Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 3 février 1919

Titre Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 3 février 1919
Créateur Renaud, Marie-Joseph-Auguste (1854-1921)
Contexte Volume 1919-1923
Date 1919-02-03
Contributeur Renaud, Marie-Joseph-Auguste (1854-1921); Andoyer, Henri (1862-1929);
Identifiant O1919_1923_007
Format 18,3 x 30,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Dactylographié avec corrections manuscrites; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes.

Procès-verbal de la Séance du 3 FEVRIER 1919.

Présidence de M. ANDOYER

[barré : Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.]

Le Bureau des Longitudes a tenu le 3 février 1919 à 16h45 une séance exceptionnelle pour examiner la question de la détermination des différences de longitude : Paris, San-Francisco, Shanghaï.

M. le PRÉSIDENT adresse d’abord au nom du Bureau ses vives félicitations à M. BIGOURDAN à qui la Société Royale astronomique de Londres vient de décerner sa grande médaille d’or pour son ouvrage sur les nébuleuses.

La parole est donnée ensuite à M. le Colonel FERRIÉ qui donne lecture du rapport qu’il a rédigé pour exposer les motifs de l’opération et pour proposer au ministre de faire la demande d’un crédit de 250.000f en vue de son exécution.

M. le PRÉSIDENT adresse à M. le Colonel FERRIÉ les remerciements du Bureau pour le mémoire bien documenté qu’il vient de lire ; il en propose la discussion immédiate.

M. Ch. LALLEMAND demande si, par suite des progrès qu’on peut prévoir à bref délai, il ne conviendrait pas d’attendre [barré : qu’une même] <jusqu’à ce qu’on arrive à émettre une> onde hertziennes<qui> puisse être perçue sur tout le globe.

M. le Colonel FERRIÉ répond qu’on peut espérer que le poste de Bordeaux pourra se faire entendre sur la surface entière de la terre, mais il n’y a pas à cet égard de certitude. Il ajoute qu’il faudra toujours faire dans chaque observatoire des dépenses d’instruments et d’installation.

Enfin, avec trois points, on avait par le total des différences une vérification intéressante.

M. HAMY dit qu’en déterminant avec une très grande précision des différences de longitude entre des points très éloignés, on pourra constater les déformations du globe terrestre. Les observatoires présentent donc pour la science un grand intérêt. Il est nécessaire de prévoir des installations permanentes pour l’étude des variations de longitude qui doivent être observées comme celles des latitudes.

M. BIGOURDAN s’étonne de la hâte avec laquelle on est obligé de travailler. A son avis la question n’est pas mûre. Y-a-t-il donc une telle urgence à la résoudre ? Comment pourra-t-on déterminer l’heure avec la précision d’un centième de seconde ? A Washington on a obtenu deux résultats qui différaient d’un dizième [sic] de seconde. En outre, pourquoi se servir de l’astrolabe ? Cet instrument donnera-t-il le centième de seconde ? On a parlé d’astrolabe photographique, mais il n’existe pas encore ; il y a là un aléa.

Il ne faut donc pas se presser et il convient avant tout d’étudier les moyens de déterminer l’heure avec plus de précision.

M. LIPPMANN est d’avis qu’il faut avoir des observatoires permanents. Les observatoires mobiles au contraire ne sont pas utiles. Le problème consiste maintenant à améliorer la détermination de l’heure.

M. BIGOURDAN demande s’il ne serait pas possible de supprimer un des trois postes ; il serait intéressant de n’avoir qu’un point intermédiaire.

M. BAILLAUD pense qu’il serait difficile de réduire le nombre des stations. Pour réussir, il est essentiel de bien entendre. A son avis, il serait regrettable d’ajourner l’opération. On opèrera avec le plus haut degré de précision que comportent actuellement des instruments qu’on perfectionne indéfiniment, la perfection absolue n’étant jamais atteinte.

M. HAMY fait remarquer que la détermination de l’heure se fait au moyen d’instruments dont il faut étudier en détail chaque organe.

M. DESLANDRES se range à l’avis de M. BIGOURDAN.

La question intéresse surtout la géodésie ; elle n’a pas d’importance immédiatement pratique. La dépense engagée ne semblera-t-elle pas trop forte ? le crédit ne serait-il pas mieux employé s’il servait à subventionner d’autres recherches, telles que l’accroissement de puissance des champs magnétiques ?

M. le Vice-Amiral FOURNIER pense que le Bureau des Longitudes ne doit manquer aucune occasion de perfectionner l’astronomie. Grâce aux nouveaux progrès de la T.S.F., on arrivera à une connaissance bien plus parfaite du globe terrestre. Il convient de prendre position et de montrer comment le problème peut être résolu. Mais il ne lui semble pas utile de demander de suite les crédits nécessaires pour l’opération.

M. RENAUD demande s’il ne conviendrait pas de faire appel au concours de tous les observatoires pouvant déterminer l’heure avec précision. Il s’agit, comme l’a montré M. HAMY, d’une opération de longue haleine ; il faut étudier les variations de la longitude dans le grand nombre de points possibles. Or, ces points sont nécessairement les observatoires qui opéreront, comme on l’a fait pour toutes les entreprises astronomiques internationales, notamment pour la carte du ciel.

M. BAILLAUD fait observer que, pour obtenir un pareil résultat, on devra disposer de crédits considérables, car il faut acheter de nombreux instruments. Puis on perdra du temps. Il ne faut pas se laisser devancer par des nations concurrentes. Lorsque la France a entrepris de déterminer la différence de longitude Paris-Washington, on savait qu'il fallait devancer les Allemands qui préparaient une opération analogue.

Répondant aux questions posées par M. DESLANDRES, M. HAMY ne voit pas d’intérêt, au point de vue de l’astronomie, à déterminer des longitudes avec une très grande précision. Quant à l’étude de la déformation du globe, il considère qu’actuellement les instruments ne sont pas en état de donner une précision suffisante. Il faut avant tout s'occuper de les perfectionner et le but peut être atteint sans trop de difficultés.

M. BIGOURDAN donne quelques détails Sur certains perfectionnements qu’on pourrait réaliser notamment sur un collimateur de hauteur, puis sur le niveau qu’il faudrait employer de façon différente. [barré : etc.] .. Il convient aussi d’enregistrer tous les passages et les signaux de la pendule. Mais ces modifications ne peuvent se faire rapidement, il faut donc prendre position de suite, mais ajourner la demande des crédits.

M. DESLANDRES appelle l’attention sur l’importance du choix des stations astronomiques ; il faudra tenir compte de l’état du ciel pour la netteté des images, <condition> nécessaire à la précision des observations, et cause essentielle du succès. Ne serait-il pas utile aussi que la station de Bordeaux soit achevée et qu’on en connaisse la portée ?

M. LIPPMANN est d’avis qu’il vaut mieux d’abord perfectionner les méthodes et les instruments plutôt que d’opérer avec des moyens imparfaits.

M. le Vice-Amiral FOURNIER pense que le Bureau doit faire état du rapport de M. le Colonel FERRIÉ en constatant la grande supériorité que nous donnent les progrès réalisés en France dans la T.S.F. ; il faut montrer que nous voulons utiliser, dans un avenir rapproché, les nouveaux moyens mis ainsi à notre disposition pour déterminer les longitudes des points du globe avec une précision bien supérieure à celle qu’on avait obtenue jusqu’à présent. Il nous faut les premiers poser le problème et annoncer notre intention de le résoudre.

M. Le colonel FERRIÉ remarque que, pour déterminer des différences de longitude dans un observatoire quelconque, il sera nécessaire d’employer les mêmes moyens que ceux qui sont prévus aujourd’hui pour Shanghai ou San Francisco. Il ajoute que depuis quelques années on a obtenu non seulement un accroissement de la partie des signaux par T.S.F., mais aussi une très grande amélioration des appareils de réception. Grâce aux amplificateurs, les signaux s’enregistrent bien plus facilement. C’est ainsi que des signaux qui autrefois ne pouvaient être perçus à l’oreille, sont entendus de toute une salle. On peut enregistrer aussi les battements de la pendule et les signaux de T.S.F. d’après la méthode phonographique. Ces procédés sont au point ; on peut les juger en examinant leur emploi au poste de la Tour Eiffel. Pour les adapter à l’opération des longitudes, il suffira d’en faire un choix judicieux.

M. BAILLAUD fait remarquer qu’il a toujours été d’avis que de nombreuses expériences étaient à faire ; la Commission qui vient de se réunir en a parlé, comme l’indiquent ses procès-verbaux. M. BAILLAUD préconise l’emploi de l’astrolabe, parce qu’il s’agit d’un instrument français, tout différent du cercle méridien, et ayant donné à l’Observatoire de Paris de très bons résultats. Il espère que par l’enregistrement photographique, on pourra augmenter <encore> la précision. Depuis longtemps déjà des crédits ont été demandés pour faire des expériences tendant à améliorer la détermination de l’heure ; mais les résultats ont été retardés par suite de la guerre. Sans doute il est nécessaire de perfectionner sans cesse, mais en attendant un instrument parfait, on n’aboutit à rien. A son avis, l’opération doit être exécutée le plus tôt possible ; les crédits proposés sont environ 3 fois plus importants que pour Washington [parce ?] que les points d’observations et les observatoires soient plus nombreux. Après l’opération les instruments resteront et serviront à la détermination de l’heure dans les observatoires qui actuellement sont mal outillés à ce point de vue. Il est nécessaire, à son avis, de se mettre à l’œuvre ; il fait faire des études complètes et pour cela, il faut en avoir les moyens.

M. BIGOURDAN déclare qu’il n’a pas de renseignements suffisants pour prendre une décision.

M. LIPPMANN voudrait examiner la lunette qui doit servir aux observations.

M. BAILLAUD se met à sa disposition à cet effet ; il ajoute qu’il a depuis longtemps réclamé des améliorations et que beaucoup de parties seraient à revoir dans l’instrument méridien.

M. DESLANDRES pense que M. le Colonel FERRIÉ pourrait présenter à l’Académie des Sciences une note résumant la première partie de son rapport.

M. le Colonel FERRIÉ estime qu’il appartient au Bureau de garder l’initiative pour <tout ce qui concerne> les applications de la T.S.F. à la détermination des longitudes.

M. LALLEMAND est d’avis que l’opération doit comporter plusieurs parties : d’abord son exposé, puis l’étude de son programme, le concours que doit lui apporter la France, enfin celui des pays alliés.

M. BAILLAUD craint que si l’on en ajourne l’exécution, les Anglais et les Américains puissent prendre des initiatives qui changeront le programme que nous aurons établi.

Après échange de vues, le PRÉSIDENT propose de renvoyer la discussion à une des prochaines séances.

La séance est levée à 18h15

Le Secrétaire,

J. Renaud

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Andoyer, Henri (1862-1929)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1919-1923
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 3 février 1919”, 1919-02-03, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 19 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/6537

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