Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 21 mai 1919

Bureau des Longitudes.

Procès-verbal de la Séance du 21 MAI 1919.

Présidence de M. ANDOYER

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.

I – M. le PRÉSIDENT donne lecture :

1°/ d’une lettre du Ministre de l’Instruction Publique demandant de le mettre en mesure de répondre à une question écrite posée par M. Justin Godart, député.

M. le Secrétaire-Bibliothécaire a préparé la réponse à faire à cette lettre.

2°/ de deux lettres de MM. Marie et Nicolardot accusant réception de la lettre du 9 mai courant du Président du Bureau des Longitudes et se mettant à sa disposition pour réviser les données des tableaux qui ont été envoyés à leur examen. M. Nicolardot demande en outre un entretien avec un représentant du Bureau. M. Carpentier veut bien se charger de se mettre en rapport avec [barré : Nicolardat] <lui> pour lui donner les renseignements nécessaires.

3°/ d’une lettre qui a été reçue par M. Rocques-Desvallées et dont l’auteur demande que soient complétés les renseignements donnés dans l’Annuaire au sujet de l’apex. MM. Bigourdan [barré : et] Baillaud et Hamy sont chargés d’examiner la question <et de reviser le texte de l’article, Translation du système solaire¹, paru dans l’Annuaire.

II – M. le PRÉSIDENT fait connaître :

1°/ qu’il a renvoyé à l’examen de M. Hamy, qui en rendra compte, un mémoire de M. Auguste Righi sur l’expérience de Michelson ;

2°/ qu’il a lu dans une revue anglaise que l’Amirauté avait décidé qu’à partir du 1^er janvier 1925, le Nautical Almanach adopterait minuit comme origine du jour astronomique. Il rappelle que M. Bigourdan s’est chargé d’établir un rapport pour donner l’opinion des astronomes français sur cette question et qu’il [barré : va en] <en sera> parlé au cours de la séance.

III – M. le PRÉSIDENT souhaite la bienvenue à M. Lecointe, correspondant du Bureau qui, de retour de Belgique, assiste à la séance

IV – M. BAILLAUD donne lecture :

1°/ d’une lettre de M. Lebeuf, Directeur de l’Observatoire de Besançon, demandant qu’il lui soit envoyé un matériel de réception des signaux horaires par T.S.F. M. Baillaud rappelle les demandes qu’il a faites à ce sujet et qui ont heureusement abouti. Un appareil a été envoyé déjà à Nice, un autre va être adressé à Besançon. De cette façon, grâce au concours des observatoires de Nice et de Besançon, le service de l’heure <assuré par l’Observatoire de Paris> sera beaucoup amélioré.

2°/ d’une lettre du P. Chevalier de l’Observatoire de [barré : Likaw] <Zi-Ka-Wei> près Shang-Haï [Shanghai], accusant réception du rapport de M. le Général Ferrié au sujet de la détermination du réseau mondial des longitudes. Le P. Chevalier déclare qu’il aura grand plaisir à collaborer à cette opération et qu’il pourra se charger de [barré : suite] toute la partie astronomique ; on aura l’avantage d’avoir là un poste permanent, l’observatoire restant à la disposition du Bureau des Longitudes. Il donne des renseignements sur le matériel de l’Observatoire.

M. BAILLAUD fait remarquer que le P. Chevalier n’est pas renseigné exactement sur la manière d’opérer, car il veut tout faire avec ses propres moyens. Mais on aura, grâce à lui, l’avantage de pouvoir diminuer le personnel de la mission.

M. le Général FERRIÉ pense qu’il suffirait d’envoyer <à Shang-haï> 3 opérateurs, l’un pour la lunette méridienne, l’autre pour l’astrolabe, le troisième pour la T.S.F. Il demande quelles sont les décisions prises par le Ministère de l’Instruction Publique au sujet des crédits ; il serait opportun de saisir à bref délai les ministères intéressés.

M. LECOINTE demande s’il est possible de parler publiquement de l’opération en projet. M. BAILLAUD dit qu’il ignore la suite donnée à la demande de crédits ; il croit que la Commission du budget a reçu les rapports sur les services civils notamment sur les crédits à accorder à l’Instruction Publique et qu’on saura bientôt si le crédit proposé a été maintenu.

Après discussion, il est décidé que MM. Emile PICARD & BAILLAUD sont chargés de préparer le texte de la communication qui serait présentée à ce sujet à l’Académie des Sciences ; ce texte serait lu à la prochaine séance du Bureau. En attendant on pourra toujours envoyer le rapport à Shang-Haï.

V – M. BIGOURDAN fait l’exposé dont il a été chargé sur la question du/changement de l’origine du jour astronomique en avançant de 12 heures l’origine du même temps. Il rappelle que la Commission américaine s’est prononcée en sa faveur et que la Commission anglaise y est également favorable. Une décision vient même d’être prise pour adopter la mesure dans le Nautical Almanach, comme vient de l’annoncer M. le Président.

M. BIGOURDAN est d’avis qu’il faut en France prendre la même [barré : décision] <résolution> de principe.

Mais, le principe adopté, il faut entrer dans les détails. Il faudra d’abord, dans les traités de Cosmographie, changer la définition du jour solaire vrai. De plus un certain nombre d’observatoires emploient le jour astronomique pour les éphémérides des étoiles variables. Il n’y aura de ce fait en France aucune difficulté parce qu’on y emploie le jour civil.

Pour les éphémérides des planètes et du soleil qui sont calculées pour midi, les Anglais proposent de maintenir cette pratique, tandis que les américains demandent un changement radical. M. BIGOURDAN est d’avis qu’il n’y aura aucune difficulté à adopter la réforme complète. Il serait peut-être avantageux de donner, <pour ces astres>, comme on le fait pour les planètes à marche rapide, des éphémérides pour minuit et midi.

M. ANDOYER fait remarquer que les Anglais ont fait d’avance les calculs pour midi et qu’il est incommode pour eux de les refaire.

M. BIGOURDAN rappelle que l’astronome royal anglais Sir F.W. Dyson [barré : a] <doit> faire, sur la question, un rapport dont nous n’avons pas connaissance ; mais il faut prendre position dès maintenant.

M. LECOINTE déclare qu’il a depuis longtemps désiré cette réforme.

Finalement le Bureau approuve les principes exposés par M. Bigourdan. Il est décidé que M. BIGOURDAN préparera un rapport écrit et qu’il fera à ce sujet une communication à l’Académie des Sciences.

VI – M. Emile PICARD rend compte des délibérations du Comité exécutif de l’Association des Académies intéralliées qui est réuni actuellement à Paris.

Il dit que la date de la réunion de Bruxelles a été reportée du 16 au 18 juillet pour permettre aux chimistes de prendre part aux réunions.

Pour la constitution des associations intéralliées, il y a eu un contre-projet anglais, mais il ne diffère du projet français que sur quelques points de détail et l’accord semble facile à réaliser.

M. Emile PICARD désire que la délégation française soit aussi nombreuse que possible ; elle pourrait comprendre des personnes qui n’appartiennent pas à l’Académie.

En ce qui concerne le titre adopté pour l’Union géophysique, les stations demandent qu’on rétablisse le mot géodésie en ajoutant au besoin celui de géophysique ; ils demandent aussi des groupements séparés pour la sismologie, la météorologie, le magnétisme terrestre, etc.. M. RENAUD demande si on a prévu l’océanographie. M. LECOINTE répond que l’Académie royale de Belgique va provoquer une réunion pour l’étude des pêches, réunion où seront convoqués les neutres. M. RENAUD fait remarquer que pour l’océanographie, on fait ainsi une exception à la règle générale. M. BIGOURDAN demande à quel moment on introduira les neutres dans les associations qui vont être constituées entre alliés.

Une discussion s’engage à ce sujet entre les membres du Bureau.

VII – M. BIGOURDAN dit qu’il voudrait profiter de la présence de M. Lecointe pour demander ce qu’il adviendra de l’ancienne association internationale de sismologie dont il est le Président.

M. Emile PICARD fait savoir que, d’après les renseignements qu’il a pu avoir sur la solution adoptée dans le traité de paix au sujet des anciennes associations scientifiques, seuls le Bureau International du mètre dont le siège est au pavillon de Breteuil, et l’association agronomique internationale dont le siège est à Rôme, subsisteraient tels qu’ils étaient constitués avant la guerre. De toutes les autres, l’Allemagne disparait. Il en résulte que pour la sismologie, il ne reste plus que les neutres. L’Allemagne abandonne tout droit sur le matériel de l’Association.

VIII – M. LECOINTE demande si la question de l’heure d’été ne devrait pas faire l’objet d’une discussion dans une Conférence Internationale, telle que l’Union astronomique et s’il ne conviendrait pas d’en prendre l’initiative.

M. RENAUD répond qu’actuellement une Commission interministérielle française – dont font partie M. Andoyer et lui, - s’occupe de la question. Si on adopte la solution qu’ils proposent et qui consiste à supprimer l’heure d’été en cherchant à obtenir un résultat analogue par un changement dans les horaires, la question ne se posera plus du moins pour la France. Mais, si on maintient l’heure d’été, il lui semble indispensable que la question soit traitée entre toutes les nations ayant adhéré à la Conférence de l’heure. Dans ce cas on devrait la soumettre le plus tôt possible à l’union astronomique internationale.

La Séance est levée à 16^h50

Le Secrétaire,

J. Renaud