Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 4 février 1914

Bureau des Longitudes.

Procès-verbal de la Séance du [barré : 1] 4 Février 1914.

Présidence de M. Baillaud.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.

M. le P^t fait part au Bureau que M. de Margerie, accepte très volontiers [barré : la tâche] de s’occuper de la partie géographique de l’Annuaire. Toutefois il ne pourra en faire une révision complète pour 1915. De plus, pour la partie « Démographie » il demande à s’assurer le concours de M. Fernand Morette, D^r ès lettres, surveillant général à l’Ecole Normale.

Le Bureau approuve.

M. Darboux attire l’attention du Bureau sur les dispositions de la loi du 31 Décembre 1913 relative aux retraites des fonctionnaires. D’après le texte même de la loi, la situation de Membre du Bureau est une dignité et non une fonction, de même que celle de Membre de l’Institut. D’après cela il ne semble pas que le traitement des membres – traitement à vie – puisse être affecté de retenue pour la retraite. C’est l’opinion de M. Ribot rapporteur de la loi au Sénat.

M. Hanusse fait observer que le versement à la retraite permet une pension à la veuve.

M. Darboux demande, et le Bureau en décide ainsi, que M. le Président se renseigne sur cette question auprès du Directeur de la Comptabilité au Ministère de l’Instruction Publique.

Monsieur Abraham, membre physicien de la Mission Paris-Washington, est introduit et rend compte de sa mission à Washington.

Il tient à signaler avec quelle sympathique cordialité la mission a été reçue par nos collègues américains et par le monde officiel à Washington. Le Commandant Jayne a tenu à ménager une réception spéciale de la Mission française par le Président de la République à qui MM. Viennet, Auverny et Abraham ont été présentés personnellement par M. le Ministre de la Marine.

Au point de vue technique, M. Abraham exprime sa reconnaissance à son camarade de mission Carrier pour sa collaboration constante et dévouée.

L’objet des expériences d’enregistrement était d’abord de tenter d’obtenir l’inscription photographique directe – sans aucun relais – des signaux de la Tour Eiffel en vue de la mesure de la longitude. On voulait aussi essayer d’obtenir, au même moment, à Paris et à Washington, l’inscription de signaux croisés en vue de mesurer la vitesse des ondes hertziennes. On voulait enfin étudier les dispositifs chronographiques et chronométriques au point de vue de la précision de la détermination de l’Heure.

Les résultats ont été satisfaisants. De bonnes inscriptions ont été obtenues pour la longitude et pour la vitesse des ondes, avec la collaboration à Paris de M. le C^t Ferrié, de M. Dufour et de M. Beauvais. Les inscriptions se continuent par les soins de M. le Capitaine Carrier à Paris et de M. le L^t de vaisseau Auverny à Washington. M. Abraham présente au Bureau les meilleures inscriptions obtenues à Washington. Sur ces bandes, la déviation galvanométrique est d’environ 1 centimètre pour chacune des étincelles des émissions de la Tour Eiffel. L’intensité de la réception a souvent été bien inférieure et a certainement varié dans le rapport de 1 à 100 pendant les 3 mois de la mission. Les jours de bonne réception, la précision des inscriptions est surabondante pour la détermination de la longitude. Toute la difficulté réside, en fait, dans la détermination astronomique de l’heure. Il ne semble pas impossible, à l’heure actuelle, de s’approcher de très près de la précision du centième de seconde.

M. Abraham, sur la demande de M. Darboux, dit [barré : que] s’être entretenu avec le Coast-Survey du projet de mesure de longitude en collaboration avec l’Allemagne et annonce que le Coast Survey parait y renoncer.

M. Darboux demande que la Mission Américaine soit présentée au Président de la République. M. Baillaud fera une demande d’audience à la Présidence, si tôt le retour <de Russie> de M. le C^t Hough attaché naval des Etats-Unis.

Sur la demande de M. le C^t Ferrié, M. Abraham signale qu’il n’y a pas d’équation personnelle sensible dans l’audition des points dans la méthode des coïncidences. Il y en a une au contraire, variable avec les conditions de suggestion de l’Observateur, dans l’audition des coïncidences des points donnés par les émissions « ronflées » de la Tour et des traits des émissions musicales de Washington.

Les émissions musicales dominent les parasites, mais donnent, soit comme inscription, soit comme audition une précision illusoire.

Après une discussion générale à laquelle prennent part notamment M. Picard, M. Bigourdan, M. le Général Bourgeois et M. le C^t Ferrié, M. le Président remercie M. Abraham de sa communication et le félicite au nom du Bureau des résultats obtenus.

Les calculs et réductions nécessaires pourront être prêts dans 1 mois environ pour la vitesse des ondes et dans 4 ou 5 mois environ pour la longitude.

M. le Général Bourgeois fait part au Bureau d’une communication de M. Guillaume relative à une variation de distance entre 2 piliers [barré : situés à 460m l’un de l’autre, piliers] distants de 460 mètres et destinés aux opérations de vérification des fils Védrine et autres appareils de base.

Pendant les dernières gelées, cette variation a atteint près de 3 millimètres.

La séance est levée à 4^h½

Le secrétaire provisoire :

A. Jobin