Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Sur un projet de Répertoire générale des étoiles doubles

Titre Sur un projet de Répertoire générale des étoiles doubles
Créateur Bigourdan, Guillaume (1851-1932)
Contexte Volume 1910-1913
Date 1902-01-14
Identifiant O1910_1913_161
Relation O1910_1913_160
Format 19,1 x 31,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Mémoire;
Description

Annexe à la séance du 27 novembre 1912

Sur un projet de Répertoire général des Etoiles doubles.

De plusieurs côtés, le changement de siècle qui vient de se produire a été l’occasion d’entreprises scientifiques importantes ; parmi elles on remarque celles qui sont relatives à l’Astronomie : elles ont surtout pour but de permettre une utilisation plus facile et plus complète des observations faites jusqu’à ce jour.

C’est ainsi que, sur la proposition de M. Auwers, l’Académie des Sciences de Berlin forme un Catalogue stellaire universel, qui résumera la masse énorme de toutes les observations méridiennes faites depuis 1750 ; entre autres résultats importants, ce travail permettra de conclure les mouvements propres de toutes les étoiles suffisamment observées.

D’un autre côté, l’Astronomische Gesellschaft entreprend un nouveau Catalogue d’étoiles variables, confié à MM. Dunér, Oudemans et Hartwig.

Un travail analogue s’impose absolument aujourd’hui pour les Etoiles doubles. En effet, nous ne possédons même pas un Catalogue systématique complet de toutes les étoiles doubles connues ; car celui de John Herschel, laissé inachevé par son auteur, et qui donne les positions pour 1830, était déjà bien insuffisant à l’époque de son apparition (1874) ; maintenant il est tout-à-fait incomplet, tout en contenant d’ailleurs un très grand nombre d’étoiles sans intérêt et que rien ne distingue des couples les plus/importants.

Il résulte de là que l’astronome qui rencontre une étoile double peut se trouver dans l’impossibilité de savoir si elle est nouvelle ou si elle a été déjà signalée.

L’observateur qui veut s’adresser aux mesures d’étoiles doubles manque des données qui sont nécessaires pour guider son choix ; et de là résulte ce grave inconvénient que, tandis que certains couples intéressants sont négligés, au contraire les mesures se trouvent accumulées à peu près inutilement sur d’autres.

L’embarras n’est pas moins grand pour celui qui, voulant calculer l’orbite d’une étoile double, se trouve dans la nécessité de réunir toutes les mesures qui en ont été faites ; car, après avoir cherché dans de nombreux recueils, il n’est pas sûr d’avoir réuni toutes les observations, et moins encore d’avoir trouvé les errata qui en ont été publiés.

Pour remédier à ces inconvénients, il faudrait former un recueil comprenant les trois parties suivantes :

1° Un catalogue général de toutes les étoiles doubles découvertes jusqu’ici.

2° Un relevé, couple par couple, de toutes les observations faites jusqu’à ce jour.

3° Un recueil complémentaire contenant la bibliographie, des recherches sur les mouvements propres, sur les erreurs systématiques qui affectent les observations, etc.

Passons en revue chacune de ces trois parties, et voyons quelle étendue elle comporterait.

I Catalogue général.

La Catalogue de J. Herschel comprend 10317 numéros. Depuis sa publication, il a été découvert environ 2000 étoiles doubles, toutes intéressantes ; le nombre total monte donc à 12500.

Ce Catalogue de J. Herschel renferme, en/y comprenant l’introduction et les notes, 156 pages in 4° à deux colonnes, donnant le n° courant de chaque couple, la synonymie et les coordonnées approchées. Cela est évidemment très insuffisant ; il faudrait ajouter au moins les grandeurs des composantes, les mouvements propres et les mouvements relatifs. – Au lieu d’un simple numéro courant, pour distinguer chaque couple, il serait bien préférable de donner un numéro qui permet de retrouver aisément ce couple ; par exemple le numéro de chaque étoile pourrait être formé des chiffres qui constituent son ascension droite en supprimant la séparation des heures d’avec les minutes et celle des minutes d’avec les secondes. Ainsi l’étoile qui se trouve à 20h15m13s (1900,0) aurait le n° 201513 ; inversement celui qui serait renvoyé à l’étoile double 152327 saurait que son ascension droite pour 1900,0 est 15h23m27s. On écrirait ainsi une sorte de nomenclature universelle pouvant servir pendant bien longtemps ; d’ailleurs cela n’exigerait qu’un chiffre de plus, puisque le numéro le plus fort serait 240000 au lieu de 12500.

Tout cela n’exigerait guère qu’une étendue double de celle du catalogue de J. Herschel, soit un volume in 4° de 300 à 400 pages.

II Relevé de toutes les observations couple par couple.

Cette partie peut être comprise de deux manières :

1° ou on y ferait entrer toutes les mesures individuelles faites jusqu’ici ;

2° ou on y ferait entrer seulement celles qui ne se trouvent pas dans les grands recueils, tels que ceux de W. Struve, O. Struve, Dembowski, Burnham, etc.

Dans le second cas on ne donnerait donc que les mesures dispersées dans les publications relativement moins importantes. Un tel travail serait encore bien utile, car il éviterait une infinité de recherches ; et un seul volume in 4° de grosseur moyenne, imprimé sur deux colonnes, serait sans doute suffisant.

Mais un relevé complet, (c’est-à-dire renfermant aussi les mesures des grands recueils d’observations que nous venons de citer), serait bien préférable. Car chaque calculateur d’orbite, qui aujourd’hui est obligé de faire ce relevé pour son propre travail, se bornerait à y renvoyer ; sans doute aussi il le complèterait parfois et ainsi ce recueil approcherait graduellement de la perfection.

D’ailleurs, comme les observations d’étoiles doubles sont parfois affectées d’erreurs personnelles considérables, dépassant parfois 10°, ces observations n’acquièrent en quelque sorte [barré : toute] leur <vraie> valeur que lorsque, chacune étant encadrée à sa place chronologique, et corrigée par celles qui l’ont précédée et par celles qui l’ont suivie, elle se trouve ainsi confirmée ou infirmée par sa comparaison avec les observations contemporaines.

III Troisième partie

Dans les étoiles doubles, l’étude des mouvements propres joue un rôle important. En effet, dans le cas le plus ordinaire, celui où le mouvement relatif des composants est faible, la considération du mouvement propre décide souvent de la nature du couple : si le mouvement propre est commun aux deux composantes, celles-ci sont presque sûrement reliées par l’attraction ; – mais si les deux composantes n’ont pas le même mouvement propre, elles doivent former un couple purement optique.

Cette troisième partie comprendrait donc la détermination des mouvements propres des étoiles doubles, à moins qu’il fût préférable de recourir au Catalogue stellaire universel entrepris à Berlin.

Il faudrait donner aussi une bibliographie aussi complète que possible, indiquer notamment toutes les orbites qui ont été calculées jusqu’ici.

L’étude des erreurs systématiques [barré : qui] affectant les mesures d’étoiles doubles, formerait aussi un chapitre important de cette troisième partie, qui demanderait également un volume in 4°.

D’ailleurs sa nécessité ne s’impose peut-être pas d’une manière aussi immédiate que celle des deux premières.

L’œuvre complète dont nous parlons comprendrait donc soit 3 volumes in 4°, soit 5, suivant l’étendue donnée à la seconde partie.

C’est une importante dépense d’impression, mais qui pourrait être couverte en partie par la vente. [barré : (1)]

Quant au travail scientifique lui-même, il n’exigerait, pour ainsi dire, que des frais de copie : les astronomes qui y collaboreraient se contenteraient sans doute de voir assurée la publication de leurs recherches.

Pour moi, je me chargerais volontiers des deux premières parties, que j’ai commencées depuis longtemps(1). [en note de bas de page : (1) Je dois ajouter que M. le Directeur de l’Observatoire de Paris, à qui j’ai présenté le manuscrit du Catalogue, se chargerait, au besoin, de l’imprimer dans les Mémoires de l’Observatoire.]

Pour mener à bien cette entreprise, qui fêterait dignement le premier centenaire de la découverte des étoiles doubles(2) [en note de bas de page : (2) C’est en 1774 que W. Herschel a commencé de noter des étoiles doubles ; en 1781 il ne les considère encore que comme propres à déterminer des parallaxes ; mais ce n’est qu’en 1802 qu’il reconnaît les systèmes en mouvement relatif et dont les composantes sont reliées par l’attraction réciproque.], il faudrait faire appel à tous ceux qui, pour chaque partie, pourraient fournir soit des observations, soit des renseignements quelconques. Mais pour que cet appel soit entendu, il est très désirable qu’il parte d’un corps scientifique, patronant [sic] l’œuvre et la couvrant de son autorité : si le Bureau des Longitudes croyait pouvoir accepter ce rôle, il rendrait sûrement un service signalé à l’Astronomie en général et à l’Astronomie française en particulier.

Paris le 14 Janvier 1902

G. Bigourdan

Type de document Procès-verbal
Commentaires Numéroté de 1 à 4.
Collection Volume 1910-1913
Citer ce document “Sur un projet de Répertoire générale des étoiles doubles”, 1902-01-14, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 20 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/6184

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