Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

[Réponse de l'amiral Ernest Fournier suite à la circulaire de Guillaume Bigourdan, président du Bureau des Longitudes]

Titre [Réponse de l'amiral Ernest Fournier suite à la circulaire de Guillaume Bigourdan, président du Bureau des Longitudes]
Créateur Fournier, François-Ernest (1842-1934)
Contexte Volume 1910-1913
Date 1911-10-18
Identifiant O1910_1913_101
Relation O1910_1913_100
Format 19,2 x 31 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Note;
Description

[barré au crayon de papier : Le Vice Amiral E. Fournier, délégué du Bureau des Longitudes à la Direction de l'Observatoire de Montsouris

à Monsieur Bigourdan, Membre de l'Institut, Président du Bureau des Longitudes.]

[au crayon de papier : Annexes

note de M. l'amiral Fournier]

[barré au crayon de papier : Monsieur le Président,]

J'ai l'honneur de répondre sommairement par cette Note à votre lettre du 26 juillet faisant appel à la collaboration de tous les observatoires français en vue de concourir à un Service de l'heure dont la centralisation se ferait à Paris sous le contrôle du Bureau des Longitudes, avec les garanties de précision nécessaires surtout à l'astronomie et à la navigation.

Je m'empresse, en premier lieu, de vous donner l'assurance que l'observatoire de Montsouris est prêt à concourir efficacement à l'œuvre d'ensemble en question.

Mais, j'estime que cette entreprise nouvelle ; dont le Bureau des Longitudes a pris très heureusement l'initiative, doit affirmer dès maintenant, sous son contrôle permanent, de manière à lui garder son attache et son empreinte, le haut caractère d'utilité publique qu'elle doit revêtir, en se manifestant à tous, non seulement par une plus grande précision obtenue dans la mesure du temps pour l'usage des astronomes, mais aussi par l'envoi radiotélégraphique journalier de l'heure exacte ; à la multiplicité des services intéressés de nos administrations, de notre industrie, de notre commerce, enfin de notre marine.

C'est donc avec ses propres organes, c'est-à-dire son observatoire de Montsouris, son personnel et ses instruments, sur ses indications et sous sa surveillance, que le Bureau des Longitudes doit organiser, dans ce but, et, à la fois ; la centralisation, la correction après discussion, et l'envoi journalier à la Tour Eiffel de l'heure précise à signaler par ondes hertziennes.

Cet observatoire possède d'ailleurs le matériel indispensable à ce rôle et M. Claude, qui en dirige les travaux techniques avec une réelle compétence et des soins minutieux, y assure, déjà depuis 1906, dans les voies indiquées par notre éminent collègue, M. le Commandant Guyou, la correction de l'heure déduite des marches comparées de cinq pendules et d'observations d'étoiles fondamentales, en même temps que son envoi, à intervalles réguliers, aux différents centres parisiens en ayant fait la demande.

Il lui serait donc très facile de généraliser l'application de cette méthode, à laquelle il est si bien entraîné, en transmettant deux fois par jour à la Tour Eiffel l'heure exacte qui doit en rayonner.

Il suffirait, pour cela, que les observatoires affiliés fassent tous les matins des comparaisons par signaux rythmés et qu'ils lui envoient par télégraphe :

1° l'heure légale correspondant à une origine de temps intercalée dans la série d'émissions rythmées. L'ensemble d'une ou de plusieurs données de ce genre qui parviendraient à Montsouris permettrait de déduire, après une discussion appropriée, l'heure, sans doute aussi précise que possible, et qui serait ensuite transmise à 10h45m du matin et à 11h45m du soir.

2° l'initiale du nom de l'observateur qui, dans la nuit, a déterminé l'état de la pendule.

Enfin la méthode des coïncidences permet aux personnes inhabiles à apprécier les fractions de seconde, d'effectuer une comparaison bien plus exacte que ne saurait le faire celles même qui sont les plus habituées à estimer ces fractions. Il serait ainsi possible, ultérieurement, de communiquer par lettre à [barré : la personne] qui en ferait la demande, l'heure qui correspondrait à un battement donné de la série rythmée [barré : qui a été] envoyée à la date [barré : qui] intéressant le correspondant.

Que manque-t-il à l'Observatoire de Montsouris pour assurer, dès maintenant, le fonctionnement de ces trois services concurrents : la centralisation, la correction et l'envoi de l'heure corrigée?

Simplement :

Un fil de communication téléphonique le reliant à la Tour Eiffel, que le Département de la Guerre établirait, à ses frais, en moins d'un mois après qu'il en aurait reçu la demande

la collaboration de deux élèves astronomes appelés à concourir, sous la direction technique de M. Claude, à l'étude des marches des pendules, aux observations astronomiques et aux corrections, après discussion, des données arrivant journellement des observatoires ; ces auxiliaires devront être alors en mesure, après un entraînement suffisant, de suppléer leur chef absent ou momentanément empêché.

Les deux élèves astronomes en question recevraient naturellement un supplément de solde, à fixer, prélevé sur le budget du Bureau des Longitudes dont l'augmentation à cet effet serait sans doute facilement consentie par le Parlement, en considération de la nécessité et de l'importance pratique de leur rôle supplémentaire.

Il faut ajouter, enfin, que l'utilisation par l'observatoire de Montsouris des indications reçues de tous les autres, pour en déduire l'heure exacte à transmettre par la Tour Eiffel, exigeant en principe une connaissance exacte de la longitude de chacun d'eux, les différences entre leurs longitudes et celle de l'observatoire de Montsouris devraient être déterminées au préalable, distinctement pour chacune d'elles, par la méthode des coïncidences, avec permutation des observateurs, de façon à donner aux résultats la précision désirable.

Il y aurait donc à tenir compte encore des frais de premier établissement, d'ailleurs peu considérables, qu'entraînerait, une fois pour toutes, ces opérations initiales de mise au point.

Quoiqu'il en soit, il ne saurait vous échapper que cette organisation d'ensemble du Service de l'heure, à l'Observatoire de Montsouris, serait, pour le Bureau des Longitudes, le moyen le plus sûr de profiter d'une façon durable de cette occasion exceptionnelle d'affirmer aux yeux du pays l'utilité de son contrôle centralisateur, aussi bien pour la mesure précise du temps et la détermination exacte des coordonnées fondamentales de l'astronomie et de la géographie, que pour l'étude de la constitution physique du monde extérieur en relations intimes et constantes avec le globe terrestre.

Le Vice Amiral délégué à la direction de l'observatoire de Montsouris

[mot illisible] Fournier

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1910-1913
Citer ce document “[Réponse de l'amiral Ernest Fournier suite à la circulaire de Guillaume Bigourdan, président du Bureau des Longitudes]”, 1911-10-18, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 20 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/6125

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