Renan, astronome à l'Observatoire de Paris, est introduit devant le Bureau, sur la demande de M. Baillaud, directeur, pour donner [barré : conna] lecture d'un mémoire très intéressant sur l'élimination des difficultés nouvelles que [barré : se] présente l'emploi du chronographe dans la détermination des longitudes par la télégraphie sans fil. Après cette lecture, M. le Colonel Bourgeois fait connaître la solution qu'il a adoptée de son côté au Service Géographique de l'Armée pour résoudre le même problème.

M. l'Amiral Fournier donne lecture d'une lettre de MM. le capitaine Schwartz & le lieutenant Villatte. Ces deux officiers qui ont déjà [barré : témoig] fait preuve des plus hautes qualités dans la mission Togo-Dahomey, se proposent d'installer à Rufisque un observatoire muni des <seuls> instruments astronomiques, magnétiques & météorologiques indispensables, [barré : & surtout d'un] <pour profiter du> poste de télégraphie sans fil d'une portée de 2000^km [barré : grâce à cette installation, on] <qui s'y trouve installé ; de cette façon,> on pourrait faire en deux ans, & à très peu de frais, une triangulation astronomique très exacte de toute la zone désertique qui s'étend dans l'Afrique Occidentale française & déterminer aussi avec [barré : grande] précision un grand nombre de positions côtières, encore mal connues. Il suffirait, pour arriver à ce résultat, d'envoyer par la T.S.F. des signaux horaires réguliers susceptibles d'être recueillis par les observateurs & explorateurs. Les points déterminés ainsi astronomiquement pourraient ensuite être reliés entre eux par cheminement, & l'on pourrait ainsi dresser une carte exacte de toutes les possessions françaises de l'Afrique Occidentale. MM. Schwartz & Villatte demandent le patronage du Bureau des Longitudes dont ils accepteraient avec reconnaissance les instructions techniques.

M. l'amiral Fournier insiste fortement sur l'importance de l'entreprise de MM. Schwartz & Villatte, & l'intérêt qu'il y a pour le Bureau à la patroner sans délai, afin de ne pas être devancé dans cette voie par l'étranger. M. le Colonel Bourgeois & M. Lallemand appuient ces observations : ce dernier [barré : fait remarquer] <rappelle> en particulier que la France a adhéré récemment au projet de <la> Carte générale de la Terre au millionième, & s'est chargée de toutes ses colonies : ce serait un grand point d'acquis, si l'on pouvait avoir rapidement les éléments nécessaires pour dresser avec l'exactitude requise la carte de l'Afrique Occidentale Française.

Après cet échange d'observations, sur la proposition du Président, le Bureau décide à l'unanimité que M. le Président écrira à M. le Ministre des Colonies pour appuyer très chaudement le projet de MM. Schwartz & Villatte, & fait remarquer l'intérêt [mot barré] <national> qui s'attache à cette première application pratique de la T.S.F. à la détermination en masse des longitudes. En outre, le Bureau se mettra en rapport avec MM. Schwartz & Villatte pour les instructions à leur donner.

M. Baillaud explique que le service de l'envoi de l'heure par la T.S.F. est suspendu [barré : à cau] depuis quelques jours ; le ciel [barré : mauvais temps persistant] <constamment couvert> & la mauvaise santé actuelle (accidentelle d'ailleurs) des pendules de l'Observatoire ne lui permet pas de répondre de la seconde. M. l'amiral Fournier & M. Hanusse mettent à sa disposition l'heure conservée par les pendules de l'Observatoire de Montsouris & du Service Hydrographique, suffisamment nombreuses et en bon état.

M. Lippmann présente dès aujourd'hui quelques observations au sujet des critiques récentes qui ont été adressées à l'Annuaire du Bureau des Longitudes. Il montre par quelques exemples que ces critiques, toujours exagérées, sont souvent injustes ; et que, s'il ne faut pas les négliger, il ne faut pas non plus s'en émouvoir autant que leur violence inusitée semble le demander.

La suite de la discussion sur ce sujet, & sur les remaniements qu'il serait bon d'apporter à l'Annuaire est mise à l'ordre du jour de la prochaine séance.

La séance est levée à 4^h½.